Au temps du roi Hugues Capet ( 941-996) le domaine royal était limité aux comtés de Senlis, Orléans et Paris, dont relevait l'actuel département de Seine Saint Denis.
Ce domaine royal était enserré au sud par le comté de Melun et de Corbeil, à l'ouest par le Vexin normand et du nord au nord-est par ce qui constituera le domaine des comtes de Blois et de Champagne, tous vassaux théoriques du roi mais prompts à contester ses décisions. Pour se faire respecter, le roi était entouré de chevaliers dont la fidélité était récompensé par des bénéfices ou des domaines dont ils assuraient la garde en vertu des liens hiérarchiques de la société féodale. Pour résumer, le roi régnait en haut d'une pyramide féodale dont la base était constituée par des écuyers et chevaliers au service de châtelains avec au dessus d'eux des comtes et princes.
Au XI ème siècle, l'actuel département de Seine Saint-Denis était sous l'emprise de 6 châtellenies constituées par un château et un domaine plus ou moins étendus sur lequel le châtelain exerçait droit de justice et assumait, au moins théoriquement, la protection des biens religieux. Outre son domaine directe, il avait des droits sur des terres inféodées confiées à la garde de vassaux.
Armes de Manassès de Dammartin ; Fascé de six pièces d'azur et d'argent
Au
centre de la plaine céréalière de
France, la châtellenie de Dammartin contrôlait les
routes de Paris à Soissons et Laon.
Son seigneur était le comte Manassès de
Dammartin, gendre du roi Robert II le pieux dont il avait
épousé la fille Constance. Il était
beau-frère du roi Henri 1er et de son frère
Robert 1er le Vieux, duc de Bourgogne également
beau-frère par les femmes de Renaud 1er de Nevers (
époux d'Hadvise) et de Baudouin V comte de Flandres (
époux d'Adèle, veuve de Richard III de
Normandie), régent du royaume en 1060 lors de la
minorité du roi Philippe 1er. Par le jeu des alliances, son
fils Hugues 1er et ses héritiers seront vassaux du comte de
Blois, donc alliés "à
géométrie variable" du roi de France jusqu'au 14
ème siècle.
Les comtes de Dammartin et leurs vassaux les seigneurs
d'Aulnay-sous-Bois, interviennent directement dans l'histoire
de Bondy avec Antoine
de
Chabannes qui tenait les fiefs de Bondy au XV
ème siècle.
L' influence du comte de Dammartin, s'étendait sur
Montfermeil, Montreuil-sous-Bois, Noisy-le-sec, Romainville et
Villemomble ( Seine-Saint-Denis) ainsi qu'à Nogent, le
Perreux et Vitry (Val-de-Marne). Les comtes de Dammartin appartiendront
à diverses familles; de Trie, de Chabannes, etc..
Le château
fortifié de Livry contrôlait la route de Champagne
et de Germanie à partir du péage de Bondy qu'il
possédait depuis 1115 à titre de fief. Son
seigneur était Guillaume I er Garlande,
seigneur de Senlis et de Livry en l'Aunoye, fils d'Aubert de Garlande
au bénéfice duquel avait
été donné le péage.
Ses châtelains les plus connus sont les frères,
Gilbert, Anseau, Guillaume II et Etienne de Garlande, les chevaliers
favoris du roi Louis VI. Ils monopolisèrent les fonctions
importantes de la cour royale, tels ceux de
sénéchal, de bouteiller et de chancelier En 1121
le cadet Etienne de Garlande, à la fois homme
d'église et soldat, entra en rébellion contre le
roi qui refusait de transmettre son poste de
sénéchal à son neveu Amaury III de
Montfort. Le château de Livry en l'Aunoye fut
détruit par l'armée royale, mais la famille
conserva ses biens jusqu'en 1232. A compter de cette date, elle fera
donation de ses biens de Bondy, aujourd'hui de Pavillons-sous-Bois
à l'abbaye Notre Dame de Livry et ceux de Clichy en l'Aunoye
à l'Ordre des Templiers.
Après les familles nobles de Garlande et Grandpré
viendront les Chambly, avec la
guerre de Cent-Ans le conseiller anglophile
Hugues Rapiout puis l'écuyer Simon Sanguin dont la famille gardera la
seigneurie jusqu'à l'aube de la Révolution.
Elle apparaît en 1080 avec Raoul II de Mauvoisin, vicomte de Mantes et seigneur de Villemomble et Coubron. On la retrouve en 1214 aux mains d'Alix LE RICHE, dame d'Athis qui l'apporte en mariage au comte Jean de Beaumont en Gâtinais. Leur fille Alix ( 1220-1275) épouse Jean 1er le Prud'homme d'Harcourt en héritera, puis leur fils Guillaume de Beaumont, marié vers 1238 avec Jeanne d'Acquigny. Leur fille Isabelle de Beaumont, dame de Villemomble, Pacy-sur-Marne et Bréviaire en héritera et se mariera en 1260 avec Guy VIII de Montmorency, comte de Laval, fils de Guy VII de Montmorency. Une partie des terres inféodées, dont celles du Chêneron - 60 arpents - à cheval sur Bondy et Villemomble revinrent à Mathieu III de Montmorency qui les échangera en juin 1269 contre des terres à Attainville (95) appartenant à l'Ordre des Templiers. Ces terres templières, saisies par le roi en 1315, seront baillées à divers exploitants, dont de nombreux bondynois qui s'y rendaient par le chemin du Chêneron, de nos jours rue Edouard Vaillant. Les seigneurs de Villemomble possédaient de nombreux fiefs.
Armes des Montmorency ; d'or à croix de gueule
chargées de 5 coquilles d'argent et de seize
alérions d'azur sur l'or
Donné par le
roi à Bouchard le barbu en échange de son
château de l'île Saint Denis, cette
châtellenie contrôlait les routes vers la
Normandie et les Flandres.
Son seigneur puis ses successeurs avaient une propension
marquées à empiéter sur le domaine
foncier de l'abbé de Saint Denis, ce qui amena le roi
à intervenir à plusieurs reprises contre
eux, notamment entre 1101 et 1135. A partir de cette date, le seigneur
de Montmorency se rallia au roi et ses descendants seront
sénéchaux et connétables de
France.
Les châtelains de Montmorency étaient
liés à ceux de Villemomble comme cités
précédemment à propos des terres du
Chêneron.
Son château fortifié relevait à l'origine de Bouchart 1er, comte de Melun et de Corbeil. Il était tenu en 994 par Nantier de Montjay, homme-lige de l'évêque de Paris. Puis la châtellenie passa par mariage à la maison de Châtillon, illustre famille d'alors avec Gaucher II de Châtillon-sur-Marne, vidame du Laonnois, c'est à dire chargé de la défense du temporel religieux. Il n'hésitait pas à pratiquer des raids sur Lagny, terre du roi et sera châtié en 1142 quand le roi détruisit le château mais en laissant debout la tour car symbole féodal des droits de l'évêque de Paris. En 1164, la maison de Châtillon entra en guerre contre les seigneurs de la Queue en Brie (94) alliées à ceux de Clacy qui possédait un fief à Noisy-le-Sec et au sud-est de Bondy. Le conflit cessa en 1168 sur intervention du Pape et le fief revint définitivement à l'abbaye Saint-Martin des Champs qui le rattacha à son prieuré de Bondy.
Son
château fortifié contrôlait
les transports fluviaux sur la Marne et protégeait les
limites nord du comté de Melun qui entrera dans le domaine
royal en 1016.
La seigneurie appartenait à la puissante famille briarde de
Guy 1er le Grand, seigneur de Montlhéry et de Rochefort en
Yvelines puis à son fils Guy II dit le rouge, seigneur de la
Ferté et de Gournay, co-seigneur de Rochefort en Yveline et
sénéchal de France. Elle passa ensuite
à son gendre le chancelier et sénéchal
de France Anseau de Garlande, frère du seigneur de Livry.
Anseau fut tué au service du roi en 1118 lors du
siège du château du Puiset et la seigneurie revint
à sa fille Agnès qui épousa Amaury III
de Montfort, lequel prétendit recevoir le poste de
sénéchal de son défunt
beau-père. Le roi Louis VI ayant refusé,une
partie des seigneurs d'Ile de France se souleva, soutenue par le roi
d'Angleterre. Les rebelles se réfugièrent dans le
château de Livry tenu par Etienne de Garlande. Le roi les
attaqua en 1121 et détruisit partiellement le
château de Livry. Etienne de Garlande se soumit et conserva
son poste de chancelier, au grand dam de l'abbé Suger de
Saint Denis, alors conseiller du roi.
Contrairement aux précédentes, la châtellenie briarde de Gournay-sur-Marne n'intervient pas directement dans l'histoire de Bondy.
Cette carte des
diocèses du
nord est parisien dépasse largement le ressort du
département de Seine-Saint-Denis dont les limites
approximatives sont soulignées en blanc.
On constate que Bondy ( en violet) localisée pratiquement au
centre du département, est dans la zone d'influence ;
1 ) du seigneur de Livry ( en jaune) seigneurie indépendante
jusqu'au XIII ème siècle.
2 ) du comte de Dammartin en Goêle (en rose) lequel
achétera la seigneurie de Livry après la guerre
de Cent-Ans.
Les autres châtellenies, Montmorency (en ocre rouge) Montjay (en bleu ) et Gournay (en vert foncé) n'interviennent que pour l'anecdote.