Essai sur le premier maillon des Chevalier d'Almont
On
connait peu de chose sur Gerbert ou Hubert CHEVALIER originaire de
l'ancienne province du Maine, généralité d'Alençon (Calvados) Il
aurait été de 1373 à 1380 valet du roi Charles V (1338-1380) et
Intendant . On ignore le patronyme
de son épouse mais il eut au moins un fils à la seconde génération
descendante
a) Pierre 1er Chevalier, seigneur d'Almont et de Donnay-sur-Maine près d'Alençon. Marié vers 1380 avec Pérette fille de Robert Poignant avocat à Chartres et de Marion de Gyves. De cette union naquirent :
1) Robine Chevalier épouse de Jacques Lebahy
2)
Jean 1er Chevalier, né vers 1383, procureur de l'abbaye Saint-Père de
Melun en 1402 puis en 1403 receveur du duc Charles d'Orléans puis en
1423 notaire et secrétaire du roi Charles VI. Le patronyme de son
épouse est encore ignoré mais il eut 3 enfants
a) Pierre II Chevalier Lieutenant Général du duché d'Orléans en 1460. (Pour mémoire branche aînée)
b) Etienne Chevalier époux de Catherine Budé (à la suite branche puînée)
c)
Jean II Chevalier Lieutenant particulier de la duchesse d'Orléans ,
marié vers avec Rose de Mareau (Pour mémoire branche cadette)
La branche puînée d'Etienne Chevalier et Catherine Budé
Etienne Chevalier (1424-1474) arrière-petit-fils de Gerbert Chevalier, avait réuni un patrimoine foncier qui revint en indivision à son fils unique Jacques 1er (1447-1498). Ce patrimoine comprenait entre-autres la seigneurie briarde d'Eprunes-en-Brie, proche de Réau et le fief du Vignau ou Vigneau sur la paroisse de Jouy-le-Châtel ( Seine-et-Marne) ancien bien Templier relevant de l'abbaye de Saint-Denis qui l'avait reçue en 1363 de la comtesse de Flandre. Jacques 1er son fils et héritier principal reçu ces deux seigneuries. Puis s'ajouta celle de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) aliénée par Guillaume II fils de Guillaume 1er Cousinot, chancelier du duc Charles duc d'Orléans.
Formant le tronc commun de l'héritage, ces trois seigneuries seront partagée après décès en 1498 de Jacques 1er Chevalier, chacun de ses trois fils recevant sa seigneurie :
Jacques II, époux de Catherine Turquan recevra la seigneurie haute-justicière de Montreuil-sous-Bois, le fief du
Vignau reviendra à Nicolas 1er époux de Marie Barthélemy et Pierre 1er et son
épouse Marie Guillart recevrons la seigneurie haute-justicière d'Eprunes. Ce dernier couple aura trois fils dont les deux premiers seront protestant et une fille:
1) Charles, dit aussi Etienne Chevalier l'aîné de la fratrie, surnommé dans les milieux protestants "prunay " ou "général des Prunes" . Maître à la Chambre des Comptes (1549-1557) Intendant du Poitou et général des Finances à Poitiers (1564), il siégea en 1570 à la Rochelle aux cotés de la reine de Navarre mère du futur roi Henri IV. Il avait hérité de ses parents de la seigneurie familiale d'Eprunes (77) et fut assassiné en 1572 aux côté de l'amiral Gaspard de Coligny lors de la Saint-Barthelemy de sinistre mémoire.
2) Guillaume Chevalier, greffier à la Chambre des Comptes de Paris, héritier de fiefs à Saint-Florentin et de Béru en Tonnerrois (Yonne), seigneurie mouvante de Champagne qu'il vendit avec son père au profit du procureur au Parlement Christophe Chauvelin, lequel demanda un délais de paiement afin d'épouser en seconde noces Madeleine fille de Michel Du Monceau,docteur régent de la Faculté de médecine et de Catherine Malingre ( acte ET/XXXIII/36). Il était seigneur de Bagneux Saint-Erblanc (Hauts-de-Seine) et en partie de Baigneaux3)
Madeleine Chevalier, épouse de Guy II Arbaleste, général des Finances
du duché de Bretagne et vicomte protestant de Melun. Elle lui apportera
lors de son mariage la seigneurie d'Eprunes qui quittera définitivement
ce rameau de branche cadette de la famille Chevalier dite d'Almont.
Guillaume Chevalier et la seigneurie de Bagneux (Hauts-de-Seine)
Dans les années 1548, Guillaume Chevalier avait acquis de ses deniers le
fief en
franc-alleu de Bagneux (Hauts -de-Seine) et sa maison
seigneuriale.(partage successoral de novembre 1551 à étudier). Ses
grands-parents Jacques 1er Chevalier (1447-1498) et
Jacqueline Le Picart (1466-1515) avaient antérieurement droits de dîme sur le vin et les grains de cette
paroisse jouxtant Paris mais l'avaient abandonné le 28 juillet 1492 au bénéfice du Chapitre
Notre-Dame de Paris. C'était une seigneurie de rapport qui s'étendait également en partie sur Bourg-la-Reine et Guillaume Chevalier en fit réaliser le registre terrier. Ce dernier était divisé en 11 fractions portant chacune le nom d'un
lieu-dit de la paroisse de Bagneux -Erblanc ( Blouis, Luisette, Le Louche, Les
Sablons, Pichet, Letartre, Cocquat (2 pièces), La Sarazine,
Saint-Etienne, Le Veu et enfin Bourg-la-Reine).
D'autres seigneurs en partie se
partageaient les terres, en particulier l'abbaye de Saint-Denis avec le
fief Coquatrix et l'ordre Saint-Jean de Latran représenté par Jason
Moreau.
Secrétaire du roi, greffier puis maître
à la Chambre des Comptes de Paris, Guillaume Chevalier s'était
converti au protestantisme comme son frère aîné Charles avant 1551,
comme en fait foi le premier acte d'indivision cité supra. A cette
époque, il vendit son
office de secrétaire du roi à Eustache Le Picart seigneur de Signy,
avant de se marier vers 1560 avec Jeanne Escoréol veuve de défunt
Mathurin
Vaillant conseiller au Parlement de Paris.
Fille de Jean Escoreol, conseiller au Grand Conseil du roi nommé le 20 avril 1545 ( selon « Les magistrats du grand conseil au XVIe siècle (1547-1610) », par Camille Trani, publié dans Paris et Île-de-France, tome 42, 1991, p.141) et de Marguerite Lebreton , ses deux frères servaient auprès de la maison royale. En effet, son frère Jean Escoréol était maître des requêtes de Renée de France (1510-1574) fille cadette de Louis XII et Anne de Bretagne, comtesse de Gisors et dame de Montargis. Son second frère Claude servait comme secrétaire la princesse Marguerite de Valois (1524-1574), fille de François 1er et et Claude de France , duchesse de Berry puis de Savoie.
Guillaume
décédera le 7 mai 1568, après huit
années de mariage sans postérité connu. Il était bourgeois d'Orléans où
son épouse était connue sous l'appellation de la demoiselle de Bagneux.
Sa
succession s'effectuera en deux temps,
1)
Sa communauté de
biens d'avec Jeanne Escoreol, dite parfois Escorcol, Escoriol,
Descorol, Scoreol. Cette communauté de biens est précisée dans le
testament rédigé par Guillaume Chevalier qui fait une rente de 400
Livres à son frère qu'il nomme dans l'acte "Prunay" et non par ses
prénoms
2) Sa succession familiale restera pendante jusqu'au
mois d'avril 1574, où ses héritiers, animés par le président au Parlement Christophe de Thou (1508-1582), introduisirent une
requête devant maître Comtesse notaire au Châtelet.
Au termes de cette succession datée du 6 avril 1574, les héritiers de Guillaume Chevalier étaient les suivants:
Sa tante Jacqueline fille de Jean Tuleu épouse du Président au Parlement Christophe de Thou, héritière de sa mère Jeanne Chevalier veuve Jean Tuleu et petite-fille de Jacques 1er et Jeanne Le Picart ;
Sa
mère Marie Guillart veuve de Pierre 1er Chevalier
(1483 1563) et les frères et soeurs de Guillaume : feu
l'Intendant du Poitou Charles Chevalier (1516-1572) ,
l'évêque de Senlis Pierre Chevalier et Madeleine Chevalier
veuve du
vicomte de Melun protestant Gui II Arbaleste
décédé vers 1570. A noter que l'aîné
de la fratrie, en l'occurence Charles Chevalier seigneur d'Eprunes (77) surnommé « Prunelaî », proche de l'amiral
de Coligny, avait abandonné sa part d'héritage à sa filleule mineure
Suzanne, orpheline de feu l'écuyer Jean
de Paz de Feuquière époux de sa nièce Charlotte Arbaleste. Cette
dernière se remaria en secondes noces en 1576 avec Philippe Duplessis
Mornay, responsable de premier plan de la religion protestante
(1549-1623).
Sa
tante Marie Barthélemy veuve de feu Nicolas Chevalier ( 1490-1565)
et ses enfants l'avocat au Parlement Jean
Chevalier époux de Charlotte Teste et sa sœur Anne de Brion.
Les actes consultés précisent
que :
Jeanne Escoréol, veuve de Guillaume Chevalier conserva de 1571 à 1574 les revenus des baux de Bagneux (bail du 7/9/1571 à Guille Le Mort laboureur à Bagneux ) avec l'accord de Jacques III Chevalier, époux de Barbe Avrillot seigneur de Montreuil. Elle coexistait avec maître Antoine Chevalier, dit à l'époque seigneur de Bagneux, qui ne peut-être confondu avec son cousin homonyme fils de Nicolas et Jacqueline Gaudart, lequel épousera Marie Fraguier.
Sur les 11 parties de Bagneux, 8 d'entre elles avaient été vendues « pro indivis » chacun pour sa part, avec la maison seigneuriale, pour la somme totale de 1750 Livres versée le 16 décembre 1574. L'acquéreur était l'apothicaire épicier et bourgeois de Paris Godefroy Roussel, époux de Jeanne Coudelle. Il mourut peu après et son héritage revint à son épouse et son fils Godefroy Roussel comme son père. Ils eurent de difficultés avec le Chapitre Notre-Dame de Paris qui contesta leurs droits seigneuriaux.
La répartition de la somme et de l'héritage était la suivante :
1/8ème pour la mineure Suzanne de Paz héritière par bénéfice d’inventaire de feu Charles Chevalier et autant pour son frère l'évêque Pierre Chevalier et sa sœur la dame de Corbeil Madeleine veuve Gui Arbaleste.
3/8ème pour chacun des deux enfants des feus Nicolas et Marie Barthelemy, à savoir ; Jean Chevalier époux de Charlotte Teste. Cet héritier, avocat au Parlement, fut provisoirement suspendu de ses fonctions et dut prêter serment à la Ligue le 22 avril 1594 puis réintégré. Il épousera en seconde noces Madeleine Veau de la Bauchère.
La seconde héritière était sa sœur Anne Chevalier épouse de Jean de Brion, seigneur d'Orcheux par Eve-sous-Dammartin (Oise) et conseiller au Parlement.
Enfin, le dossier du Chapitre Notre-Dame pour Bagneux mentionne qu'il existait des tensions entre la famille Chevalier et les religieux locaux, matérialisées par cette phrase" Il faut entendre par fief, terre et seigneurie de Bagneux le fief Chevalier parce que les seigneurs du dit fief ont toujours voulu usurper sur Messieurs du Chapitre ».
Ainsi à partir des années 1550 et avant les guerres de religion qui débutent en 1562, cette famille Chevalier comptait parmi ses membres des notables comme, d'un côté le catholique Christophe de Thou, président du Parlement et son frère Nicolas qui sera évêque de Chartres et de l'autre le théologien protestant Philippe Duplessis Mornay surnommé populairement le "pape des Huguenots", tous deux considérés comme des modérés pendant les guerres de religion (1562-1594).
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