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Les patronymes CONNAT et CONIN 

I ) Avant-propos

En réalisant cette généalogie CONNAT,  j’ai eu la surprise de constater, preuves en main, que mon  patronyme d’origine était CONIN car une mutation patronymique s’était déroulée entre 1712 et 1806.

Ces deux patronymes formés par le radical CON-N, prêtaient à confusion dans une région linguistique, l'ouest d'Auxerre (Yonne) fortement influencés par les dialectes francien, picard et nivernais berrichon. Une prononciation locale plus ou moins nasillée , un changement de lieu de résidence et une transcription d’acte erronée firent le reste. 

C'est pour cette raison que j'ai réalisé cette étude sur les deux patronymes, ce qui m'a prouvé que sous l'ancien régime, nul n'était à l'abri d'une telle modification car il ne faut jamais oublier qu'alors:

1) Le rédacteur des actes écrivait ce qu’il entendait phonétiquement.

2) En cas de patronymes à consonnance proche et dans une région donnée, la forme grammaticale la plus répandue absorbesouvent la plus rare.

 
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II ) La mutation patronymique d'Edmé CONNAT fut étalée sur 3 générations.

Le point de départ de la mutation de nom est un mariage célébré en 1712 à Egleny, entre le vigneron Edmé Conin et Françoise Connat, héritière de l’huissier Panas Connat.  Denis Conin leur fils aîné se maria en 1750 à La Villotte avec Catherine Hurlault dont il eut 3 enfants, mais son époux décéda prématurément en 1765 et l'inventaire au décès du défunt fut établi par le notaire au nom d’Edmé Connat, sur déclaration de la famille. La veuve s'était en effet retirée à Saint-Aubin-Chateauneuf, à une vingtaine de kilomètres au nord d'Egleny, région où le patois était différent. C'est là qu'elle se remaria 2 ans après et le curé, sur la foi de l'acte notarial, la déclara veuve Connat. Son nouvel époux nommé Gabriel Cadet était meunier et s'établi comme tel dans un autre village, à Merry-le-Vallée, village situé sur les hauteurs de la vallée d'Aillant, région située à proximité de l'ancienne ligne de partage entre les provinces de Champagne et de Bourgogne.

C'est ainsi qu'à Merry-la-Vallée on surnomma la meunière « la Conate » et ses deux garçons du premier lit, Jean et Philippe étaient bien entendu appelés les «  Connats ». C'est à ce nom que fut rédigée entre 1790 et 1792 la première Table Décennale de Merry-La-Vallée, confirmant l’erreur d’origine et de Conin à Saint-Aubin- Chateauneuf, les enfants étaient devenus Connat en douceur et sans problème à Merry-la-Vallée par simple jeu d'écriture. C'est ainsi qu'Edmé CONIN, né en 1786, fils de Philippe et Brigitte GOUST et arrière-petit-fils du couple Edmé Conin et Françoise Connat, fut enregistré sur la liste de conscription départementale sous le patronyme de sa grand-mère  CONNAT et parti faire la guerre d'Espagne. Il servit de 1808 à 1812 comme pontonnier de l’armée du général Suchet, fut blessé à la fin de 1812 et rapatrié, ce qui lui évita de partir avec son unité, le 1er bataillon de Pontonniers à la Grande Armée en formation pour la campagne de Russie où il fut décimé lors du passage de la Bérézina.

A son retour en France, Edmé CONNAT, mon ancêtre favori (Sosa n° 32) se maria, repris son métier de charpentier, fonda une entrepriseà Merry-la-Vallée sera capitaine de la Garde Nationale de l’Yonne. Personne ne demanda de rectification d’Etat-Civil car l’héritage paternel était « plus onéreux que profitable » comme le mentionne un acte notarié. Pourquoi engager des frais d’ailleurs !!!

Et voilà, pas plus difficile que ça, ce qui confirme, s'il en était besoin, que les patronymes français ne sont fixés que depuis 1870.

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III ) Etymologie des patronymes CONNAT et CONIN

1) Le patronyme CONNAT

Il existe en France plusieurs formes régionales de ce patronyme

1) Forme méditerranéenne.
Dans cette région, il est issu du latin conatius  signifiant littéralement "fils de CONAT".

2) Forme pyrénéenne. Dans la région de l'arc pyrénéen, son origine vient du pré-celtique "condate" qui veut dire « confluent » transformé en CONAT sous l'influence et le particularisme du dialecte local.
Cette forme ancienne est représentée de nos jours par le village de CONAT, situé au confluent d'un torrent dans le canton de Prades (Pyrénées-Orientales). Elle remonterait à l'an 977 à Saint-Michel de Cuxa, dans la même région et fut patronyme depuis le XI ème siècle avec Blanche de CONAT, baronne de la vallée du même nom et femme de Guillaume de Paracol (1175-1186).
On trouve également le patronyme Connat, établi depuis le XVII ème siècle à Taron, près de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques.

3) Forme germanique.
Dans l'est de la France, CONAT serait issu de « Kuoni », qui veut dire brave et a formé la racine KON (CON), base de nombreux surnoms hypocoristique.
Cette forme a donnée le toponyme CONATE, nom de la rivière du Flayeur à Orbey (Haut-Rhin ), attesté en 1658.

4) Dans le centre de la France et dans le département de lYonne.
CONAT ou CONNAT vient du du latin "cuneatus ", prononcé "cougnyatous" qui signifie en forme de coin ou de cone. C'est de là que vient le nom cognée "cuneata" outil des bûcherons.
C'est de cette région que vient mon patronyme et plus précisément de la vallée d’Aillant, à l'ouest d'Auxerre,aux confins de la Puysaye où sont localisées les hameaux dits des Cognats à Diges, prononcé « Cougnat » et celui des des Connat à Pourrain.

Ils étaient nombreux dans cette localité qui comptait en 1515 12 chefs de famille portant le même patronyme CONNAT.

 

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2) Le patronyme CONIN.

Comme le patronyme Connat, celui de Conin ou Connin est d’origine latine, issu du nom commun "cuniculus", prononcé Conin « counicoulous" qui veut dire lapin dans les pays d'oil (au nord de la Loire) Dans les pays d'oc, ce nom a évolué en Conil.

Conil et Conin sont des noms humoristique à connotation péjorative, en rapport avec le comportement de l'animal aux longues oreilles, connu dans la quasi totalité de notre territoire, ce qui explique que le patronyme Conin soit répandu de la Normandie aux pays de Loire.

Dans le département de l'Yonne, ce patronyme est attesté avec "Stéphanus CONINI", en français actuel Etienne CONIN, serf du chapitre cathédral d'Auxerre, qui fut affranchi au mois de mars 1302.

Entre ce serf et mon premier ancêtre identifié, le vigneron Jean CONIN baptisé vers 1535 à Charbuy, à 20 kilomètres d’Auxerre (Yonne) il y a plus de 2 siècles d’écart mais malgré la concordance de lieu, je n'irais pas soutenir que ces deux CONIN aient été liés par des liens familiaux !!!

En tout cas, c'est avec ce vigneron, dont la postérité se serait répandue rapidement à Charbuy, Aillant-sur-Tholon, Lindry, Chassy, Poilly-sur-Tholon, Vallan et Tannerre.

 

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IV ) La généalogie des CONNAT de l’Yonne.

Le patronyme Connat, relativement rare sur le plan national, était dispersé sur l’ensemble du territoire. On le trouvait dans en Midi-Pyrénées à partir de 977, dans le Limousin en 1341, dans l’Yonne enn 1496, dans le Lyonnais en 1515, en Lorraine en 1582) et enfin dans les Vosges en 1639. Comme nous l’avons vu, le hameau de Pourrain, à l’ouest d’Auxerre est l’épicentre de la branche icaunaise.

Par contre, l’épicentre des familles Conin dont le patronyme était parfois confondu localement avec celui de Connat, était localisé au hameau de Charbuy, à quelques kilomètres au nord de Pourrain. 

A partir des années 1850 et le début de la révolution industrielle, la plupart des descendants Connat ou Conin s’établirent dans les départements voisins, notamment dans le Loiret et la Nièvre, puis en Région Parisienne.


hameau des connat


Voici l'entrée du hameau des Connats, créé en 1496 à Pourrain (Yonne), à 20 kilomètres à l’ouest d’Auxerre. Cette terre relevait du Chapitre de la Cathédrale auxerroise.
Le créateur du hameau était Jean Connat et ses descendants seront laboureurs des terres d'églises pendant 3 siècles.

Ce hameau de Pourrain est l'épicentre du patronyme CONNAT pour lequel j’ai recensé quelques 400 personnes. Cette région relevait sous l’ancien régime de la Champagne royale, de la Généralité et du Parlement de Paris et sur le plan historique était située à l’intersection des ambitions françaises et bourguignonne. C'était une région qui fit office de zone frontière jusqu’à la fin de la guerre de Cent-Ans.

Le fichier ci-dessous comprend uniquement les familles Connat ou Conin (parfois Connin) qui me sont apparentés directement. Ce sont des paysans, des artisans, des ouvriers et des fonctionnaires que vous trouverez avec leurs alliés familiaux d’origine alsacienne, briarde, francilienne, nivernaise ou poitevine, montés vers Paris dans les années 1850.

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