Contrairement au roi dont la chancellerie était embryonnaire jusqu’au XIIème siècle, l’Eglise parisienne était dotée une structure administrative efficace, héritière de l’ancienne "Civitas Parisiorum" romaine et divisée en 3 archidiaconés, chacun étant subdivisé en 2 doyennés.
1) L’archidiaconé de Paris, dont le ressort administratif se situait au nord de la Seine sur le Parisis et le Pays de France. Montreuil était rattaché à cette structure et incluait à l’origine Bagnolet, Romainville et Les Lilas.
2) L’archidiaconé de Brie, au sud de la Seine, subdivisé en doyennés de Vieux Corbeil (91) et de Lagny (77)
3) L’archidiaconé de Jouy-en-Josas, subdivisé en doyennés de Châteaufort (78) et de Montlhéry (91)
A noter que Paris intra-muros était divisé en 2 archiprêtrés, Saint Séverin et la Madeleine.
Avec ces structures, l’évêque de
Paris gérait la superficie des 7 départements de la Petite et Grande
Couronne actuelle, évangélisait les campagnes avec par l'intermédaire
des curés paroissiaux,
garantissait la doctrine de l’Eglise et assumait sur le plan temporel
le rôle de seigneur féodal
de son diocèse. A l'origine, cet évêque n'avait pas de
compétence hiérarchiques sur les abbayes régulières qui
relevaient directement du Pape. Parfois même, le monachisme foncier des
structures régulières s'opposaient à la mission pastorale des
séculiers. mais tout rentra dans l'ordre après les années 1360 lorsque
l'évêque de Paris put disposer d'un chapitre cathédral structuré, où
les diverses abbayes étaient représentées. Ainsi la hiérarchie
épiscopale joua t'elle un rôle prépondérant dans le développement de
l'urbanisation régionale.
Organe de délibérations composé d’une cinquantaine de chanoines dirigés par un doyen, le chapitre cathédral décida qu’à partir de 829, ses chanoines disposeront de biens qu'ils administreront personnellement. Puis cette structure se développe considérablement à partir de 1163 avec la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui engage des moyens financiers conséquents venu des 70 localités administrées par son chapitre .
Comme il l'a été souligné précédemment , l’épiscopat parisien n’avait pas de prise directe sur les abbayes régulières d’obédiences diverses, soumises à l’autorité directe du Pape, dont les relations avec le roi de France était parfois tendues. La situation se normalisa dans les années 1360 et, à partir de cette époques, l’évêque de Paris et son supérieur l’archevêque de Sens, étaient en fait et en droit les plus grands propriétaires foncier de la région parisienne.
Représentation du Chapitre Notre-Dame de Paris
A noter qu’entre 1630 et 1646, l’archevêque de Sens d’origine périgourdine Octave de Saint-Lary de Bellegarde vivait à Montreuil, où il mourut le 26 juillet 1646, laissant ses biens à l’Eglise Sa dépouille mortelle fut rapatriée à Sens le 7 août. Il avait été évêque de Conserans (Ariège) en 1614, nommé archevêque de Sens le 14 novembre 1621, mais ne reçut ses bulles qu'après l'érection de Paris en métropole le 23 février 1623. Il fonda un collège de Jésuites à Sens, réforma les monastères avant de rompre avec les Jansénistes.
D’une superficie de 200 arpents, il était situé entre la Croix de Chavaux actuelle, dite alors de Chavot et avait en arrière-fief la Pissotte de Vincennes, qui sera vendu sous Louis XIV et formera le nouvelle paroisse de Vincennes, comme nous l’avons dit précédemment (Lebeuf 1883, p. 394).
L’évêque conservera son droit de justice sur l’ensemble jusqu’en 1662, date les justices seigneuriales disparaitrons au profit de celle du roi. Le domaine deviendra alors siège de la prévôté du fief Decanal dont les attendus sont conservés aux Archives Nationales sous la cote Z 2548.
Ci-contre plan du vaste fief Decanal . Sa superficie de 200 arpents s'étendait de la Croix de Chavaux actuelle au château de Vincennes. C'est à dire entre la rue de Paris au nord et au sud à la route nationale 34 qui passe devant le château de Vincennes. C'était au moyen-âge le chemin reliant Paris et Montreuil à la Brie.
Ce n'était pas la plus ancienne implantation religieuse présentées ci-dessous sous forme de tableaux, exceptions faites pour les abbayes de Saint-Antoine, de Notre-Dame de Livry et de Saint-Victor, les plus grands seigneurs fonciers de Montreuil qui figurent à la suite.
§§
Fondée en 1113 par Guillaume de Champeaux et Louis VI qui l’aima particulièrement, cette abbaye de chanoines réguliers fut doté dès l'origine de deux charruées de terres à Fontenay-sous-Bois (Val de Marne) et d'une charruée à Montreuil (LL 1450 B), c'est à dire d'environ une trentaine d'arpents.
Blason de l'abbaye Saint-Victor seigneur en partie
Cette donation royale était localisée sur le plateau alors boisé qui surplombait au nord-est le village et son église Saint-Pierre-Saint-Paul.
Cette donation fut complétée en 1137 par des droits d'usages dans le bois de Vincennes donnés à Saint-Victor par le roi Louis VII. Puis le pape Innocent III confirma ces biens le 2 juin 1138 .
A partir de 1193, les biens de l'abbaye de Saint-Victor sont placés sous protection de Guillaume de Garlande, seigneur de Livry qui possédait droit d'avouerie sur Montreuil, droit qui passa à sa fille ainée Jeanne de Garlande, épouse du comte Jean de Beaumont-sur-Oise. En 1220, le couple fera donation de 20 sols de rente à l'abbé de Saint-Victor et de terres dont ont ignore la superficie mais qui jouxtaient les biens de l'abbaye.
Saint-Victor possédait quelques maisons dans le village jouxtant ceux de la seigneurie de Montreuil tenue alors par Jeanne de Machault dame de Viarmes et veuve de Pierre de Chambly qui engagea une procédure judiciaire contre l’abbé de Saint-Victor à propos du droit de justice . Elle perdit ce procès car le 2 janvier 1319, le roi confirma le droit de haute, moyenne et basse justices pour toutes les possessions de l'abbaye.
Après la guerre de Cent-Ans qui mit un coup d'arrêt à son développement, l'abbaye Saint Victor acheta vers 1470 le fief et l'hôtel d'Orgemont à Montreuil qui fait l’objet d’un paragraphe spécifique.
Les terres de Saint-Victor se sont agrandies progressivement et atteignent 100 arpents et plusieurs maisons comme l'atteste une déclaration de 1538 qui mentionne 95 arpents et 4 arpents de près et 60 sous parisis de rente sur plusieurs maisons jardins et vignes (S 2132).
La maison seigneuriale est située sur l'ancien domaine d'Orgemont, au nord du village, vers la rue de l'Orme-qui-ne-Dort. Ses possessions s'étendent de sa grange primitive située aux limites de la Boissière aux lieu-dit "les Hanots", passant par les autres lieux-dits : Derrière la Grange Saint-Victor, les Quatorze arpents Saint-Victor, les Mares Saint-Victor, l’Aulnay Saint-Victor, les Néfliers, Courtes rayes, la Grande rigole, les Marais, l’Aulnay Auclerc, Hénault, et Malsavoir.
Les donations et acquisitions postérieures seront de petites dimensions et les biens stagnent comme le constatera en 1580, l’abbé de Saint-Victor, Charles de Lorraine, représenté par Jacques de Montholon, grand archidiacre de Chartres, vicaire général et seigneur de Fontenay-sous-Bois et Montreuil en partie comme mentionné sur le Procès-verbal de la réforme de la coutume de Paris.
Son successeur représenté en 1631 par Toussaint Froger, bailly au nom de François de Harlay archevêque de Rouen primat de Normandie et abbé de Saint-Victor ne pourra que faire la même constatation lors de sa visite à Montreuil
A cette époque, la réforme de la justice royale avait été promulguée et depuis 1622 avait été créé le baillage de Saint-Victor qui mettait fin à l'ancienne justice seigneuriale des moines .
On croit savoir que cette propriété relevait féodalement de la châtellenie champenoise de Montjay-la-Tour écart de Villevaudé (Seine et Marne) dont le seigneur était traditionnellement l’un des quatre hommes-liges qui portaient sur leurs épaules l’évêque de Paris lors de son intronisation. Parmi ces derniers notons Nantier de Montjay, dont la fille Ermengarde épousa Henri 1er de Chatillon-sur-Marne en 1110, au moment de la poussée bléso-champenoise.
A partir de cette date, la châtellenie de Montjay est insérée dans le giron de la puissante maison champenoise de Chatillon-sur-Marne. En 1270, elle tenait plusieurs nobles fermes dans la région, notamment celles « de Crécy » à Noisy-le-Sec et du « Vieux Château » à Bondy. Il se pourrait que la maison de Châtillon ait également tenu un fief situé à Fontenay-sous-Bois, peut-être celui du Val des Pressoirs, dont aurait dépendu le domaine d’Orgemont à Montreuil. Cette hypothèse est basée sur le fait que deux actes tardifs datés de 1360 et 1407 concernant le domaine d’Orgemont mentionnent sa composition, la liste de ses censitaires et une vieille tour avec fosse à poissons à Fontenay.
Avant 1360, le domaine appartenait au président du Parlement Pierre 1er d’Orgemont, époux de Marguerite de Voisines, seigneur de Méry-sur-Oise, Moussy-Le-Neuf, Senlis et Montjay.
Il était occupé par le conseiller du roi Pierre de Lieuvillier et comprenait une vingtaine de censitaires parmi lesquels plusieurs seigneurs en partie, notamment Charles Boistel, les héritiers de feu Jean de Clermont et Hugues Guingant, qui achètera plus tard le domaine d’Orgemont.
En 1407, l’acte précité
décrit ainsi le domaine d’Orgemont ;
Un manoir avec cour, des granges, un
colombier, un pressoir, 2 arpents de jardins attenant le manoir,
plantés d’arbres et 3 quartiers de vignes. 16 arpents de
terres et 16 livres parisis de rente sur 2 arpents. De ce fief
dépendaient 19 maisons dans le village, rue du Pré,
devant le moutier, rue Saint-Père, rue du Milieu, rue cuve du
four, rue Marchande et une au lieu-dit l’Aunoy.
En outre, il possédait un arrière-fief nommé « fief des Hanots », au lieu-dit les sept chemins, à l’extrémité sud des possessions de Saint-Victor.
Les propriétaires successifs du domaine d’Orgemont.
En 1390, le domaine fera partie de l’héritage de Nicolas d’Orgemont, troisième fils de Pierre 1er .
Dit « Nicolas le Boiteux », il était chanoine de Paris, doyen des chanoines de Saint-Martin des Champs, proviseur de l’Hôtel-Dieu, (1387) et maître des comptes du roi (1385-1410) Membre influent du parti Bourguignon dès l’ordonnance cabochienne de 1413, puis membre avec Guillaume 1er Barraut de la commission des réformateurs contre les Armagnacs, il participa à la conspiration contre le roi et fut condamné à la prison à vie. Ses biens furent confisqués le 30 avril 1416, comme ceux avec des Parisiens qui soutenaient les Bourguignons et furent acquis régulièrement en décembre 1417 par le maître des comptes Hugues de Guingant .
Mais
en 1418, les Bourguignons reviennent au pouvoir, Hugues de Guingant
s’enfuit pour éviter l’arrestation ce qui le fait
accuser de crime de lèse majesté et son domaine saisi.
Il mourût vers 1420 et le domaine revint à son fils
également en fuite. Le domaine est alors attribué à
Jean Le Clerc, châtelain de Beauvais, à la fois
conseiller de Philippe de Bourgogne, fils de feu Jean Sans Peur et
proche de la reine Isabeau de Bavière, qui le fit nommer
chancelier de France.
Il conservera ce
poste
jusqu’au 6 février 1424, date où il remit les
sceaux au duc de Bedford afin de les transmettre à Louis de
Luxembourg, déjà évêque de Thérouanne,
nouveau chancelier de France sous contrôle de l’occupant
anglaise. Outre le poste, l’évêque se vit
également attribuer le domaine montreuillois de son
prédécesseur, celui de Lizac jouxtant celui d’Orgemont.
Afin de le dédommager, le reine fit nommer Jean Le Clerc
concierge du Palais royal où il restera jusqu’en 1426.
Puis il retourna en 1427 dans sa ville natale de Nevers où il
décédera et sera inhumé le 14 août 1438
dans l’église du prieuré de Saint-Etienne.
La libération de Paris ranime les querelles à propos des héritages familiaux
Auparavant, Paris avait été libéré et le nouveau roi Charles VII avait décrété que les parisiens spoliés pendant la guerre retrouveraient leurs biens sur la base de 1418. Le domaine d’Orgemont fut donc contesté entre Guillaume d’Orgemont Trésorier des Guerres et frère du chanoine Nicolas d’Orgemont et Louis, héritier de feu Hugues de Guingant son père. Les d’Orgemont semblent avoir l’avantage et détenir les biens restitués par le duc de Bourgogne car le domaine était en indivision entre Philippe d’Orgemont neveu de Nicolas le Boiteux décédé en 1422 puis sa veuve et ses 5 enfants Charles, Jean, Isabelle, Jeanne, Marguerite et Pierre IV d’Orgemont ancien prévôt d’Anjou .
Mais l’indivision posait problème et les procès continuèrent de 1422 à 1470 entre les divers héritiers ;
D’une part pour les d’Orgemont Jacques Pelard bourgeois de Paris, époux de Gilette Thiphaine, fille de feu l’avocat Thierry Tiphaine et Gaillarde de Vaudray, épouse en secondes noces de Nicolas de Harlay seigneur de Grandvilliers et de Nogent.
D’autre part Jean Le Paintre, chapelain du roi, et chanoine de la Sainte-Chapelle du Palais Royal, héritier de Louis, fils de défunt Hugues de Guingant.
Un accord intervint sur une base que nous ignorons, sinon qu’en 1447, le domaine d’Orgemont, son arrière-fief des Hanots et ses maisons villageoises sont aux mains de l’abbaye Saint-Victor qui a acquis ses droits seigneuriaux . Afin d’obtenir des revenus, ces religieux mettent le domaine en concession à divers personnages. Nous ne connaissons ces derniers qu’à partir de 1472 où les seigneurs du domaine d’Orgemont sont Jean Tartereau, examinateur au Châtelet puis Hugues Fenestre, tous deux cité comme seigneurs mais au titre des abbés de Saint-Victor. Par contre, nulle trace écrite d’autres aveux ou dénombrement ne figure dans les archives locales.
Après cette époque, le domaine ne s’étend plus et est loué à divers bailleurs dont une majorité d’habitants de Montreuil et compterait une trentaine de maisons dans le village.
L’ensemble sera saisi comme Biens Nationaux en 1793.
§§§
Primitivement ermitage en 1180, érigée en abbaye par l’évêque Eude de Sully et affiliée à l’ordre de Cîteaux en 1203 puis en abbaye royale par Saint Louis en 1227, l’abbaye féminine de Saint-Antoine-des-Champs, refuge des femmes repenties était située dans la paroisse Saint-Paul à Paris. Au temps des croisades (1209-1260) elle reçut d’importantes donations des familles nobles d’Île-de-France, dont certaines s’illustrèrent contre les Albigeois : Montfort, Mauvoisin et Beaumont.
Blason de l'abbaye de Saint-Antoine
Au fil des temps, les abbesses vont enrichir progressivement leur temporel, d'autant plus qu'elles possèdent des droits sur trois péages de la région parisienne (Mantes, Lieusaint et Tournan) qui assurent des revenus stables et importants. Mais ces biens sont dispersés en trois grandes zones : Paris même, la petite couronne actuelle autour d'Aulnay-sous-Bois, berceau des familles Garlande et Mauvoisin, puis aux limites de l’Île-de-France aux confins de la Picardie.
L’une de ses premières abbesses Agnès de Cressonsacq (1233 à 1240) sœur de Robert Mauvoisin seigneur d’Aulnay-sous-Bois, donne le ton en donnant ses biens personnels du côté de Beaumont-sur-Oise et d’Aulnay dès 1211.
Au total, les biens fonciers de l’abbaye représenteront une superficie supérieure à 1500 arpents – soit approximativement 500 hectares, dispersé dans un rayon de 50 kilomètres autour de Paris, et ainsi localisée :
Val d’Oise
Champagne-sur-Oise, la ferme du Petit-Saint-Antoine, 150 arpents
Beaumont-sur-Oise 20 arpents, Epiais-les-Louvres 40 arpents, Gonesse et Sarcelles 30 arpents
Essonne
Corbeil 200 arpents, Linas et Massy
Seine-et-Marne
- Savigny-le-Temple 250 arpents, une grande ferme, Mitry environ 20 arpents
Le Sariel, Tournan-en-Brie une ferme briarde et 300 arpents.
Val de Marne
Vitry-sur-Seine 20 arpent, Charenton, Bry-sur-Marne, Villejuif, Fontenay-sous-Bois
Yvelines
Conflans-Sainte-Honorine, Mantes
Seine-Saint-Denis
Aulnay-sous-Bois et son lieu-dit Savigny, Noisy-le-Sec un manoir, un pressoir et environ 90 arpents.
Montreuil-sous-Bois la ferme du Petit-Saint-Antoine de 300 arpents avec 3 pressoirs.
Les moniales arrivent à Montreuil (Seine-Saint-Denis) vers 1221 par échange de biens situés au Petit-Montreuil, et appartenant à l’abbaye de Saint-Maur. Il s’agit d’un pressoir avec cens et dîmes acquis au sud du terroir, aux lieux dits Le Luat et la Jarry. A partir de cette acquisition, les abbesses successives vont pratiquer une politique foncière dynamique et diviser leur domaine montreuillois en quatre groupes ;
Ce fief, dit aussi Petit-Saint Antoine, appartenait en partie au chevalier Pierre du Petit-Montreuil dit Chambellan (Cambellarius) qui serait en réalité Pierre de Villebéon, homme de confiance du roi Louis IX qu’il accompagna en août 1248 à la croisade en Terre-Sainte. Fait prisonnier avec le roi en 1250, ils rentreront en France et Pierre de Villebéon abandonnera en juin 1255 et à titre d’aumône sa part du Petit-Montreuil à l’abbaye Saint-Antoine. Puis l’abbesse de ce monastère féminin acquit l’autre moitié en juillet 1265 de Gautier IV, fils de Gautier II de Villebéon 118 .
Blason de Gautier de Villebéon, premier seigneur connuSur ces terres l’abbesse développera sa maison seigneuriale et en fera le centre névralgique de sa seigneurie du Petit-Saint-Antoine à Montreuil, dont la superficie atteindra 300 arpents, dont partie en baronnie avec droit de Justice.
Les moniales bénéficiaient alors d’un courant de donations qui permit à leur abbesse d’organiser une seconde ferme du Petit-Saint-Antoine mais à Champagne-sur-Oise. Ces donations affluaient depuis que le comté de Beaumont avait été acquis par la Couronne, ce qui leur permit d’acquérir en 1265 pour la somme de 290 Livres Parisis ladite ferme de Champagne-sur-Oise. L’une des plus grandes donatrices fut Blanche de Pacy qui à l’occasion de son entrée en religion leur versa 1500 Livres Tournois. Ce viatique leur permit d’obtenir des biens fonciers à Champagne (Oise), Savigny près d’Aulnay et Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Le fief de Montreau s'appelait à l’origine fief du Petit-Montreuil. Il aurait été acquit en 1259 par l’abbaye Saint-Antoine des Champs, peut-être à l'abbaye Saint-Victor comme le suggèrel’abbé Lebeuf dans son "histoire du diocèse de Paris". Selon cet historien, le petit-Montreau aurait appartenu au début du XIII ème siècle à un chevalier prénommé Etienne qui en fit don aux chanoines de Saint-Jean-Le Rond, lesquels le vendirent à l’abbé de Sainte-Geneviève seigneur de Rosny-sous-Bois.Puis il aurait été échangé avec l’abbaye de Saint-Victor avant de revenir à l'abbaye Saint-Antoine.Faute de preuves, nous ne pouvons confirmer ces assertions.
En tout cas, c'est bien l'abbesse de Saint-Antoine qui était
propriétaire d'une moitié du domaine,l’autre appartenait à un nommé
Gazon de Maubuisson. En 1303, cette moitié appartenait au chevalier du
roi Oudard de Maubuisson qui en 1305
céda son droit seigneurial sur 30 arpents et un pressoir, mais ayant
vraisemblablement conservé quelques droits car il entra
en litige avec l’abbesse. Cette dernière nommait alors son domaine le
"Petit-Saint-Antoine ", puis, au fil des agrandissement par achats ou
donation, il fut appelé Petit-Montreau » et enfin
« Montreau ».nom qu'il possède encore de nos jours.
Au XIV ème siècle, il formait le plus vaste ensemble abbatiale, avec la ferme Saint-Antoine , comme le montre le plan ci-dessous. Par contre le fief de Tillemont, situé à à proximité, relevait des anciennes terres de Guillaume de Garlande données à l'abbaye Notre-Dame de Livry à partie de 1230 par ses héritiers.
Sa composition
D’une superficie de 30 arpents à l’origine, le domaine se développa rapidement et ses archives permettent de la suivre de 1354 à 1499. A partir de 1500, il s’agrandit par construction de bergeries, étables, fontaine et abreuvoir à chevaux .
Le domaine de Montreau à Montreuil –ci-contre l’entrée actuelle - fut restauré vers 1750 et comprenait:
Le manoir puis château de Montreau avec sa cour et dépendance fut construit à l’emplacement du fief de ce nom. L'édifice consistait en une demeure bâtie sur un plan en L et comportant un étage carré et un étage de comble éclairé par des lucarnes ; le corps principal comprenait 15 travées régulières en façade ; l'aile en retour d'équerre comprend 5 travées sur la façade sud. Le domaine comportait également une chapelle et un vaste parc composé de parterres et d'allées en étoiles, bien visible sur la Carte des Chasses.
Une superficie de 18 hectares de terres attenantes au château avec jardin bois et près et 2 pièces d’eau, dont une allée plantée de tilleuls contenant 1 hectares 26 ares.
Une
superficie principale de 52 hectares
84 ares de terres situées aux alentours fut louées à divers
particuliers. A noter qu'après le rachat de la seconde moitié du
domaine à Oudart de Maubuisson, le domaine était doté de droits
seigneuriaux. L'abbaye était ainsi seigneur de plein exercice et
recevait l'hommage des seigneurs ci-dessous:
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Tableau des seigneurs du fief de MontreauLe fief de Montreau, à l’origine fief du Petit-Montreuil, acquit en 1259 par l’abbaye Saint-Antoine des Champs fut appelé successivement « Petit-Saint-Antoine » « Petit-Montreau » et enfin « Montreau ». |
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1425-1499 |
Le domaine de Montreau réunit maintenant les terres nobles et roturières et est tenu de 1425 à 1439 par le bourgeois de Paris Jean Turquan époux de Marie Royer puis de Macé (+ 29/9/1432), mais les droits seigneuriaux semblent appartenir à l’abbesse de Saint-Antoine. Jean Turquan était, outre Montreau, seigneur en partie de Montreuil avec les fiefs de Montreau et de la Pissotte et d’un autre fief à Rosny-sous-Bois. Après sa mort le 15 septembre 1439, le domaine de Montreau reviendra en 1440 à ses fils Pierre Turquan, auditeur au Châtelet et Jean Turquan second du nom. Pierre en rendra aveu en 1459 et gardera Montreau au moins jusqu’en 1490, date où il engage un procès contre l’abbaye Sainte-Geneviève de Rosny avec le soutien de l’abbesse de Saint-Antoine. Puis Philippe Turquan, conseiller du roi, et probable fils de Pierre rendra un dernier aveu pour Montreau en 1499. Pendant cette période, Jacques 1er chevalier est seigneur de Montreuil de 1476 à 1498 |
A.N. série S 4403 - Décès de Jean Turquam cité épitaphe du charnier Saint-Paul le 15 septembre 1439 (Antiquités Nationales, année 1779, p. 79 à 80). Aveu de Pierre Turquam en 1459 puis de Philippe (S 4360) Procès S. 4386, f° 90. |
1498-1543 |
Jacques II Chevalier, fils de Jacques 1er, épouse vers 1518 Catherine Turquam, fille probable de Jean. A la mort de son père en 1498, il devient seigneur de Montreuil et par sa femme du fiefs de Montreau. Mais il devra céder la seigneurie de Montreuil en 1525 à Pierre Huault |
A.N. série S 4360 |
1544-1550 |
A la mort de Jacques II, la seigneurie de Montreuil est sous
tutelle de la veuve Catherine Turquam au nom de ses enfants mineurs. En
1546, ses deux fils Jacques III Chevalier et son frère Robert chevalier de
Malte (Hospitaliers de Jérusalem successeurs des Templiers) font un
accord aux termes duquel le second abandonne provisoirement ses biens à
Montreuil, Chelles (Oise) et Bagneux venant de leur père. |
A.N. Insinuation Y 87, n° 410 donation de Robert en attente d’une commanderie, acte du 2/8/1541 |
1551-1596 |
Jacques III est seigneur du fief de Montreau. Barbe Avrillot, deuxième du nom son épouse étant décédée après 1562, il entra dans les ordres et se fit chanoine pour rejoindre son oncle Pierre Chevalier nommé évêque de Senlis. Le fief de Montreau revient vers 1570 à Jacques Desjardins, conseiller au Châtelet par sa femme Elisabeth Chevalier, héritière de la succession de Jacques III Chevalier décédé vers 1573. La seigneurie sera vendue aux enchères en 1596. |
Hommage du 22 décembre 1574, puis vente aux enchères de 98 arpents le 22 décembre 1596. |
1597-1655 |
Les acheteurs par adjudication de Montreau sont vraisemblablement Robert Turquan et son épouse Marguerite Tronçon, parents supposé de Catherine Turquan. Cette hypothèse est appuyée par le fait que les successeurs de la famille Chevalier sont Mathieu Garnier et son épouse Marie Anne Tronçon, mais aucun acte ne précise sa parenté avec Marguerite Tronçon. |
Pas d’actes locaux connus |
1656-1659 |
Le magistrat Mathieu Garnier dit de Montreau, président à mortier au Tribunal de Metz, achète le domaine par adjudication et apparaît sur quelques baux ruraux. Il laisse vers 1659 le domaine à sa fille Marie Anne sous tutelle de sa mère née Marie-Anne Tronçon de Chaumontel. |
CXXXI/112, baux ruraux sur actes des 10 mai et 21 juin 1660. |
1660-1688 |
Marie-Anne Tronçon de Chaumontel, fille d’Enemond et Anne Boyer était séparée de biens de son défunt mari et dame de nombreux fiefs dans le Val d’Oise, dont Chaumontel, Candeuvre et autres lieux. Elle vendit le tout après la mort de son époux, conservant ses 18 fiefs de Chaumontel (Aveu rendu le 7 octobre 1698, puis vente le 31 décembre 1707 au prince de Condé Henri Jules de Bourbon. (Musée Condé à Chantilly cote 106 D 8 et série BH, carton 1) |
AD93 ; étude CXXXI/112, actes des 10 mai et 21 juin 1660 pour le domaine de Montreau. |
1689-1735 |
Marie Anne Garnier, fille de Mathieu Garnier épousa le 20 avril 1689 Jacques Etienne Canaye, conseiller au Parlement, seigneur des Roches de Malval et Saint-Héant. Elle hérita du fief de Montreau à Montreuil mais n’eut pas de postérité, ce qui fait que le fief passa à son beau-frère. |
Héritière du fief et domaine de Montreau qui revint à son beau-frère l’Académicien Etienne de Canaye. |
1735-1782 |
Etienne de Canaye, frère du précédent, prêtre, académicien vétéran de l'Académie royale des inscriptions de Belles-Lettres, hérita du fief de Montreau qui fut érigé en baronnie en 1745. Il décéda doyen du Parlement de Paris en 1744 et le fief de Montreau revint en 1782 à son petit-neveu Alphonse de Droullin de Menilglaise. Il descendait de Denis Godefroy, historiographe du roi (1615-1681) époux de Geneviève Desjardins, arrière petite-fille de Jacques III Chevalier et Barbe Avrillot. |
uccession A.N. ET/XXXVI/777 Le fief baronnie de Montreau devient prévôté dont les
jugements figurent aux Archives Nationales Série Z2 2481. |
1782-1813 |
Alphonse de Droullin de Menilglaise, petit-neveu d’Etienne Canaye, était seigneur de Malleval (Loire) chevalier et marquis. Capitaine des grenadiers du régiment des Gardes Françaises et propriétaire du château de Montreau à Montreuil. Membre du Conseil municipal de Montreuil. Titré baron avec majorat de 7.000 francs par lettres patentes du 19 janvier 1811. |
Dictionnaire des anoblissements, Henri Gourdon de Genouillac, p. 182 |
1814-1815 |
Edmond de Droullin de Menilglaise fils aîné d’Alphonse, époux de la marquise Caroline Louise de la Bourdonnaye. |
Succession Archives Seine DQ 14/1722 fol 124 v° et 125 |
1816-1849 |
Anne Alphonsine et Philiberte Charlotte de Droullin de
Ménilglaise, héritent de leurs parents du domaine de Montreau. Elles
sont apparentées au savant Denis Charles Godefroy, natif de Franfort-sur-Mein, remarié
en mai 1835 à Anna Alphonsine Droullin, née à Montreuil (93) le 29
avril 1813, fille d’Edmond marquis de Ménilglaise. Le château livré à
lui même et se dégrade rapidement et les terres sont vendues séparément
à divers acquéreurs. |
Le marquis Charles Denis Godefroy-Ménilglaise a publié en 1971 un mémoire sur « les savants Godefroy », alliés à la famille Chevalier. |
850-1870 |
La communauté des dames de la Visitation acquiert le château quasiment en ruines et le revend vers 1860 au maire Théophile Sueur qui installe une fabrique de cuirs vernis dans les communs. Le château est démoli lors de la guerre franco-allemande de 1870 car il gêne les tirs du fort de Rosny. Une partie des annexes subsiste, dont les deux petits bâtiments de l’entrée (Photo couleur).. |
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1932-2010 |
Ces deux bâtiments situés à l’entrée de l’ancienne propriété sont acquis par la municipalité en 1932. Le bâtiment principal est actuellement le « Musée de l’Histoire vivante » de Montreuil. |
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3) Le fief de la Boissière
Puis l’abbaye achétera toutes les terres disponibles afin d'agrandir son domaine de Montreau et le vendra avec la Boissière vers 1610 à Jacques Chevalier, déjà cité à propos de la branche Chevalier de Monthyon.
Dès sa prise de possession, le nouveau seigneur mit en valeur son domaine en achetant de nombreuses terres et procédant à des échanges fonciers , notamment avec Etienne Parillon, conseiller du roi à la chambre des Compte. C’est vraisemblablement ce Jacques Chevalier, quatrième du nom, qui fit construire le manoir seigneurial de la Boissière mais la preuve ne se trouve pas dans les archives locales. Il décédera en 1633 et ses biens seront partagés entre ses deux fils :
L’aîné Nicolas Chevalier (1595-1641) devint seigneur de Monthyon et du fief de Jossigny (Jaussigny) en parti avec la commanderie de Choisy-le-Temple. Il était père de plusieurs enfants nés d’un premier mariage avec Anne Bouette et en seconde noces de Marguerite de la Haye.
Le cadet Jacques Chevalier, écuyer de la reine, fut seigneur du fief de la Lande à Neuilly-sur-Marne (de nos jours au Plessis-Trévise (Val de Marne).
L’aîné Nicolas décédera en 1641 et sa seconde épouse Marguerite De la Haye, tutrice des enfants mineurs des enfants nés des deux mariages, vendit la Boissière, comme le prouve le compte de tutelle d’Anne Chevalier, fille mineure du défunt née du premier mariage avec Anne fille du conseiller au Parlement Nicolas Bouette . Cette vente était motivée par les dettes du défunt car es revenus de la Boissière étaient insuffisants.Puis en 1645, la veuve Marguerite se remariera avec Claude Loysel, lieutenant au baillage de Senlis, mettant définitivement fin à l’emprise de la famille Chevalier de Monthyon sur le domaine de la Boissière.
Plan du manoir de la Boissière vers 1730
Ainsi Jacques IV Chevalier et son fils Nicolas VI furent les premiers aménageurs du manoir de la Boissière, sur les hauteurs dominants la plaine de Saint-Denis. Une partie des terres se trouvait sur les terroirs de Montreuil et de Noisy-le-Sec et le manoir fut agrémenté d’un parc. Vers les années 1710, ce parc à la française avait fière allure, comme figuré sur la carte de Delagrive ci-dessus datée d’environs de 1730. Il était voisin de la ferme Saint-Antoine et du fief de Montreau, relevant de l’abbaye Saint-Antoine et du fief de Tillemont relevant de l’abbaye Notre-Dame de Livry.
Le détails des seigneurs successifs de la Boissière figurent ci-après :
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Le fief de la Boissière relevait de l’abbaye Saint-Antoine |
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1623-1641 |
Jacques Chevalier, fils Nicolas et Jacqueline Gaudart, seigneur de Monthyon (Seine-et-Marne) devient seigneur de la Boissière Il décède en 1633 et le domaine revient à ses fils, l’ aîné Nicolas, époux de Marguerite de la Haye et Jacques époux de Marguerite de la Chambre seigneur de la Lande à Neuilly-sur-Marne. En 1641 à la mort de Nicolas, sa veuve vend le domaine en tant que tutrice des enfants mineurs du défunt. |
XXXI/32 du 19 septembre 1623 AN. 3909 C, tutelle mineure du 5/11/1641. |
1642-1650 |
L’acquéreur de la Boissière est Séraphin le Ragois conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) qui transmettra le domaine en dot à son unique héritière sa fille Marie Le Ragois, lors de son mariage avec Jean Le Nain seigneur de Beaumont. Il s’associera dans la gestion avec le conseiller du roi Guignoreille, rue du Buy à Paris, paroisse Saint-André. |
11 et 14 juillet 1660, étude CXXXI/112, récapitulatif d’actes concernant Chevreau et Cacheleu. |
1651-1789 |
Le domaine de la Boissière revient dans l’héritage de la famille Le Ragois de Bretonvilliers, important seigneur foncier de la région. Il sera désormais régi en commun avec celui de Tillemont dont il est très proche. Cette famille est alors le plus grand propriétaire terrier des localités voisines de Montreuil dont les seigneuries de Villemomble et Noisy-le-Sec, Avron et autres. La Boissière serait revenue à Charlotte, fille de Bénigne Le Ragois de Bretonvilliers et Félicitée Milan, épouse de Charles François Le Tellier, mais cette hypothèse n’est pas étayée par un acte. |
Le domaine de la Boissière était géré en commun avec celui de Tillemont. |
Le fief Boistel comprenait en 1365 un hôtel avec cour et jardin, pièce d’eau et à proximité 21 maisons, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins et rentes, l’ensemble situé rue de l’orme qui ne dort et angle rue du Pré et du chemin de Rosny.
Ce fief dépendait du roi à l’origine avec la seigneurie de Montreuil qui fut donnée à Pierre de Chambly vers 1307. Entre 1340 et 1343, il est acquis par la reine douairière Jeanne d’Evreux dame de Brie-Comte-Robert. Il devient alors mouvant du comté de Brie et les héritiers de Pierre de Chambly rendront hommage à Jeanne d’Evreux jusqu’aux années 1355. Le fief sera alors donné par le roi à son trésorier Philippe Gillier, chargé de surveiller et payer les travaux de défense du château de Vincennes, notamment la tour principale. Mais le trésorier royal n’en vit pas l’achèvement en 1639 car il fut emprisonné pour sa gestion défectueuse vers 1365.
En 1367, le domaine passe à Charles de Boistel, dit Charlot, échanson de la dépense du roi et membre de sa « cour d’amour» comme tous les seigneurs de Montreuil de cette époque. On croit savoir qu’il fut le premier baron de Montreuil et était populaire parmi la population qui lui fit ériger un monument à proximité du domaine « la croix Charles Boistel ».
En 1424, lors de l’occupation anglaise, son fief lui fut retiré et donné à un « français renié », Louis de Châtillon-Saint-Pol-Luxembourg, également évêque de Thérouanne (1415-1436) et chancelier du roi d’Angleterre Henri VI. Comme cité précédemment, le prélat reçut également le fief voisin de Lizac.
Après la guerre, les héritiers Boistel retrouveront leur biens mais le domaine revint en la main du roi qui l’aliéna en 1460 à l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs. A partir de cette époque, les moniales détiennent les droits seigneuriaux et gèrent le domaine. Il est loué à bail à divers personnages, notamment le Président du Parlement Mathieu de Nanterre, bienfaiteur des religieuses et beau-père de Jean IV Le Viste qui devient le second baron de Montreuil.
Le fief Boistel consistait en 4 livres de cens sur une masure proche de l'église, diverses redevances sur les maisons et terres de la rue du Pré et de la rue des Saints Pères ainsi qu’une redevance féodale dite « bernage », taxe sur les chiens tenus par le seigneur de Montreuil .Outre l’hôtel seigneurial, il comprenait à proximité 21 maisons, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins et rentes, l’ensemble situé rue de l’orme qui ne dort et angle rue du Pré et du chemin de Rosny.
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Fief de Brie-Comte-Robert et hôtel de Boistel acquis par l’abbaye de Saint-Antoine. Propriété avec hôtel maison, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins, rentes donnée par le roi Charles V. Située à l’époque angle de la Rue de l'Orme qui ne dort et de la Rue du Pré et chemin de Rosny. |
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1307-1333 |
Pierre de Chambly supposé seigneur de la seigneurie de Montreuil et supposé seigneur pour les fiefs de Brie-Comte-Robert et Villemomble puis sa femme Jeanne de Machault à partir de 1310 |
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1334-1352 |
Marie de Chambly, fille de Pierre et Jeanne de Machault, seigneur du fief de Brie-Comte-Robert et Villemomble. |
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1353-1372 |
Jeanne de Chambly, fille de Pierre et Jeanne de Machault, seigneur du fief de Brie-Comte-Robert et supposée pour les fiefs du Châtelet et Villemomble. |
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1360-1367 |
Le seigneur de l’hôtel est le receveur et trésorier du roi, Philippe Gillier qui fut sanctionné par sa majesté pour sa mauvaise gestion financière. Il perd son domaine en raison de ses dettes. |
(JJ99, fol. 16, v°-19). |
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1367-1424 |
le domaine est acquit par Charles de Boistel, dit Charlot, écuyer puis échanson de la dépense et membre de la cour d’amour du roi. Le domaine lui sera retiré en 1424 au profit de l’évêque Louis de Luxembourg chancelier du roi d’Angleterre. |
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1373-1374 |
Marguerite de Clermont, femme de Raoul IV de Nesle, dame du fief du Châtelet et supposées pour les fiefs de Brie-Comte-Robert et Villemomble |
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1374-1405 |
Jean de Clermont-Nesle seigneur du fief du Châtelet et supposé pour les deux autres fiefs |
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1406-1407 |
François de Montbéron, seigneur des 3 fiefs |
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1408-1459 |
On ignore quels sont les seigneurs du fief de Brie-Comte-Robert qui est vendu en 1460 à l’abbaye Saint-Antoine. D’autre part, le domaine donné au chancelier Louis de Luxembourg par l’occupant anglais revient aux héritiers Boistel. |
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1460-1480 |
A partir de cette date, l’abbaye gère le domaine et le loue jusqu’en 1480, notamment au président du Parlement Mathieu de Nanterre. |
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1480-1500 |
En 1493, une croix fut hissée en l’honneur de feu Charles Boistel et son nom donné à la rue en signe de reconnaissance. Le seigneur du domaine Boistel est désormais l’avocat parisien Jean Le Viste, gendre du président du Parlement, Mathieu de Nanterre, bienfaiteur de l’abbaye et important propriétaire terrien à Montreuil. Jean Le Viste est apparenté à la famille du chancelier d’Orléans, Florimond 1er Robertet , par sa cousine Jeanne le Viste épouse de Jean Robertet vice bailli de Vienne, seigneur de Châtillon d’Azergues et de Bagnols-en-Lyonnais. |
A.N. Série S 4403 et « Histoire de l’acquisition des terres nobles par des roturiers en Lyonnais, Forez et Beaujolais » selon Antoine Vachez 1891 BN page 43 et Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, Volume 48. |
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1501 à 1645 |
La succession de feu Jean Le Viste, mort en 1500, seigneur des fiefs d’Orléans, Arcy, la Pissotte et baron de Montreuil fait l’objet de contestations entre la famille de Chabannes et Robertet à propos de différends sur ses biens parisiens et lyonnais. Les procédures judiciaires engagées à Paris et Lyon dureront plusieurs générations. |
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1645-1649 |
Sur adjudication judiciaire, Séraphin le Ragois conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) acquiert l’ancien fief Boistel. Il reviendra à sa fille Marie Le Ragois épouse de Jean II Le Nain, futur Lenain de Tillemont car propriétaire de ce domaine (Voir Abbaye Notre-Dame de Livry et son fief de Tillemont) |
A.D 93, CXXXI/112 du 14 juillet 1660, mention sur bail à rente en faveur d’Augustin Chevreau. |
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1650-1789 |
Le domaine Boistel suivra désormais le sort du fief de
Tillemont aux mains des héritiers de la famille Le Ragois qui s’en
désintéressent et le louent à divers particuliers. Il était en mauvais
état lorsqu’il sera vendu comme Biens Nationaux. |
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Cette abbaye fut fondée à Livry, à quelques kilomètres de Montreuil, sur une terre appartenant à Guillaume (IV) de Garlande et donnée aux religieux en mémoire de son fils Thibault tué au service du roi. Le défunt fut inhumé en 1186 sur cette terre et sa tombe sera la base d’un oratoire puis d’une chapelle dite Notre-Dame des Brûlis. Autour, sera édifiée l'abbaye augustine Notre-Dame de Livry.
Les bienfaiteurs de Notre-Dame de LivryLa famille de Guillaume Garlande, de père en fils seigneur de Livry et chevaliers favoris du roi Louis VI, monopolisèrent les fonctions importantes de la cour royale, tels ceux de sénéchal, de bouteiller et de chancelier. En outre, ils contrôlaient depuis 1115 le péage de Bondy érigé en fief de la Couronne. En 1121 le cadet Etienne de Garlande, à la fois homme d'église et soldat, entra en rébellion contre le roi qui refusait de transmettre son poste de sénéchal à son neveu Amaury III de Montfort. En répression, le roi détruisit son château mais laissa la seigneurie à la famille de Garlande.
Tous les membres de cette famille,
notamment Guillaume V qui possédait des biens sans droit de
justice à Montreuil, firent d’importantes donations en
mémoire de leur ancêtre au bénéfice de
l’abbaye Notre-Dame de Livry. Les biens que cette dernière
possédait à Montreuil proviennent de cette origine. Il
s’agit en particulier de rentes et vignobles au lieu-dit Le
Thillay qui sont à l’origine du domaine qui s’appela
successivement Tillier, Thilemoy, Tilmont puis Tillemont, sans doute
parce que Sébastien Lenain de Tillemont (1637-1698) a vécu
18 ans en reclus dans ce château. Historien et Janséniste
convaincu, auteur des "Mémoires ecclésiastiques
pour servir à l'histoire des six premiers siècles de
l'Eglise", il était l’ami des philosophes de son
temps ( Blaise Pascal (1623-1662) Jean Racine (1639-1699) et Charles
Perrault (1628-1703) qui déploraient cependant son caractère
velléitaire et son inaptitude à la vie sociale.
1217-1221 |
Jeanne de Garlande, épouse de Jean de Beaumont-sur-Oise (+ 1221) fils d’Yves de Beaumont fait donation à l’abbaye Augustine de Livry fondée par Guillaume de Garlande en 1203. Parmi ces donations des vignes à Thilloy, Tillier, Thieulemoy. C’est le début du domaine de Tillemont. |
A.N. Série S 4360 et L 1014 n° 74 ainsi que Série S4369 p.1 .et série Q1 038.) |
1222-1580 |
Le domaine de Tillemont est géré par son propriétaire l’abbé de Notre-Dame de Livry. |
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1581-1616 |
Le seigneur du Thillay -appellation de Tillemont- est le trésorier du roi Pierre Le Houx époux de Catherine Neveu (Nepveu) puis sa fille Madeleine Le Houx |
Archives départementales 93,
étude CXXXI/21 du
4/3/1616) |
16217-1640 |
Le seigneur est Pierre du Biez (ou du Riez) conseiller du roi et époux de Catherine Mortier. Il tiendra le domaine jusqu’à sa mort en 1636. A partir de 1640, sa femme héritière du domaine entamera des négociations pour vendre ce bien à Claude Le Ragois de Bretonvilliers conseiller du roi Louis XIII et receveur général des Finances, propriétaire récent du manoir de Louis de Donon au plateau d’Avron, et les châteaux en mauvais état de Villemomble et Noisy-le-Sec. |
rchives départementales 93 CXXXI/21 du 4/3/1616 puis liasses 48, 49, 53 et 67 des 9 janvier 1630, 15 juillet 1632 et 11 novembre 1637 et enfin Série Justice Z1 541 |
641-1698 |
Le domaine du Tillay appartiendra au couple formé par Marie Le Ragois de Bretonvilliers, fille du conseiller du roi Séraphin Le Ragois de Bretonvilliers conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) et à son époux Jean II Le Nain seigneur de Beaumont, conseiller du roi et premier avocat général au Parlement, alors associé à un nommé Guignoreille conseiller du roi, rue du Buy à Paris, paroisse Saint-André. Au décès des époux Le Nain le
domaine de Tillemont reviendra à son héritier Louis Sébastien Le Nain, historien de l’église et janséniste qui mourut en sa
propriété de Tillemont. |
Les domaines de la Boissière et Tillemont sont communs à la famille Le Ragois de Bretonvillier à partir de 1641.
CXXXI/112 du 11/7/1660 Archives départementales du 93 CXXXI/112 du 11 juillet 1660 et inventaire au décès réalisé le 29 janvier 1720. |
1699-1759 |
Le domaine de Tillemont était aux mains de la famille Le Ragois de Bretonvilliers qui possédait depuis 1652 la seigneurie de Villemomble et la vendit en 1765 dans des conditions relatées ci-après. Le domaine fut partiellement démembré puis vendu vers 1760 . |
Pas d’actes dans les archives locales. |
1760-1775 |
Le seigneur de Tillemont est Jacques François Choulx de Bussy secrétaire du roi, munitionnaire des vivres à Paris. Il appartient à la maison d’Orléans qui est dorénavant propriétaire du domaine et de la seigneurie et du baillage de Livry depuis 1771. |
Archives Départementales 93/376 du 6 décembre 1761 et Série judiciaire Z2 1299 pour le baillage |
1776-1789 |
le domaine de Tillemont, en mauvais état, sera saisi en 1789 et vendu comme Bien National. |
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vers
carte |
vers accueil |
vers
seigneurs laïcs |