logo Historic93

Les fiefs et domaines de l’Eglise

Contrairement au roi dont la chancellerie était embryonnaire jusqu’au XIIème siècle, l’Eglise parisienne était dotée une structure administrative efficace, héritière de l’ancienne "Civitas Parisiorum" romaine et divisée en 3 archidiaconés, chacun étant subdivisé en 2 doyennés.

1) L’archidiaconé de Paris, dont le ressort administratif se situait au nord de la Seine sur le Parisis et le Pays de France. Montreuil était rattaché à cette structure et incluait à l’origine Bagnolet, Romainville et Les Lilas.

2) L’archidiaconé de Brie, au sud de la Seine, subdivisé en doyennés de Vieux Corbeil (91) et de Lagny (77)

3) L’archidiaconé de Jouy-en-Josas, subdivisé en doyennés de Châteaufort (78) et de Montlhéry (91)

A noter que Paris intra-muros était divisé en 2 archiprêtrés, Saint Séverin et la Madeleine.

Avec ces structures, l’évêque de Paris gérait la superficie des 7 départements de la Petite et Grande Couronne actuelle, évangélisait les campagnes avec par l'intermédaire des curés paroissiaux,  garantissait la doctrine de l’Eglise et assumait sur le plan temporel le rôle de seigneur féodal de son diocèse. A l'origine, cet évêque  n'avait pas de compétence  hiérarchiques sur les abbayes régulières qui relevaient directement du Pape. Parfois même, le monachisme foncier des structures régulières s'opposaient  à la mission pastorale des séculiers. mais tout rentra dans l'ordre après les années 1360 lorsque l'évêque de Paris put disposer d'un chapitre cathédral structuré, où les diverses abbayes étaient représentées. Ainsi la hiérarchie épiscopale joua t'elle un rôle prépondérant dans le développement de l'urbanisation régionale.


Le chapitre Notre-Dame de Paris et son emprise foncière à Montreuil

Oreprésentation du chapitre Notre-Dame de Parisrgane de délibérations composé d’une cinquantaine de chanoines dirigés par un doyen, le chapitre cathédral décida qu’à partir de 829, ses chanoines disposeront de biens qu'ils administreront personnellement. Puis cette structure se développe considérablement à partir de 1163 avec la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui engage des moyens financiers conséquents venu des 70 localités administrées par son chapitre .

Comme il l'a été souligné précédemment , l’épiscopat parisien n’avait pas de prise directe sur les abbayes régulières d’obédiences diverses, soumises à l’autorité directe du Pape, dont les relations avec le roi de France était parfois tendues. La situation se normalisa dans les années 1360 et, à partir de cette époques, l’évêque de Paris et son supérieur l’archevêque de Sens, étaient en fait et en droit les plus grands propriétaires foncier de la région parisienne.

Représentation du Chapitre Notre-Dame de Paris

A noter qu’entre 1630 et 1646,  l’archevêque de Sens d’origine périgourdine Octave de Saint-Lary de Bellegarde vivait à Montreuil, où il mourut le 26 juillet 1646, laissant ses biens à l’Eglise Sa dépouille mortelle fut rapatriée à Sens le 7 août. Il avait été évêque de Conserans (Ariège) en  1614,  nommé archevêque de Sens le 14 novembre 1621, mais ne reçut ses bulles qu'après l'érection de Paris en métropole le 23 février 1623. Il fonda un collège de Jésuites à Sens, réforma les monastères avant de rompre avec les Jansénistes.

Les diverses institutions religieuses à Montreuil

Le doyenné de Montreuil, prédécesseur de celui de Lagny, et les autorités paroissiales étaient à l'origine chargées d’administrer la chapelle primitive remontant -dit-on- à l'an 800. ECe qui est établi, c'est qu'elle fut attestée en 1104 par l’obit de l’évêque de Paris Foulque 1er . Puis l’église construite entre 1180 et 1220 bénéficiera de la protestion des rois de France  jusqu’au XV ème siècle. On croit que la paroisse fut constituée vers 1220, mais la date précise est inconnue.
La plus importante propriété foncière locale appartenanait au Chapitre cathédral. Il 'agissait de:

Le fief Decanal, propriété du doyen du Chapitre.

Crée dans les années 1260 par le Chapitre, ce fief et ses revenus financiers était à la disposition de son doyen.

Le ffief du doyen du Chapitre cathédral de ParisD’une superficie de 200 arpents, il était situé entre la Croix de Chavaux actuelle, dite alors de Chavot et avait en arrière-fief la Pissotte de Vincennes, qui sera vendu sous Louis XIV et formera le nouvelle paroisse de Vincennes, comme nous l’avons dit précédemment (Lebeuf 1883, p. 394).

L’évêque conservera son droit de justice sur l’ensemble jusqu’en 1662, date les justices seigneuriales disparaitrons au profit de celle du roi. Le domaine deviendra alors siège de la prévôté du fief Decanal dont les attendus sont conservés aux Archives Nationales sous la cote Z 2548.


Ci-contre plan du vaste fief Decanal . Sa superficie de 200 arpents  s'étendait de la Croix de Chavaux actuelle au château de Vincennes. C'est à dire entre la rue de Paris au nord et au sud à la route nationale 34 qui passe devant le château de Vincennes. C'était au moyen-âge le chemin reliant Paris et Montreuil à la Brie.


 

 

 




Ce n'était pas la plus ancienne implantation religieuse présentées ci-dessous sous forme de tableaux, exceptions faites pour les abbayes de Saint-Antoine, de Notre-Dame de Livry et de Saint-Victor, les plus grands seigneurs fonciers de Montreuil qui figurent à la suite.

Chronologie et superficie des structures et personnes morales  contrôlées par l’évêque de Paris au terroir de Montreuil

1032-1610

L’église Notre-Dame-des- Champs

Anciennement Notre-Dame-des-Vignes, attestée sous le roi Robert II Le Pieux (996-1031) aurait possédé un fief dit de Saint-Nicolas. On trouve sa trace en 1425 et l’on croit qu’il fut intégré à l’abbaye Saint-Antoine, hypothèse appuyée par son intégration à la Justice du Petit-Saint-Antoine en 1610.

A.N. Série judiciaire Z2 2549

environ 15 arpents

1103-1379

Eglise dédiée aux apôtres Pierre et Paul, attestée en 1103 dans l’obit de l’évêque de Paris Foulque 1e.

A partir de 1294, le curé de Montreuil défend sa cure et ses revenus (curatuml Monsterolio) par un procès avec Pierre de Bosco, chapelain de la Chapelle royale de Vincennes au sujet des dîmes. Le différend dura longtemps et, après accord entre les parties, la gestion de la cure passera en 1380 au collège de Beauvais.

Histoire de l'évêché de Paris tome 2 page 395 de l'abbé Lebeuf.

L 626 n° 5 et n° 6) et actes CCCIX et CCCX (cartulaire de Notre-Dame de Paris.

Environ 50 arpents par donations

1128-1789

Le prieuré de Saint-Martin-des-Champs et Cluny.

En 1128, Barthelemy de Montreuil tiens des vignes sur le domaine de Saint-Martin. page 223)

En 1202, le chanoine Adam de Montreuil a permission de construire 2 fours à Montreuil. Puis le chevalier Pierre de Montreuil vend en 1203 3 arpents, suivi en 1227 par un autre Pierre de Montreuil pour un arpent, puis en 1231 Denis fils de Guillaume pour 1 arpent, puis feu Guillaume en 1235 pour une maison et enfin en 1271 Philippe de Montreuil fils d'Alip pour une autre maison.

1242-1377 Donation de terres à Montreuil rattachées au moustier de Bondy du prieuré de Saint-Martin-des-Champs (cahier des cens de Bondy du prieuré Saint-Martin-des Champs, rédigé en 1426) .

1378-1493 Le prieuré de Saint-Martin-des-Champs loue à bail en 1493 l’hôtel seigneurial avec cour et jardin du fief de la Pissotte. Le locataire est le montreuillois Guillaume Guerin. Cette location a bénéficié de l’accord de la chambre claustrale représentée par dom Gilbert de Fraignes prieur du royaume, Jacques Damboise abbé de Cluny et prieur commanditaire de l'église St-Martin des Champs.
Les terres de Saint-Martin sont localisées aux lieux-dits les Soucis, Clos Saint Martin, le Luat, toutes jouxtent celles de Saint-Antoine.

1494-1619 Ene partie du fief de la Pissotte qui aurait été divisé à une date ignorée, est rattaché au baillage du prieuré de Saint-Martin.



cartulaire de Paris avant 1180, acte 221,


Série S 1360 et suivant

 

Acte passé devant Denis Marchand et Etienne Rousseau, notaires à Paris Références à retrouver.

Baillage de Saint-Martin, créé en 1620, Série judiciaire Z 1047

Série S 4360, de 1 à 7

environ 30 arpents

1141-1783

La Léproserie de Saint-Ladre, seigneur en partie de Montreuil

1141-1156 L’un de ses premiers donataires fut le montreuillois Gautier Pinçon en 1141 donation comprenant au moins deux pressoirs. En 1146, le roi Louis VII donne aux lépreux de Paris cinq muids de vin à prendre sur ses pressoirs de Montreuil donation confirmée en 1156 par ce roi avec 15 sous et demi de rente.

On croit savoir que ces donations étaient au Mont-Aiguier, aux limites entre Bagnolet et Montreuil.

1220 Le comte Jean de Beaumont et son épouse Jeanne de Garlande font don aux lépreux de 10 sols parisis de cens

1275-1358 Raoul de Montreuil donne des vignes et le pressoir de Montingrin à Montreuil à la léproserie Saint-Lazare qui a agrandi sa censive car elle possède dorénavant et en 1358 une maison, une carrière de plâtre, la voirie et un pressoir appelé le Blanc-pressoir. Elle possède également le fief Fortier situé au lieu-dit Petites Plantes.

1669-1680 Devenue congrégation des Missions de Saint-Lazare en 1669, l’organisation réunira ses terres dispersées à Paris, La Villette, Montreuil, Fontenay, Belleville-les-Sablons, Bagnolet et Pré St Gervais.

Son seigneur en partie était François Mussot, bailli de la moyenne et basse justice de Saint-Lazare pour Montreuil et Fontenay-sous-Bois au titre de la Congrégation de la Mission de Saint-Lazare-les-Paris. Les archives de ce baillage dit de Saint- Lazare sont conservées aux Archives Nationales.


cartulaire de Paris avant 1180, acte 286 page 241) et (Luchaire 1885 n°170 p. 154, Newman 1937 a p. 183 et Tardif 1866 n°487 p. 161)


A.N. Série S 6673 et 6676 A, image 6902-3


Baillage des Lazaristes, Série Justice Z 1046, Z 4666 et Z2 1757.


Cartulaire général de Paris p. 531, n° 164 et 329

environ 90 arpents avec ceux de la Maladrerie de Fontenay.

1180-1789

Saint-Thomas du Louvre et Saint-Nicolas.

L'église parisienne de Saint-Thomas du Louvre et l’hôpital Saint-Nicolas furent fondées par Robert 1er de Dreux frère de Louis VII et beau-père de Gaucher III de Châtillon. Elles étaient réunies et possédaient quelques biens à Montreuil reçus de leur fondateur puis se séparèrent dès 1270.

A partir de 1350, mais probablement avant, Saint-Nicolas gérait l’Hôtel-Dieu de Montreuil composé de trois maisons pour les indigents et situées face à l’église de Montreuil. Cette institution de charité bénéficia du soutien de Louis XII duc d'Orléans qui, le 15 juin 1493, interdit à ses gens de commettre des dépravations sur les lieux. Les trois maisons furent vendues à des particuliers le 19 mars 1628.

En 1744, Saint-Thomas du Louvre et Saint-Nicolas furent à nouveau réunies et dédiées à Saint-Louis-du-Louvre, leur nouvelle appellation.


Paris sous Philippe Le Bel, par Hercule Géraud, p. 368

 

environ 20 arpents

1195-1789

La maladrerie de Fontenay-sous-Bois
Fondation royale créée vers 1195 elle relevait de l’ordre de Saint-Lazare et de l’évêque de Paris. A partir de 1556, elle est gérée par l’Hôtel-Dieu-de-Paris puis de 1618 par le chapelain de la Sainte-Chapelle de Vincennes Malgré des contestations, elle restera ainsi jusqu’à 1793.

Cette maladrerie possédait 106 arpents, la plus grande fraction à Fontenay, les autres à Bagnolet et Montreuil.

 

 


1200-1789

L’abbaye Notre-Dame Livry
Elle fut fondée à Livry, à quelques kilomètres de Montreuil, sur une terre appartenant à Guillaume (IV) de Garlande et donnée aux religieux en mémoire de son fils Thibault tué au service du roi. Le défunt fut inhumé en 1186 sur cette terre et sa tombe sera la base d’un oratoire puis d’une chapelle dite Notre-Dame des Brûlis. Autour, sera édifiée l'abbaye augustine Notre-Dame de Livry.

Cette abbaye reçut à Montreuil d’importantes donations de Guillaume de Garlande et de ses héritiers, notamment à partir de 1220 des vignes au lieu-dit Le Thillay. Ce lieu deviendra le domaine de Tillemont qui existe encore de nos jours à proximité du parc Montreau.

 

 

environ 148 arpents, dont 53 pour Tillemont


1212-1789

L’abbaye Saint-Antoine des Champs
Cette abbaye joua un grand rôle à Montreuil avec ses fiefs et domaines du Petit-Montreuil, du Luat et de la Jarry, de Conflans, de Boistel, de Montreau et de la Boissière.

Pour cette raison, elle fait l’objet d’un développement spécifique.


 

environ 300 arpents dont 96 pour Montreau

1220-1315

Les Templiers à Montreuil
L’Ordre du Temple possédait des biens à Montreuil qui étaient gérés par sa maison de Reuilly, alors à l’extérieur de Paris. Les premières donations datent de l’année 1220 et de Guillaume de Garlande seigneur de Livry. Située aux limites avec Rosny, il s’agissait d’une censive qui fut cédée en 1224 par le prieur Olivier de la Roche à l’abbaye Sainte-Geneviève. Elle devait jouxter le fief de Conflans, à moins qu'elle se confonde avec lui.

En 1246, les Templiers acquirent une autre censive avec vignes et maison au lieu-dit la Beaune, sur le chemin de Paris à Montreuil.

Après la perte de la Terre Sainte, l'Ordre, qui a perdu sa raison d’être, est persécuté à partir de 1307 sur instruction du roi Philippe IV le Bel puis sera supprimé en 1312 avec l’aval du pape Clément V. Tous les biens des Templiers furent saisis en 1315, recensés en juin 1319 par l'Officialité de Paris et transmis contre émoluments à l’Ordre Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. 

 Les commanderies des Templiers, du Grand-Prieuré de France, de l’Ordre de Malte » publié en 1872 par E. Mannier, de la Société des Antiquaires de France, Paris.

 


(A.N. Série S 5560, déclaration de 1664 sur la justice).

1220-1789

L’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
En succédant aux Templiers dans leurs biens, les Hospitaliers intégrèrent la maison de Reuilly-lez-Saint-Anthoine à leur Grand-Prieuré de France, dirigé par un Grand-Prieur.

Ce faisant, ils récupérèrent la censive, avec sa maison, jardins et marais, située rue de la Beaume à Montreuil et à partir de 1446 l’agrandirent par des acquisitions. En outre, ils acquirent des cens et rentes dans le village, dont 2 maisons et une partie des droits de justice qui fit des Hospitaliers des seigneurs en partie de Montreuil.

Ils avaient d’ailleurs leurs propres agents seigneuriaux, tels en 1487, Pierre Pépin maire et garde de leur justice puis leur tabellion qui en 1574 était Simon Savart.

Par contre, nous ignorons si les biens de Montreuil furent comptabilisés dans les 293 arpents de la maison de Reuilly aliénés en 1443 à Jean Testart, bourgeois de Paris, puis de 1624 à 1633 à Jean de Vitry.

1450-1500 Deux chevaliers de Malte apparaissent dans les actes, l’un est Raoul Huault (cité dans Moréri) dont le fils Jacques sera seigneur de Montreuil, l’autre est Robert fils de Jacques II Chevalier et abandonne son héritage à son frère seigneur de Montreuil.

En 1580, le Grand prieur du Temple est représenté à la coutume de Paris par Julien Chauveau et Pierre Genier religieux de Saint-Jean de Jérusalem curé de la chapelle Lasson en Champagne en tant que seigneurs du Temple, de Reuilly, de Clichy-sous-Bois et en partie de Montreuil

1626-1629 Alexandre de Vendôme (1598-1629), second fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, chevalier de Malte et Grand Commandeur de Saint-Jean de Jérusalem, participe à la conspiration contre le roi aux côtés de son demi-frère Gaston d'Orléans et mourra emprisonné à Vincennes. Cela ne semble pas avoir eu d’influence à Montreuil.

1663-1775 Les Hospitaliers possédaient encore 2 ou 3 maisons dans le village, notamment rues aux Ours et du Cimetière. Ils étaient alors associés à la commanderie de Saint-Jean de Latran qui elle aussi possédait une censive et quelques vignes aux lieux-dits Luat, Jarry et Droublet en bordure de Vincennes.


A.N. Série S 5116 A et suivants ainsi que Q1038



A.N. Série S 5088


A.N. Série S 4369 p.1 et Q 1038




MC/ET/LXXXVIII/130 de 1612 à 1659 sur la justice du Grand Prieuré de France

 

environ 50 arpents,

1221-1789

La confrérie et collégiale Saint-Merry
1221-1306 A partir de 1221, la confrérie parisienne puis collégiale de Saint-Merry s’implante à Belleville et Montreuil où le seigneur Bernier de Montreuil lui cède en 1226 une vigne dont nous ignorons la superficie.

1307-1635 En mars 1307, la propriété s’agrandit de 4 arpents entre les deux voies qui vont de Moncarel à Paris. La censive est cultivée par Guillain Chaourci, Jean le Larron, Clément Thioust, Jean Becheron, Adam de la Varenne, Alice de la Voulte veuve Yves des Pavellons et Louis Duboys

1636-1789 La collégiale fait rédiger le terrier de ses biens à Montreuil commun avec ceux de Belleville. Elle tient le clos Saint-Merry, autrement dit la Brunelle à Montreuil.


cartulaire de Saint-Merry, acte XXXV d’avril 1226


censier de St Merry, acte de mars 1307, rentes payées par Robert de Montreuil

A.N. Série S 916 B

environ 15 arpents

1242-1789

La Sainte-Chapelle-du-Palais
Elle tenait un fief à Montreuil dont nous ignorons la contenance.

Entre 1379 et 1557, ce fief incluait plusieurs maisons rue Marchande à Montreuil. En 1580, lors de la rédaction de la coutume de Paris, leurs représentants étaient Anselme Caillot et René Foucher.

A.N/ MC/ET/CVII/4, terrier de Montreuil débutant en 1557

 

environ 20 arpents

1268-1789

Le fief Decanal du doyen présenté ci-dessus avec le chapitre cathédral 

200 arpents

1305-1789

Le collège de Champagne, fondé en 1305 par Jeanne de Champagne, reine de France et de Navarre portera le nom de collège de Navarre.

Il possédait une censive provenant apparemment de donations d’habitants de Montreuil, notamment de la famille Vitry dont maitre Pierre de Vitry (1470-1540) qui sera régent du collège de Navarre en 1537 selon un texte du fief Decanal du doyen du Chapitre (série S 340).

A.N. Série S 6540 à 6546 et AD 93, acte CXXXI/17du 5/2/1544 classé dans inventaire du 10/9/1613 ainsi que Fabrique de Montreuil série S 3572b

environ 15 arpents

1370-1789

Le collège de Beauvais
Le collège de Dormans, dit de Beauvais a été fondé le 8 mai 1370 par le cardinal évêque de Rouen Jean II de Dormans
chancelier de France et principal conseiller de Charles V. A partir de 1389, il est géré par le parlement de Paris alors que l’abbé de Sainte-Geneviève au nom du Pape accorde l’union de la cure de Montreuil à ce collège. La dotation de ce collège comprenait des terres à Brie-Comte-Robert , Choisy-le-Roi, Torcy, Romainville et Montreuil-sous-Bois. Dans cette localité, le collège contrôlait à partir de 1499, une censive dite dans les textes « censive des boursiers et écoliers du collège des Dormans dit de Beauvais » et plusieurs cantons du terroir de Montreuil, notamment à Grosses Pierres, Grand chemin de Rosny, Trou au Larron, la Boue Bazillon et Clos de la cave, situé vers la Pissotte, au sud de Montreuil. 

A.N Série S 6357 et 6358 B2

Et Société d’Histoire et d’archéologique de la Goële, bulletin d’information n°37 année 2010, page 17.

environ 15 arpents

1380-1789

La cure de l’église de MontreuilEtait rattachée au collège de Beauvais. A partir de 1550, la Fabrique rédige un censier où sont mentionnées ses donateurs et censitaires jusqu’en 1793.

A.N. série H5 3826.

environ 15 arpents

1384-1789

L’abbaye de Montmartre
Cette abbaye bénédictine et féminine est citée en 1384 pour les cens qu’elle perçoit à Montreuil où elle possède le fief de Bataille, à proximité du fief Decanal. 

A.N. Série P 129 f° 30 et Série S 4443 (daté de 1543)

environ 20 arpents

1440-1789

Les Bons-Homme de Vincennes et successeurs
De l’ordre de Grandmont, ces moines établis à Vincennes et Fontenay-sous-Bois dès 1177, avaient depuis 1445 droits de cens, rentes et dîmes à Montreuil où ils firent construire une grange et deux bâtiments rue du Pré afin d’entreposer les marchandises dîmées. Ils possédaien également quelques maisons rue du Milieu. Gros décimateurs, ils bénéficiaient de dîmes royales sur le vin et contribuaient à l’entretien du chœur de l’église Saint-Pierre Saint-Paul.

En 1540, furent secondés sous François 1er , par quatre ordres mendiants qui comme leurs prédécesseurs bénéficiaient de l’exemption de la taxe de 2 sols sur chaque muid de vin. Ce bénéfice royal concernait les Ordres des Franciscains (frères mineurs) du Carmel (les Carmes) des Prêcheurs (Dominicains) et des Augustins (Ermites)

Vers 1580, l’ordre de Grandmont fut remplacé par des frères Mineurs ou Cordeliers de l'Observance puis vint l’ordre de Saint François de Paul. A partir de 1660 environ, on les appelaient les « Minimes de Vincennes » et ils louaient la grange dîmeresse et ses deux corps de logis, le preneur devant en outre fournir à la Saint-Jean-Baptiste et à la Saint-Pierre la quantité de fraises pour deux communautés de vingt religieux. Mais leur gestion n’était pas rigoureuse et ils n’étaient plus que trois à la Révolution lorsque les biens de la communauté furent saisis comme Biens Nationaux.


A.N. Série S 6358 B2 en 1445

Série LL1575 de 1186-1586

Série L 953-954

Charte du 12 septembre 1545, A.N. Série J 741 pièce 14 t. IV.

 

Etude sur les Minimes du bois de Vincennes de Grandvaux.Série H5 3997

environ 30 arpents

§§


Les trois plus importants propriétaires religieux

I ) L’abbaye Saint-Victor à Montreuil

Fblason Saint-Victorondée en 1113 par Guillaume de Champeaux et Louis VI qui l’aima particulièrement, cette abbaye de chanoines réguliers fut doté dès l'origine de deux charruées de terres à Fontenay-sous-Bois (Val de Marne) et d'une charruée à Montreuil (LL 1450 B), c'est à dire d'environ une trentaine d'arpents.


Blason de l'abbaye Saint-Victor seigneur en partie


Cette donation royale était localisée sur le plateau alors boisé qui surplombait au nord-est le village et son église Saint-Pierre-Saint-Paul.

Cette donation fut complétée en 1137 par des droits d'usages dans le bois de Vincennes donnés à Saint-Victor par le roi Louis VII. Puis le pape Innocent III confirma ces biens le 2 juin 1138  .

A partir de 1193, les biens de l'abbaye de Saint-Victor sont placés sous protection de Guillaume de Garlande, seigneur de Livry qui possédait droit d'avouerie sur Montreuil, droit qui passa à sa fille ainée Jeanne de Garlande, épouse du comte Jean de Beaumont-sur-Oise. En 1220, le couple fera donation de 20 sols de rente à l'abbé de Saint-Victor et de terres dont ont ignore la superficie mais qui jouxtaient les biens de l'abbaye. 

Saint-Victor possédait quelques maisons dans le village jouxtant ceux de la seigneurie de Montreuil tenue alors par Jeanne de Machault dame de Viarmes et veuve de Pierre de Chambly qui engagea une procédure judiciaire contre l’abbé de Saint-Victor à propos du droit de justice . Elle perdit ce procès car le 2 janvier 1319, le roi confirma le droit de haute, moyenne et basse justices pour toutes les possessions de l'abbaye.

Après la guerre de Cent-Ans qui mit un coup d'arrêt à son développement, l'abbaye Saint Victor acheta vers 1470 le fief et l'hôtel d'Orgemont à Montreuil qui fait l’objet d’un paragraphe spécifique.

La composition de la seigneurie de Saint-Victor.

Les terres de Saint-Victor se sont agrandies progressivement et atteignent 100 arpents et plusieurs maisons comme l'atteste une déclaration de 1538 qui mentionne 95 arpents et 4 arpents de près et 60 sous parisis de rente sur plusieurs maisons jardins et vignes (S 2132).

La maison seigneuriale est située sur l'ancien domaine d'Orgemont, au nord du village, vers la rue de l'Orme-qui-ne-Dort. Ses possessions s'étendent de sa grange primitive située aux limites de la Boissière aux lieu-dit "les Hanots", passant par les autres lieux-dits : Derrière la Grange Saint-Victor, les Quatorze arpents Saint-Victor, les Mares Saint-Victor, l’Aulnay Saint-Victor, les Néfliers, Courtes rayes, la Grande rigole, les Marais, l’Aulnay Auclerc, Hénault, et Malsavoir.

Les donations et acquisitions postérieures seront de petites dimensions et les biens stagnent comme le constatera en 1580, l’abbé de Saint-Victor, Charles de Lorraine, représenté par Jacques de Montholon, grand archidiacre de Chartres, vicaire général et seigneur de Fontenay-sous-Bois et Montreuil en partie comme mentionné sur le Procès-verbal de la réforme de la coutume de Paris.

Son successeur représenté en 1631 par Toussaint Froger, bailly au nom de François de Harlay archevêque de Rouen primat de Normandie et abbé de Saint-Victor ne pourra que faire la même constatation lors de sa visite à Montreuil 

A cette époque, la réforme de la justice royale avait été promulguée et depuis 1622 avait été créé le baillage de Saint-Victor qui mettait fin à l'ancienne justice seigneuriale des moines  .

Le domaine d’Orgemont à Montreuil, acquisition de l’abbaye Saint-Victor

On croit savoir que cette propriété relevait féodalement de la châtellenie champenoise de Montjay-la-Tour écart de Villevaudé (Seine et Marne) dont le seigneur était traditionnellement l’un des quatre hommes-liges qui portaient sur leurs épaules l’évêque de Paris lors de son intronisation. Parmi ces derniers notons Nantier de Montjay, dont la fille Ermengarde épousa Henri 1er de Chatillon-sur-Marne en 1110, au moment de la poussée bléso-champenoise.

A partir de cette date, la châtellenie de Montjay est insérée dans le giron de la puissante maison champenoise de Chatillon-sur-Marne. En 1270, elle tenait plusieurs nobles fermes dans la région, notamment celles « de Crécy » à Noisy-le-Sec et du « Vieux Château » à Bondy. Il se pourrait que la maison de Châtillon ait également tenu un fief situé à Fontenay-sous-Bois, peut-être celui du Val des Pressoirs, dont aurait dépendu le domaine d’Orgemont à Montreuil. Cette hypothèse est basée sur le fait que deux actes tardifs datés de 1360 et 1407 concernant le domaine d’Orgemont  mentionnent sa composition, la liste de ses censitaires et une vieille tour avec fosse à poissons à Fontenay.

Avant 1360, le domaine appartenait au président du Parlement Pierre 1er d’Orgemont, époux de Marguerite de Voisines, seigneur de Méry-sur-Oise, Moussy-Le-Neuf, Senlis et Montjay.

Il était occupé par le conseiller du roi Pierre de Lieuvillier et comprenait une vingtaine de censitaires parmi lesquels plusieurs seigneurs en partie, notamment Charles Boistel, les héritiers de feu Jean de Clermont et Hugues Guingant, qui achètera plus tard le domaine d’Orgemont.

Sa composition

En 1407, l’acte précité décrit ainsi le domaine d’Orgemont ;
Un manoir avec cour, des granges, un colombier, un pressoir, 2 arpents de jardins attenant le manoir, plantés d’arbres et 3 quartiers de vignes. 16 arpents de terres et 16 livres parisis de rente sur 2 arpents. De ce fief dépendaient 19 maisons dans le village, rue du Pré, devant le moutier, rue Saint-Père, rue du Milieu, rue cuve du four, rue Marchande et une au lieu-dit l’Aunoy.

En outre, il possédait un arrière-fief nommé « fief des Hanots », au lieu-dit les sept chemins, à l’extrémité sud des possessions de Saint-Victor.

Les propriétaires successifs du domaine d’Orgemont.

En 1390, le domaine fera partie de l’héritage de Nicolas d’Orgemont, troisième fils de Pierre 1er .

blason OrgemontDit « Nicolas le Boiteux », il était chanoine de Paris, doyen des chanoines de Saint-Martin des Champs, proviseur de l’Hôtel-Dieu, (1387) et maître des comptes du roi (1385-1410) Membre influent du parti Bourguignon dès l’ordonnance cabochienne de 1413, puis membre avec Guillaume 1er Barraut de la commission des réformateurs contre les Armagnacs, il participa à la conspiration contre le roi et fut condamné à la prison à vie. Ses biens furent confisqués le 30 avril 1416, comme ceux avec des Parisiens qui soutenaient les Bourguignons  et furent acquis régulièrement en décembre 1417 par le maître des comptes Hugues de Guingant .


Mais en 1418, les Bourguignons reviennent au pouvoir, Hugues de Guingant s’enfuit pour éviter l’arrestation ce qui le fait accuser de crime de lèse majesté et son domaine saisi. Il mourût vers 1420 et le domaine revint à son fils également en fuite. Le domaine est alors attribué à Jean Le Clerc, châtelain de Beauvais, à la fois conseiller de Philippe de Bourgogne, fils de feu Jean Sans Peur et proche de la reine Isabeau de Bavière, qui le fit nommer chancelier de France.
Il conservera ce poste jusqu’au 6 février 1424, date où il remit les sceaux au duc de Bedford afin de les transmettre à Louis de Luxembourg, déjà évêque de Thérouanne, nouveau chancelier de France sous contrôle de l’occupant anglaise. Outre le poste, l’évêque se vit également attribuer le domaine montreuillois de son prédécesseur, celui de Lizac jouxtant celui d’Orgemont. Afin de le dédommager, le reine fit nommer Jean Le Clerc concierge du Palais royal où il restera jusqu’en 1426. Puis il retourna en 1427 dans sa ville natale de Nevers où il décédera et sera inhumé le 14 août 1438 dans l’église du prieuré de Saint-Etienne.


La libération de Paris ranime les querelles à propos des héritages familiaux

Auparavant, Paris avait été libéré et le nouveau roi Charles VII avait décrété que les parisiens spoliés pendant la guerre retrouveraient leurs biens sur la base de 1418. Le domaine d’Orgemont fut donc contesté entre Guillaume d’Orgemont Trésorier des Guerres et frère du chanoine Nicolas d’Orgemont et Louis, héritier de feu Hugues de Guingant son père. Les d’Orgemont semblent avoir l’avantage et détenir les biens restitués  par le duc de Bourgogne car le domaine était en indivision entre Philippe d’Orgemont neveu de Nicolas le Boiteux décédé en 1422 puis sa veuve et ses 5 enfants Charles, Jean, Isabelle, Jeanne, Marguerite et Pierre IV d’Orgemont ancien prévôt d’Anjou .

Mais l’indivision posait problème et les procès continuèrent de 1422 à 1470 entre les divers héritiers ;

D’une part pour les d’Orgemont Jacques Pelard bourgeois de Paris, époux de Gilette Thiphaine, fille de feu l’avocat Thierry Tiphaine et Gaillarde de Vaudray, épouse en secondes noces de Nicolas de Harlay seigneur de Grandvilliers et de Nogent.

D’autre part Jean Le Paintre, chapelain du roi, et chanoine de la Sainte-Chapelle du Palais Royal, héritier de Louis, fils de défunt Hugues de Guingant.


Un accord intervint sur une base que nous ignorons, sinon qu’en 1447, le domaine d’Orgemont, son arrière-fief des Hanots et ses maisons villageoises sont aux mains de l’abbaye Saint-Victor qui a acquis ses droits seigneuriaux . Afin d’obtenir des revenus, ces religieux mettent le domaine en concession à divers personnages. Nous ne connaissons ces derniers qu’à partir de 1472 où les seigneurs du domaine d’Orgemont sont Jean Tartereau, examinateur au Châtelet puis Hugues Fenestre, tous deux cité comme seigneurs mais au titre des abbés de Saint-Victor. Par contre, nulle trace écrite d’autres aveux ou dénombrement ne figure dans les archives locales.

Après cette époque, le domaine ne s’étend plus et est loué à divers bailleurs dont une majorité d’habitants de Montreuil et compterait une trentaine de maisons dans le village.

L’ensemble sera saisi comme Biens Nationaux en 1793.

§§§




2) Les moniales de Saint-Antoine-des Champs

blason Saint-AntoinePrimitivement ermitage en 1180, érigée en abbaye par l’évêque Eude de Sully et affiliée à l’ordre de Cîteaux en 1203 puis en abbaye royale par Saint Louis en 1227, l’abbaye féminine de Saint-Antoine-des-Champs, refuge des femmes repenties était située dans la paroisse Saint-Paul à Paris. Au temps des croisades (1209-1260) elle reçut d’importantes donations des familles nobles d’Île-de-France, dont certaines s’illustrèrent contre les Albigeois : Montfort, Mauvoisin et Beaumont.

Blason de l'abbaye de Saint-Antoine

Au fil des temps, les abbesses vont enrichir progressivement leur temporel, d'autant plus qu'elles possèdent des droits sur trois péages de la région parisienne (Mantes, Lieusaint et Tournan) qui assurent des revenus stables et importants. Mais ces biens sont dispersés en trois grandes zones : Paris même, la petite couronne actuelle autour d'Aulnay-sous-Bois, berceau des familles Garlande et Mauvoisin, puis aux limites de l’Île-de-France aux confins de la Picardie.

L’une de ses premières abbesses Agnès de Cressonsacq (1233 à 1240) sœur de Robert Mauvoisin seigneur d’Aulnay-sous-Bois, donne le ton en donnant ses biens personnels du côté de Beaumont-sur-Oise et d’Aulnay dès 1211.

Au total, les biens fonciers de l’abbaye représenteront une superficie supérieure à 1500 arpents – soit approximativement 500 hectares, dispersé dans un rayon de 50 kilomètres autour de Paris, et ainsi localisée :

Val d’Oise

Essonne

Seine-et-Marne

- Savigny-le-Temple 250 arpents, une grande ferme, Mitry environ 20 arpents

Val de Marne

Yvelines

Seine-Saint-Denis

Nous ne traiterons que de la propriété située à Montreuil

Le temporel des cisterciennes de Montreuil

Les moniales arrivent à Montreuil (Seine-Saint-Denis) vers 1221 par échange de biens situés au Petit-Montreuil, et appartenant à l’abbaye de Saint-Maur. Il s’agit d’un pressoir avec cens et dîmes acquis au sud du terroir, aux lieux dits Le Luat et la Jarry. A partir de cette acquisition, les abbesses successives vont pratiquer une politique foncière dynamique et diviser leur domaine montreuillois en quatre groupes ;


1) Le Petit-Montreuil

CBlason Villebeone fief, dit aussi Petit-Saint Antoine, appartenait en partie au chevalier Pierre du Petit-Montreuil dit Chambellan (Cambellarius) qui serait en réalité Pierre de Villebéon, homme de confiance du roi Louis IX qu’il accompagna en août 1248 à la croisade en Terre-Sainte. Fait prisonnier avec le roi en 1250, ils rentreront en France et Pierre de Villebéon abandonnera en juin 1255 et à titre d’aumône sa part du Petit-Montreuil à l’abbaye Saint-Antoine. Puis l’abbesse de ce monastère féminin acquit l’autre moitié en juillet 1265 de Gautier IV, fils de Gautier II de Villebéon 118 .

Blason de Gautier de Villebéon, premier seigneur connu

Sur ces terres l’abbesse développera sa maison seigneuriale et en fera le centre névralgique de sa seigneurie du Petit-Saint-Antoine à Montreuil, dont la superficie atteindra 300 arpents, dont partie en baronnie avec droit de Justice.

Les moniales bénéficiaient alors d’un courant de donations qui permit à leur abbesse d’organiser une seconde ferme du Petit-Saint-Antoine mais à Champagne-sur-Oise. Ces donations affluaient depuis que le comté de Beaumont avait été acquis par la Couronne, ce qui leur permit d’acquérir en 1265 pour la somme de 290 Livres Parisis ladite ferme de Champagne-sur-Oise. L’une des plus grandes donatrices fut Blanche de Pacy qui à l’occasion de son entrée en religion leur versa 1500 Livres Tournois. Ce viatique leur permit d’obtenir des biens fonciers à Champagne (Oise), Savigny près d’Aulnay et Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

1) Le fief et domaine de Montreau


Le fief de Montreau s'appelait à l’origine fief du Petit-Montreuil. Il aurait été acquit en 1259 par l’abbaye Saint-Antoine des Champs, peut-être à l'abbaye Saint-Victor comme le suggèrel’abbé Lebeuf dans son "histoire du diocèse de Paris". Selon cet historien, le petit-Montreau aurait appartenu au début du XIII ème siècle à un chevalier prénommé Etienne qui en fit don aux chanoines de Saint-Jean-Le Rond, lesquels le vendirent à l’abbé de Sainte-Geneviève seigneur de Rosny-sous-Bois.Puis il aurait été échangé avec l’abbaye de Saint-Victor avant de revenir à l'abbaye Saint-Antoine.Faute de preuves, nous ne pouvons confirmer ces assertions.

En tout cas, c'est bien l'abbesse de Saint-Antoine qui était propriétaire d'une moitié du domaine,l’autre appartenait à un nommé Gazon de Maubuisson. En 1303, cette moitié appartenait au chevalier du roi Oudard de Maubuisson qui en 1305 céda son droit seigneurial sur 30 arpents et un pressoir, mais ayant vraisemblablement conservé quelques droits car il entra en litige avec l’abbesse. Cette dernière nommait alors son domaine le "Petit-Saint-Antoine ", puis, au fil des agrandissement par achats ou donation, il fut appelé  Petit-Montreau » et enfin « Montreau ».nom  qu'il possède encore de nos jours.

Au XIV ème siècle, il formait le plus vaste ensemble abbatiale, avec la ferme Saint-Antoine , comme le montre le plan ci-dessous. Par contre le fief de Tillemont, situé à  à proximité,  relevait des anciennes terres de Guillaume de Garlande données à l'abbaye Notre-Dame de Livry à partie de 1230 par ses héritiers.

Montreau et Saint-Antoine

Sa composition

Dentrée du parc Montreau’une superficie de 30 arpents à l’origine, le domaine se développa rapidement et ses archives permettent de la suivre de 1354 à 1499. A partir de 1500, il s’agrandit par construction de bergeries, étables, fontaine et abreuvoir à chevaux .

Le domaine de Montreau à Montreuil –ci-contre l’entrée actuelle - fut restauré vers 1750 et comprenait:

Le manoir puis château de Montreau avec sa cour et dépendance fut construit à l’emplacement du fief de ce nom. L'édifice consistait en une demeure bâtie sur un plan en L et comportant un étage carré et un étage de comble éclairé par des lucarnes ; le corps principal comprenait 15 travées régulières en façade ; l'aile en retour d'équerre comprend 5 travées sur la façade sud. Le domaine comportait également une chapelle et un vaste parc composé de parterres et d'allées en étoiles, bien visible sur la Carte des Chasses.



Tableau des seigneurs du fief de Montreau

Le fief de Montreau, à l’origine fief du Petit-Montreuil, acquit en 1259 par l’abbaye Saint-Antoine des Champs fut  appelé successivement « Petit-Saint-Antoine » « Petit-Montreau » et enfin « Montreau ».


1425-1499

Le domaine de Montreau réunit maintenant les terres nobles et roturières et est tenu de 1425 à 1439 par le bourgeois de Paris Jean Turquan époux de Marie Royer puis de Macé (+ 29/9/1432), mais les droits seigneuriaux semblent appartenir à l’abbesse de Saint-Antoine.

Jean Turquan était, outre Montreau, seigneur en partie de Montreuil avec les fiefs de Montreau et de la Pissotte et d’un autre fief à Rosny-sous-Bois.

Après sa mort le 15 septembre 1439, le domaine de Montreau reviendra en 1440 à ses fils Pierre Turquan, auditeur au Châtelet et Jean Turquan second du nom. Pierre en rendra aveu en 1459 et gardera Montreau au moins jusqu’en 1490, date où il engage un procès contre l’abbaye Sainte-Geneviève de Rosny avec le soutien de l’abbesse de Saint-Antoine. Puis Philippe Turquan, conseiller du roi, et probable fils de Pierre rendra un dernier aveu pour Montreau en 1499. Pendant cette période, Jacques 1er chevalier est seigneur de Montreuil de 1476 à 1498

A.N. série S 4403

- Décès de Jean Turquam cité épitaphe du charnier Saint-Paul le 15 septembre 1439 (Antiquités Nationales, année 1779, p. 79 à 80). Aveu de Pierre Turquam en 1459 puis de Philippe (S 4360)

Procès S. 4386, f° 90.

1498-1543

Jacques II Chevalier, fils de Jacques 1er, épouse vers 1518 Catherine Turquam, fille probable de Jean. A la mort de son père en 1498, il devient seigneur de Montreuil et par sa femme du fiefs de Montreau. Mais il devra céder la seigneurie de Montreuil en 1525 à Pierre Huault

A.N. série S 4360

1544-1550

A la mort de Jacques II, la seigneurie de Montreuil est sous tutelle de la veuve Catherine Turquam au nom de ses enfants mineurs. En 1546, ses deux fils Jacques III Chevalier et son frère Robert chevalier de Malte (Hospitaliers de Jérusalem successeurs des Templiers) font un accord aux termes duquel le second abandonne provisoirement ses biens à Montreuil, Chelles (Oise) et Bagneux venant de leur père.

A.N. Insinuation Y 87, n° 410 donation de Robert en attente d’une commanderie, acte du 2/8/1541

1551-1596

Jacques III est seigneur du fief de Montreau. Barbe Avrillot, deuxième du nom son épouse étant décédée après 1562, il entra dans les ordres et se fit chanoine pour rejoindre son oncle Pierre Chevalier nommé évêque de Senlis. Le fief de Montreau revient vers 1570 à Jacques Desjardins, conseiller au Châtelet par sa femme Elisabeth Chevalier, héritière de la succession de Jacques III Chevalier décédé vers 1573. La seigneurie sera vendue aux enchères en 1596.

Hommage du 22 décembre 1574, puis vente aux enchères de 98 arpents le 22 décembre 1596.

1597-1655

Les acheteurs par adjudication de Montreau sont vraisemblablement Robert Turquan et son épouse Marguerite Tronçon, parents supposé de Catherine Turquan. Cette hypothèse est appuyée par le fait que les successeurs de la famille Chevalier sont Mathieu Garnier et son épouse Marie Anne Tronçon, mais aucun acte ne précise sa parenté avec Marguerite Tronçon.

Pas d’actes locaux connus

 1656-1659

Le magistrat Mathieu Garnier dit de Montreau, président à mortier au Tribunal de Metz, achète le domaine par adjudication et apparaît sur quelques baux ruraux. Il laisse vers 1659 le domaine à sa fille Marie Anne sous tutelle de sa mère née Marie-Anne Tronçon de Chaumontel.

CXXXI/112, baux ruraux sur actes des 10 mai et 21 juin 1660.

1660-1688

Marie-Anne Tronçon de Chaumontel, fille d’Enemond et Anne Boyer était séparée de biens de son défunt mari et dame de nombreux fiefs dans le Val d’Oise, dont Chaumontel, Candeuvre et autres lieux. Elle vendit le tout après la mort de son époux, conservant ses 18 fiefs de Chaumontel (Aveu rendu le 7 octobre 1698, puis vente le 31 décembre 1707 au prince de Condé Henri Jules de Bourbon. (Musée Condé à Chantilly cote 106 D 8 et série BH, carton 1)

AD93 ; étude CXXXI/112, actes des 10 mai et 21 juin 1660 pour le domaine de Montreau.

1689-1735

Marie Anne Garnier, fille de Mathieu Garnier épousa le 20 avril 1689 Jacques Etienne Canaye, conseiller au Parlement, seigneur des Roches de Malval et Saint-Héant. Elle hérita du fief de Montreau à Montreuil mais n’eut pas de postérité, ce qui fait que le fief passa à son beau-frère.

Héritière du fief et domaine de Montreau qui revint à son beau-frère l’Académicien Etienne de Canaye.

1735-1782

Etienne de Canaye, frère du précédent, prêtre, académicien vétéran de l'Académie royale des inscriptions de Belles-Lettres, hérita du fief de Montreau qui fut érigé en baronnie en 1745. Il décéda doyen du Parlement de Paris en 1744 et le fief de Montreau revint en 1782 à son petit-neveu Alphonse de Droullin de Menilglaise. Il descendait de Denis Godefroy, historiographe du roi (1615-1681) époux de Geneviève Desjardins, arrière petite-fille de Jacques III Chevalier et Barbe Avrillot.

uccession A.N. ET/XXXVI/777

Le fief baronnie de Montreau devient prévôté dont les jugements figurent aux Archives Nationales Série Z2 2481.

1782-1813

Alphonse de Droullin de Menilglaise, petit-neveu d’Etienne Canaye, était seigneur de Malleval (Loire) chevalier et marquis. Capitaine des grenadiers du régiment des Gardes Françaises et propriétaire du château de Montreau à Montreuil. Membre du Conseil municipal de Montreuil. Titré baron avec majorat de 7.000 francs par lettres patentes du 19 janvier 1811.

Dictionnaire des anoblissements, Henri Gourdon de Genouillac, p. 182

1814-1815

Edmond de Droullin de Menilglaise fils aîné d’Alphonse, époux de la marquise Caroline Louise de la Bourdonnaye.

Succession Archives Seine DQ 14/1722 fol 124 v° et 125

1816-1849

Anne Alphonsine et Philiberte Charlotte de Droullin de Ménilglaise, héritent de leurs parents du domaine de Montreau. Elles sont apparentées au savant Denis Charles Godefroy, natif de Franfort-sur-Mein, remarié en mai 1835 à Anna Alphonsine Droullin, née à Montreuil (93) le 29 avril 1813, fille d’Edmond marquis de Ménilglaise. Le château livré à lui même et se dégrade rapidement et les terres sont vendues séparément à divers acquéreurs.

Le marquis Charles Denis Godefroy-Ménilglaise a publié en 1971 un mémoire sur « les savants Godefroy », alliés à la famille Chevalier.

850-1870

La communauté des dames de la Visitation acquiert le château quasiment en ruines et le revend vers 1860 au maire Théophile Sueur qui installe une fabrique de cuirs vernis dans les communs. Le château est démoli lors de la guerre franco-allemande de 1870 car il gêne les tirs du fort de Rosny. Une partie des annexes subsiste, dont les deux petits bâtiments de l’entrée (Photo couleur)..


1932-2010

Ces deux bâtiments situés à l’entrée de l’ancienne propriété sont acquis par la municipalité en 1932. Le bâtiment principal est actuellement le « Musée de l’Histoire vivante » de Montreuil.



2) Le fief de Conflans à Montreuil

A l’époque où les limites territoriales étaient parfois étaient imprécises, le fief de Conflans dominait les villages de Montreuil et Rosny, à l’emplacement de l'actuel fort de ce nom. Il  cotoyait les terres de l’abbaye Sainte-Geneviève et Villemomble.  Il s'agirait d'un arrière du fief de Conflans dit l'Archevesque, près de Charenton (Val de Marne) relevant à l'origine du comté de,  Corbeil et de la châtellenie d'Yerres tenue par Jean de Courtenay.
L'historique de ce fief est encore sujet à caution car il aurait appartenu à la famille Bouteiller de Senlis en 1098 avec Villepinte et Charenton, puis serait passé par mariage vers 1210 à Gui V,  fils de Gui IV Le Bouteiller de Senlis et d’Elisabeth de Trie, avec Isabelle Elisabeth, fille puinée de Guillaume V de Garlande. Le fief aurait alors été donné aux Templiers . Il jouxtait alors le fief du Petit-Montreuil acquit vers  par l’abbesse de Saint-Antoine qui entra en procès contre Oudart de Maubuisson à propos des limites respectives de deux fiefs, procès qui dura jusqu'en 1303.
blason MaubuissonOudart de Maubuisson jouera un rôle dans la répression contre les Templiers dès  novembre 1307 en sa qualité de Commissaire du roi et interrogera les Templiers d’Aigues-Mortes. Tous les biens templiers furent confisqué le 20 mars 1312, au  Concile de Vienne, par le Pape Clément V, et confié à la Couronne, puis plus tard aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
Mais c'est seulement avec l'arrivée à Montreuil de Dreux 1er Budé seigneur dYerres par héritage, donc suzerain du fief de Conflans et de la seigneurie de Montreuil par acquisition que l'on trouve trace des fiefs de Conflans et Cocatrix. En 1551, ce dernier appartenait majoritairement à « dame Jehanne Le Viste, dame de Fresnes et veuve de Jehan Robertet, chevalier du roi et secrétaire de ses Finances », héritière à Montreuil de feu le baron Jean IV Le Viste.
Blason Oudard de Maubuisson
En conclusion, le fief de Conflans pourrait avoir été à l'origine inclus dans le domaine du Petit-Montreuil avant l'implantation de l'abbaye Saint-Antoine
vers 1221 par échange avec des biens appartenant à l’abbaye de Saint-Maur.
 Arret

3) Le fief de la Boissière
Il fut acquis en 1256 par l'abbaye Saint-Antoine qui le fit défricher car ses cinq arpents étaient à l'abandon sur le plateau qui domine le village de Noisy-le-Sec. Ce sont d’ailleurs les habitants de ce village qui procéderont au défrichage, ce qui explique que la maison seigneuriale de Saint-Antoine de ce village en assumera la gestion avant 1600. En effet, sa censive se prolongeait le long du chemin principal et se terminait par un lieu-dit « La porte Saint Antoine » marquant ainsi l’entrée du domaine pour celui qui venait d’Aulnay ou du Nord. Puis les terres de la Boissière furent reprises et gérées par la maison seigneuriale de Saint-Antoine située à Montreuil. 

Puis l’abbaye achétera toutes les terres disponibles afin d'agrandir son domaine de Montreau et le vendra avec la Boissière  vers 1610 à Jacques Chevalier, déjà cité à propos de la branche Chevalier de Monthyon.

Dès sa prise de possession, le nouveau seigneur mit en valeur son domaine en achetant de nombreuses terres et procédant à des échanges fonciers , notamment avec Etienne Parillon, conseiller du roi à la chambre des Compte. C’est vraisemblablement ce Jacques Chevalier, quatrième du nom,  qui fit construire le manoir seigneurial de la Boissière mais la preuve ne se trouve pas dans les archives locales. Il décédera en 1633 et ses biens seront partagés entre ses deux fils :

LLa Boissière à Montreuil (93)’aîné Nicolas décédera en 1641 et sa seconde épouse Marguerite De la Haye, tutrice des enfants mineurs des enfants nés des deux mariages, vendit la Boissière, comme le prouve le compte de tutelle d’Anne Chevalier, fille mineure du défunt née du premier mariage avec Anne fille du conseiller au Parlement Nicolas Bouette . Cette vente était motivée par les dettes du défunt car es revenus de la Boissière étaient insuffisants.Puis en 1645, la veuve Marguerite se remariera avec Claude Loysel, lieutenant au baillage de Senlis, mettant définitivement fin à l’emprise de la famille Chevalier de Monthyon sur le domaine de la Boissière.


Plan du manoir de la Boissière vers 1730


Ainsi Jacques IV Chevalier et son fils Nicolas VI furent les premiers aménageurs du manoir de la Boissière, sur les hauteurs dominants la plaine de Saint-Denis. Une partie des terres se trouvait sur les terroirs de Montreuil et de Noisy-le-Sec et le manoir fut agrémenté d’un parc. Vers les années 1710, ce parc à la française avait fière allure, comme figuré sur la carte de Delagrive ci-dessus datée d’environs de 1730. Il était voisin de la ferme Saint-Antoine et du fief de Montreau, relevant de l’abbaye Saint-Antoine et du fief de Tillemont relevant de l’abbaye Notre-Dame de Livry.

Le détails des seigneurs successifs de la Boissière figurent ci-après :


Tableau des seigneurs du domaine de la Boissière


        Le fief de la Boissière relevait de l’abbaye Saint-Antoine


1623-1641

Jacques Chevalier, fils Nicolas et Jacqueline Gaudart, seigneur de Monthyon (Seine-et-Marne) devient seigneur de la Boissière Il décède en 1633 et le domaine revient à ses fils, l’ aîné Nicolas, époux de Marguerite de la Haye et Jacques époux de Marguerite de la Chambre seigneur de la Lande à Neuilly-sur-Marne. En 1641 à la mort de Nicolas, sa veuve vend le domaine en tant que tutrice des enfants mineurs du défunt.

XXXI/32 du 19 septembre 1623

AN. 3909 C, tutelle mineure du 5/11/1641.

1642-1650

L’acquéreur de la Boissière est Séraphin le Ragois conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) qui transmettra le domaine en dot à son unique héritière sa fille Marie Le Ragois, lors de son mariage avec Jean Le Nain seigneur de Beaumont. Il s’associera dans la gestion avec le conseiller du roi Guignoreille, rue du Buy à Paris, paroisse Saint-André.

11 et 14 juillet 1660, étude CXXXI/112, récapitulatif d’actes concernant Chevreau et Cacheleu.

1651-1789

Le domaine de la Boissière revient dans l’héritage de la famille Le Ragois de Bretonvilliers, important seigneur foncier de la région. Il sera désormais régi en commun avec celui de Tillemont dont il est très proche. Cette famille est alors le plus grand propriétaire terrier des localités voisines de Montreuil dont les seigneuries de Villemomble et Noisy-le-Sec, Avron et autres. La Boissière serait revenue à Charlotte, fille de Bénigne Le Ragois de Bretonvilliers et Félicitée Milan, épouse de Charles François Le Tellier, mais cette hypothèse n’est pas étayée par un acte.


Le domaine de la Boissière était géré en commun avec celui de Tillemont.

Le fief de Boistel, dernière acquisition de l’abbaye Saint-Antoine

Le fief Boistel comprenait en 1365 un hôtel avec cour et jardin, pièce d’eau et à proximité 21 maisons, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins et rentes, l’ensemble situé rue de l’orme qui ne dort et angle rue du Pré et du chemin de Rosny.


Ce fief dépendait du roi à l’origine avec la seigneurie de Montreuil qui fut donnée à Pierre de Chambly vers 1307. Entre 1340 et 1343, il est acquis par la reine douairière Jeanne d’Evreux dame de Brie-Comte-Robert. Il devient alors mouvant du comté de Brie et les héritiers de Pierre de Chambly rendront hommage à Jeanne d’Evreux jusqu’aux années 1355. Le fief sera alors donné par le roi à son trésorier Philippe Gillier, chargé de surveiller et payer les travaux de défense du château de Vincennes, notamment la tour principale. Mais le trésorier royal n’en vit pas l’achèvement en 1639 car il fut emprisonné pour sa gestion défectueuse vers 1365.

En 1367, le domaine passe à Charles de Boistel, dit Charlot, échanson de la dépense du roi et membre de sa « cour d’amour» comme tous les seigneurs de Montreuil de cette époque. On croit savoir qu’il fut le premier baron de Montreuil et était populaire parmi la population qui lui fit ériger un monument à proximité du domaine « la croix Charles Boistel ».

Le chancelier Louis de Châtillon seigneur temporaire des fiefs Boistel et Lizac

En 1424, lors de l’occupation anglaise, son fief lui fut retiré et donné à un «  français renié », Louis de Châtillon-Saint-Pol-Luxembourg, également évêque de Thérouanne (1415-1436) et chancelier du roi d’Angleterre Henri VI.  Comme cité précédemment, le prélat reçut également le fief voisin de Lizac.

Après la guerre, les héritiers Boistel retrouveront leur biens mais le domaine revint en la main du roi qui l’aliéna en 1460 à l’abbaye Saint-Antoine-des-Champs. A partir de cette époque, les moniales détiennent les droits seigneuriaux et gèrent le domaine. Il est loué à bail à divers personnages, notamment le Président du Parlement Mathieu de Nanterre, bienfaiteur des religieuses et beau-père de Jean IV Le Viste qui devient le second baron de Montreuil.

La composition du fief Boistel

Le fief Boistel consistait en 4 livres de cens sur une masure proche de l'église, diverses redevances sur les maisons et terres de la rue du Pré et de la rue des Saints Pères ainsi qu’une redevance féodale dite « bernage », taxe sur les chiens tenus par le seigneur de Montreuil .Outre l’hôtel seigneurial, il comprenait à proximité 21 maisons, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins et rentes, l’ensemble situé rue de l’orme qui ne dort et angle rue du Pré et du chemin de Rosny.

Tableau de ses seigneurs.


Fief de Brie-Comte-Robert et hôtel de Boistel acquis par l’abbaye de Saint-Antoine. Propriété avec hôtel maison, granges, pressoir, étables, cour, vignes, jardins, rentes donnée par le roi Charles V.

Située à l’époque angle de la Rue de l'Orme qui ne dort et de la Rue du Pré et chemin de Rosny.


1307-1333

Pierre de Chambly supposé seigneur de la seigneurie de Montreuil et supposé seigneur pour les fiefs de Brie-Comte-Robert et Villemomble puis sa femme Jeanne de Machault à partir de 1310


1334-1352

Marie de Chambly, fille de Pierre et Jeanne de Machault, seigneur du fief de Brie-Comte-Robert et Villemomble.


1353-1372

Jeanne de Chambly, fille de Pierre et Jeanne de Machault, seigneur du fief de Brie-Comte-Robert et supposée pour les fiefs du Châtelet et Villemomble.


1360-1367

Le seigneur de l’hôtel est le receveur et trésorier du roi, Philippe Gillier qui fut sanctionné par sa majesté pour sa mauvaise gestion financière. Il perd son domaine en raison de ses dettes.

(JJ99, fol. 16, v°-19).

1367-1424

le domaine est acquit par Charles de Boistel, dit Charlot, écuyer puis échanson de la dépense et membre de la cour d’amour du roi. Le domaine lui sera retiré en 1424 au profit de l’évêque Louis de Luxembourg chancelier du roi d’Angleterre.


1373-1374

Marguerite de Clermont, femme de Raoul IV de Nesle, dame du fief du Châtelet et supposées pour les fiefs de Brie-Comte-Robert et Villemomble


1374-1405

Jean de Clermont-Nesle seigneur du fief du Châtelet et supposé pour les deux autres fiefs


1406-1407

François de Montbéron, seigneur des 3 fiefs


1408-1459

On ignore quels sont les seigneurs du fief de Brie-Comte-Robert qui est vendu en 1460 à l’abbaye Saint-Antoine. D’autre part, le domaine donné au chancelier Louis de Luxembourg par l’occupant anglais revient aux héritiers Boistel.


1460-1480

A partir de cette date, l’abbaye gère le domaine et le loue jusqu’en 1480, notamment au président du Parlement Mathieu de Nanterre.


1480-1500

En 1493, une croix fut hissée en l’honneur de feu Charles Boistel et son nom donné à la rue en signe de reconnaissance.

Le seigneur du domaine Boistel est désormais l’avocat parisien Jean Le Viste, gendre du président du Parlement, Mathieu de Nanterre, bienfaiteur de l’abbaye et important propriétaire terrien à Montreuil.

Jean Le Viste est apparenté à la famille du chancelier d’Orléans, Florimond 1er Robertet , par sa cousine Jeanne le Viste épouse de Jean Robertet vice bailli de Vienne, seigneur de Châtillon d’Azergues et de Bagnols-en-Lyonnais.

A.N. Série S 4403 et « Histoire de l’acquisition des terres nobles par des roturiers en Lyonnais, Forez et Beaujolais » selon Antoine Vachez 1891 BN page 43 et Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, Volume 48.

1501 à 1645

La succession de feu Jean Le Viste, mort en 1500, seigneur des fiefs d’Orléans, Arcy, la Pissotte et baron de Montreuil fait l’objet de contestations entre la famille de Chabannes et Robertet à propos de différends sur ses biens parisiens et lyonnais. Les procédures judiciaires engagées à Paris et Lyon dureront plusieurs générations.


1645-1649

Sur adjudication judiciaire, Séraphin le Ragois conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) acquiert l’ancien fief Boistel. Il reviendra à sa fille Marie Le Ragois épouse de Jean II Le Nain, futur Lenain de Tillemont car propriétaire de ce domaine (Voir Abbaye Notre-Dame de Livry et son fief de Tillemont)

A.D 93, CXXXI/112 du 14 juillet 1660, mention sur bail à rente en faveur d’Augustin Chevreau.

1650-1789

Le domaine Boistel suivra désormais le sort du fief de Tillemont aux mains des héritiers de la famille Le Ragois qui s’en désintéressent et le louent à divers particuliers. Il était en mauvais état lorsqu’il sera vendu comme Biens Nationaux.


§§§

3) L’abbaye augustine Notre-Dame Livry et son domaine de Tillemont.

Cette abbaye fut fondée à Livry, à quelques kilomètres de Montreuil, sur une terre appartenant à Guillaume (IV) de Garlande et donnée aux religieux en mémoire de son fils Thibault tué au service du roi. Le défunt fut inhumé en 1186 sur cette terre et sa tombe sera la base d’un oratoire puis d’une chapelle dite Notre-Dame des Brûlis. Autour, sera édifiée l'abbaye augustine Notre-Dame de Livry.

Les bienfaiteurs de Notre-Dame de Livry

La famille de Guillaume Garlande, de père en fils seigneur de Livry et chevaliers favoris du roi Louis VI, monopolisèrent les fonctions importantes de la cour royale, tels ceux de sénéchal, de bouteiller et de chancelier. En outre, ils contrôlaient depuis 1115 le péage de Bondy érigé en fief de la Couronne. En 1121 le cadet Etienne de Garlande, à la fois homme d'église et soldat, entra en rébellion contre le roi qui refusait de transmettre son poste de sénéchal à son neveu Amaury III de Montfort. En répression, le roi détruisit son château mais laissa la seigneurie à la famille de Garlande.

Tous les membres de cette famille, notamment Guillaume V qui possédait des biens sans droit de justice à Montreuil, firent d’importantes donations en mémoire de leur ancêtre au bénéfice de l’abbaye Notre-Dame de Livry. Les biens que cette dernière possédait à Montreuil proviennent de cette origine. Il s’agit en particulier de rentes et vignobles au lieu-dit Le Thillay qui sont à l’origine du domaine qui s’appela successivement Tillier, Thilemoy, Tilmont puis Tillemont, sans doute parce que Sébastien Lenain de Tillemont (1637-1698) a vécu 18 ans en reclus dans ce château. Historien et Janséniste convaincu, auteur des "Mémoires ecclésiastiques pour servir à l'histoire des six premiers siècles de l'Eglise", il était l’ami des philosophes de son temps ( Blaise Pascal (1623-1662) Jean Racine (1639-1699) et Charles Perrault (1628-1703) qui déploraient cependant son caractère velléitaire et son inaptitude à la vie sociale.

Chronologie des seigneurs de Tillemont

1217-1221

Jeanne de Garlande, épouse de Jean de Beaumont-sur-Oise (+ 1221) fils d’Yves de Beaumont fait donation à l’abbaye Augustine de Livry fondée par Guillaume de Garlande en 1203. Parmi ces donations des vignes à Thilloy, Tillier, Thieulemoy. C’est le début du domaine de Tillemont.

A.N. Série S 4360 et L 1014 n° 74 ainsi que Série S4369 p.1 .et série Q1 038.)

1222-1580

Le domaine de Tillemont est géré par son propriétaire l’abbé de Notre-Dame de Livry.


1581-1616

Le seigneur du Thillay -appellation de Tillemont- est le trésorier du roi Pierre Le Houx époux de Catherine Neveu (Nepveu) puis sa fille Madeleine Le Houx

Archives départementales 93, étude CXXXI/21 du 4/3/1616)

16217-1640

Le seigneur est Pierre du Biez (ou du Riez) conseiller du roi et époux de Catherine Mortier. Il tiendra le domaine jusqu’à sa mort en 1636. A partir de 1640, sa femme héritière du domaine entamera des négociations pour vendre ce bien à Claude Le Ragois de Bretonvilliers conseiller du roi Louis XIII et receveur général des Finances, propriétaire récent du manoir de Louis de Donon au plateau d’Avron, et les châteaux en mauvais état de Villemomble et Noisy-le-Sec.

rchives départementales 93 CXXXI/21 du 4/3/1616 puis liasses 48, 49, 53 et 67 des 9 janvier 1630, 15 juillet 1632 et 11 novembre 1637 et enfin Série Justice Z1 541

641-1698

Le domaine du Tillay appartiendra au couple formé par Marie Le Ragois de Bretonvilliers, fille du conseiller du roi Séraphin Le Ragois de Bretonvilliers conseiller du roi, seigneur de Guigneville (Loiret) et à son époux Jean II Le Nain seigneur de Beaumont, conseiller du roi et premier avocat général au Parlement, alors associé à un nommé Guignoreille conseiller du roi, rue du Buy à Paris, paroisse Saint-André.

Au décès des époux Le Nain le domaine de Tillemont reviendra à son héritier Louis Sébastien Le Nain, historien de l’église et janséniste qui mourut en sa propriété de Tillemont.
Ce domaine comprenait alors un parc de 53 arpents, deux plans d’eau et une chapelle.

Les domaines de la Boissière et Tillemont sont communs à la famille Le Ragois de Bretonvillier à partir de 1641.


CXXXI/112 du 11/7/1660

Archives départementales du 93 CXXXI/112 du 11 juillet 1660 et inventaire au décès réalisé le 29 janvier 1720.

1699-1759

Le domaine de Tillemont était aux mains de la famille Le Ragois de Bretonvilliers qui possédait depuis 1652 la seigneurie de Villemomble et la vendit en 1765 dans des conditions relatées ci-après. Le domaine fut partiellement démembré puis vendu vers 1760 .

Pas d’actes dans les archives locales.

1760-1775

Le seigneur de Tillemont est Jacques François Choulx de Bussy secrétaire du roi, munitionnaire des vivres à Paris. Il appartient à la maison d’Orléans qui est dorénavant propriétaire du domaine et de la seigneurie et du baillage de Livry depuis 1771.

Archives Départementales 93/376 du 6 décembre 1761 et Série judiciaire Z2 1299 pour le baillage

1776-1789

le domaine de Tillemont, en mauvais état, sera saisi en 1789 et vendu comme Bien National.




Ci-dessous, vue panoramique vers 1670 sur Montreuil et la Pissotte depuis le château de Vincennes

La Pissotte vue de Vincennes


Gravure exécutée par Pierre Brissart vers 1668, avec au fond en face le village de Montreuil et à droite celui de Fontenay-sous-Bois. On distingue le clocher à flèche de Saint-Pierre Saint-Paul, différent de celui de l’actuelle église de Montreuil. Le hameau de la Pissotte,  derrière les remparts, était depuis l’année précédente détachée de Montreuil. Le carosse au premier plan est dessiné sur l'actuelle esplanade du château, coté du bois. La limite entre Montreuil était l'ancienne voie romaine allant de Paris vers la Brie via Chelles et Lagny.
De nos jours cette importante voie de circulation porte le nom de route nationale 34 et de rue de Paris à Vincennes.
§§§

 vers carte
vers accueil
vers seigneurs laïcs