Les successeurs des pontonniers de la République et de l'Empire
Le corps royal des
pontonniers sous la Restauration et la Monarchie de Juillet
Peu après la chute définitive de Napoléon, l'ordonnance royale du 31
août 1815 porte création du « Corps royal des pontonniers » composé
d'un seul bataillon à 6 compagnies. Il n'est pas mis sur pied
immédiatement. En effet, les compagnies existantes sont licenciées à
l'exception des 6eme et 7eme compagnies qui sont conservées jusqu'au
1er janvier 1816. Transformées en trois cadres de compagnies et
dirigées sur Orléans, ces unités constituent le noyau autour duquel se
formera le nouveau bataillon. En 1818, le bataillon est transféré au
dépôt de Strasbourg où en 1819, une commission est chargée d'étudier la
composition des différentes compagnies (personnel et matériel) en
profitant des expériences acquises lors des campagnes précédentes.
L'expédition d'Espagne
1823-1824
Dans le cadre de la Sainte Alliance, la France est chargée de restaurer
le pouvoir de Ferdinand VII en Espagne.
Une expédition militaire
est donc engagée aux ordres du duc d'Angoulême. Deux compagnies de
pontonniers, commandées par le chef de bataillon Liautey,sont désignées
pour accompagner l'armée. Toutefois, elles ne parviennent à Bayonne que
le 16 avril alors que l'armée a franchi la Bidassoa 8 jours auparavant
grâce à un pont lancé par la 7eme compagnie d'artillerie à pied selon
les instructions données par le général Tirlet, commandant de
l'artillerie. Très endommagé par le passage des troupes, reconstruit
par les pontonniers de la 2eme compagnie, il est replié le 22 mai. La
lere compagnie poursuit son chemin en direction de Madrid qu'elle
atteint le 26 mai. Deux escouades de cette unité accompagnent la
colonne chargée de prendre Cadix. Une autre escouade se dirige sur
Séville et la dernière escouade doit lancer un pont sur le Tage à
Almaraz. Toutefois, les pontonniers sont dépourvus de matériel et la
région ne possède pas de ressources. Ils réparent alors deux bateaux et
construisent un radeau. Avec ces moyens dérisoires ils font franchir la
coupure à une division de cavalerie, un régiment d'infanterie, une
compagnie d'artillerie, du train et du génie et aux bagages. Le 12
juin, l'escouade retourne à Madrid. Le 1er juillet, le chef de
bataillon Liautey et la 2eme compagnie ont ordre de rallier Madrid. De
là, avec une section, il prend la direction de Cadix. Le reste de la
compagnie demeure dans la capitale et travaille aux réparations du
Grand Parc et fortifie l'enclos qui le renferme ainsi que l'artillerie
du 1er Corps.
La prise de Cadix est conditionnée par la prise préalable du fort du
Trocadéro qui se trouve sur une île (un canal a été construit pour le
séparer de la presqu'île). En conséquence, les pontonniers doivent
édifier un pont. Pour ce faire, ils se procurent les moyens nécessaires
dans le voisinage. Le 29 août, vers 19 heures, ils lancent les
portières et le lendemain vers 2 heures elles pénètrent dans la
coupure. En 25 minutes, le pont est déployé malgré le feu des batteries
espagnoles. Le fort tombe aux mains de l'armée française. Ensuite, il
leur est demandé de déployer un pont sur le Santi-Pietri. Il faut vingt
jours pour réunir le matériel adéquat. Les travaux débutent sous un feu
si vif de l'artillerie que la construction doit être abandonnée. Cela
n'empêche pas la prise de la ville le 3 octobre. Ferdinand VII est
restauré dans ses droits ce qui met un terme à la campagne. Les
pontonniers embarquent le 15 novembre et rejoignent leur dépôt de
Strasbourg le 22 janvier 1824.
Les réorganisations des pontonniers de 1825 et 1829
L'expédition d'Espagne a révèlé l'importance des pontonniers et le 27
février, le bataillon est porté à 12 compagnies pour un effectif de 995
hommes en temps de paix. Toutefois, les restrictions budgétaires
empêchent la mise à exécution de cette réforme. Ce n'est que le 3 août
1829, suite à la publication d'une nouvelle ordonnance, que le projet
de 1825 est enfin réalisé.
Début de la conquête de
l'Algérie 1830
La 3eme compagnie est désignée pour accompagner l'armée dans
l'expédition d'Alger. Elle embarque à Toulon le 10 mai 1830 et concourt
au débarquement du matériel. Le 5 juillet, Alger est prise. Les
pontonniers ne restent pas en Algérie. Dés le mois d'août ils sont de
retour. En 1837, un détachement de la 5eme compagnie est désigné pour
prendre part à l'expédition sur Constantine. Il est doté de 2 bateaux
d'avant-garde et de bois pour construire 2 ponts sur chevalets. Le 20
août, il atteint le camp de M'jez-Hammar. Les pontonniers édifient 2
ponts sur la Seybousse, un pour l'infanterie et un pour les
voitures ce qui permet de relier l'armée qui est séparée par ce cours
d'eau. Par ailleurs, ils construisent 2 passerelles sur deux oueds ce
lui autorise d'armer la « batterie Royale ». Pendant le siège de
Constantine, ils sont contraints de lancer 2 ponts supplémentaires avec
des effectifs réduits. La ville est conquise suite à un assaut le 18
octobre 1837. En fin d'année, ils regagnent Alger.
Au printemps de 1838, les pontonniers construisent 2 ponts de chevalets et des passerelles sur le Mazafran et l'Amir. En 1839, un petit détachement se joint à l'expédition qui force le Teniah de Mazora et prend Médéa. En 1842, la 5eme compagnie prend part à une expédition en Kabylie. Pour ce faire, elle édifie un pont de chevalets sur le Mazafran et concourt à l'attaque des positions défendues par les kabyles. En mars 1845, la 6eme compagnie remplace la 5eme. En 1846, elle participe à une expédition lancée contre Abd-el-Kader avant d'être remplacée en 1850 par la 10eme compagnie. En 1851, cette dernière prend part au siège de Bougie où elle sert les pièces de siège. En 1856, elle accompagne une expédition en Kabylie. Elle construit de nombreuses passerelles sur la Signemetture et un pont de pilotis sur Tisser. En 1858, la lere compagnie vient renforcer la 10eme à l'établissement d'un pont de pilotis sur la Djemma et la Bouk-Doura. En août 1859, la 10eme compagnie, bien que participant à la guerre en Italie, fournit un détachement à une colonne expéditionnaire en Kabylie. En octobre 1859, la 10eme compagnie est jointe à l'expédition du Maroc et tend un pont sur la Morullah. Suite à la réorganisation de 1860, les compagnies changent de numéro mais poursuivent leur service en Algérie. En octobre 1864, les 2 compagnies rentrent en France. Elles sont remplacées par la 11eme compagnie. Pendant tout leur séjour en Algérie, les pontonniers ont fréquemment été utilisés comme artilleurs, tâche dans laquelle ils ont toujours été à la hauteur.
L'expédition d'Anvers
1832
Le 18 novembre 1830, l'indépendance de la Belgique est proclamée suite
à une révolution. Les Anglais et les Français reconnaissent la Belgique
en tant qu'état neutre et indépendant. Mais la Hollande n'admet pas cet
état de fait. La France déploie un corps d'observation, commandé par le
maréchal Gérard, sur sa frontière nord en juin 1831. Les combats entre
hollandais et belges sont défavorables à ces derniers. Ils appèlent à
l'aide l'armée française. Le 9 août, elle pénètre en Belgique. Le 13
août, les Hollandais retraitent en direction de leur frontière face à
l'avance française. Toutefois, ils conservent la citadelle d'Anvers. Le
30 septembre, toutes les forces françaises ont évacué le territoire
belge. Le problème d'Anvers n'étant toujours pas résolu, le
gouvernement français se résout à envoyer une nouvelle expédition.
L'armée entre en Belgique le 15 novembre 1832. Deux compagnies de
pontonniers (lere et 2eme), aux ordres du chef de bataillon
Payan,comprenant un petit équipage de pont l'accompagnent. Le 22
novembre, un détachement de pontonniers établit un bac sur l'Escaut à
Kalbec pour entretenir les communications de l'armée entre les deux
rives de la rivière. Le 29 novembre, les compagnies atteignent Boom et
font passer le Rupel à quelques divisions à l'aide de portières.
Pendant le siège, elles sont employées aux travaux du Grand Parc et au
transport des pièces de siège sous la responsabilité du général Neigre,
commandant de l'artillerie. Le 23 décembre, la citadelle d'Anvers
capitule. Les pontonniers regagnent Douai le 11 janvier.
La Seconde
République et le Second Empire
La réorganisation de 1840 A cette date, le volume de l'artillerie est
accru. Le bataillon de pontonniers est transformé en régiment et prend
l'appellation de 15eme régiment d'artillerie-pontonniers,prenant rang à
la suite des autres régiments. Le régiment conserve ses 12 compagnies.
L'expédition de Rome 1849
En novembre 1848, le premier ministre des Etats pontificaux est assassiné par les révolutionnaires. Le pape Pie LX se réfugie dans la forteresse napolitaine de Gaète. Il lance un appel au secours aux puissances catholiques en février 1849. Elu président en décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte décide d'intervenir en avril 1849. Le corps expéditionnaire, commandé par le général Oudinot, fils du maréchal de l'Empire, engerbe la 7eme compagnie de pontonniers. Cette unité est dépourvue de matériel spécifique. Le 12 juin, elle embarque à Toulon destination de Civita-Vecchia. Elle arrive à destination le lendemain et aide au déchargement du matériel d'artillerie. Dans la foulée, elle prend la direction de Rome qu'elle atteint le 14. Là, on lui confie la mission de lancer un nouveau pont sur le Tibre. Pour le réaliser, il est nécessaire de récupérer du matériel dans les environs. Dans le même temps, il faut réparer le pont de Ponte-Molle coupé en plusieurs endroits par les insurgés romains. Fin juin, les pontonniers doivent protéger leur ouvrage que les romains tentent d'incendier à l'aide de brûlots. Le 30 juin, la ville tombe. Le 11 octobre, la compagnie rembarque à Civita-Vecchia et ne rejoint Strasbourg que le 20 novembre.
La réorganisation des
pontonniers de 1854
Le régiment d'artillerie-pontonniers prend le numéro 6 et est placé à
la suite des régiments d'artillerie à pied. Il est composé d'un
état-major, d'un peloton hors-rang, de 12 compagnies de
canonniers-pontonniers, de 4 compagnies de canonniers-conducteurs et
d'un cadre de dépôt. Son effectif en temps de paix s'élève à 1647
hommes.
La
guerre de Crimée 1854-1856
La Russie cherche depuis des décennies à accéder à la Méditerranée et
pour ce faire tente de démanteler l'Empire ottoman. Les autres Grandes
Puissances ne veulent pas d'un changement de l'ordre européen.
La guerre russo-ottomane laisse présager une rapide victoire russe
(bataille navale de Suinope le 30 novembre 1853, invasion de la
Roumanie et combats du Caucase)
les Français et le Britanniques déclarent alors la guerre au Tsar.
Le contingent français est
accompagné par 3 compagnies de pontonniers (lleme, 12eme et 3eme). Les
unités sont dépourvues d'équipage de pont. La 1 leme compagnie embarque
à Marseille le 1er mars 1854 et arrive à Gallipoli quinze jours plus
tard. Là, elle construit des débarcadères et érige un pont de pilotis.
Ensuite, les pontonniers fabriquent un petit équipage de pont de
chevalets. Puis la compagnie est envoyée en Roumanie. En juin, elle
édifie un pont de bateaux sur le Koenitzchitz afin de permettre aux
troupes venant de Gallipoli de rejoindre Varna. Le 11 juillet, un
détachement, accompagné de pontonniers anglais, se dirige sur
Roustchouk où il est mis à disposition d'Orner Pacha, le commandant en
chef de l'armée ottomane. Là, ils jettent un pont de bateaux sur le
Danube après avoir réquisitionné le matériel nécessaire. Le 12 août, le
pont est opérationnel. L'armée ottomane franchit la coupure et occupe
Bucarest le 22 août.
La 12eme compagnie n'arrive à Varna que le 5 août alors qu'un
détachement construit du matériel de débarquement à l'arsenal de
Constantinople. Les 2 compagnies débarquent dans la baie d'Eupatoria le
1er septembre. Affectés à la réserve d'artillerie, ils assistent à la
bataille de l'Aima le 20 septembre. En octobre, ils bâtissent des
jetées d'embarquement en rade de Kamiesh, prés de Sébastopol. Pendant
le siège, les artilleurs font le service de l'artillerie au sein de
plusieurs batteries. En avril 1855, la lleme compagnie est retirée des
batteries pour construire 2 petits équipages de pont. Elle est
remplacée dans la tranchée par la 3eme compagnie qui vient de
rejoindre. Le 4 septembre, elle prend part à l'attaque contre la tour
Malakoff. Le 8 septembre, les russes évacuent Sébastopol.
En février 1856, la 3eme compagnie est désignée pour participer à la
prise du fort de Kinburn, en face d'Odessa. Dans un premier temps elle
aide au débarquement des troupes et du matériel. Ensuite, après la
prise du fort, elle édifie une jetée de débarquement. A Sébastopol, la
12eme compagnie construit plusieurs cales d'embarquement.
La 11eme compagnie quitte la Crimée en avril, les 3eme et 12eme
compagnies en juillet pour regagner le dépôt de Strasbourg..
La campagne d'Italie 1859
En mai 1859, Napoléon III décide d'apporter son concours au royaume du
Piémont qui vient d'être envahi par l'Autriche. Pour cette opération,
l'armée française dispose de 6 compagnies de pontonniers (2ème,
4ème,5ème,7ème,8ème et 10ème, chacune disposant d'un équipage de pont.,
sauf la 7ème dépourvus de matériel spécifique.)
Elles ont quitté
Strasbourg et arrivent à Alexandrie, zone de concentration de l'armée,
les 21 et 22 mai. La 2eme compagnie, dotée d'un équipage de pont de
circonstance, part de Lyon et les rejoint un peu plus tard. La 8eme
compagnie se met en mouvement à compter du 30 mai. La 10eme compagnie
qui arrive d'Alger débarque à Livourne le 8 juin.
Les 2eme, 4eme et 5enw compagnies arrivent le 30 mai sur la Sezia face
à Palestro. Dans la nuit du 30 au 31 débute le lancement d'un pont qui
doit couvrir les trois bras de la rivière. L'emplacement a été choisi
par le général Leboeuf , commandant de l'artillerie. Le passage des
troupes débute à 7 heures.Dans la journée, les autrichiens tentent de
détruire les ponts grâce à de puissants tirs d'artillerie. Bien
contrebattue, la tentative autrichienne échoue. A la fin du
franchissement, les ponts sont repliés et les compagnies prennent la
direction de Verceil qu'elles atteignent le 1er juin. Le 3, chaque
unité doit lancer un pont sur le Tessin à hauteur de Turbigo pour faire
franchir l'armée qui le lendemain remporte la bataille de Magenta. Le
5, les 4eme et 5eme compagnies lancent un autre pont sur le Tessin à
San Martino. La 4eme se voit confier l'entretien de l'ouvrage qui voit
des troupes passer jusqu'au 6 juillet. Le 9 juin, la 2eme compagnie
jette un pont sur le Tessin à hauteur de Végérano pour livrer passage à
la cavalerie du 5eme Corps.
Le 12 juin, les 5eme et 8eme compagnies sont chargées d'édifier chacune un pont sur l'Adda dans les environs de Cassano. Le 24, les français remportent la bataille de Solférino. Les autrichiens s'étant repliés derrière le Mincio en direction de l'Adige, l'armée franchit cette rivière à hauteur de Mozzambano sur un pont de bateaux construit par la 5eme compagnie le 29 juin. La 2eme compagnie lance un pont en face de Borghetto tandis que la 8eme en établit 2 à Molini di Volta. La 8eme en édifie un nouveau toujours sur le Mincio à Saliouze. La 7eme compagnie sert uniquement sur la ligne du Pô. Ainsi, elle jette un pont, à vocation permanente, à Mezzano-Corti le 14 juin. Ensuite, elle est chargée d'en établir un autre à Plaisance en vue de remplacer l'ouvrage d'art détruit par les autrichiens. Il est achevé le 21 juin. Dans le même temps, un détachement rétablit le pont sur pilotis de Pizzighetone. Il est franchi le 22 par une division de cavalerie. Le 27 juin, elle lance un pont à Cassel-Maggiore qui est achevé le 29. Les 2ème, 4èrae, 5ème, 7ème, 8ème et 10ème compagnies sont réunies à Alexandrie. A partir de la mi août, les unités vont commencer leur rapatriement vers la France. Seules, les 8eme et 10eme compagnies demeurent au sein de l'armée d'occupation. La 8eme conserve un équipage de pont. Ces 2 unités n'effectuent leur retour qu'en mai 1860.
L'expédition
de Chine 1859-1860 ou guerre de l'opium
Les tensions commerciales entre la Chine, la Grande Bretagne et la
France perdurent depuis un certain temps. En 1859, la Chine décide de
ne pas ratifier un traité déjà signé. Les deux nations occidentales
décident de l'envoi d'un corps expéditionnaire conjoint. Les troupes
françaises, aux ordres du général Cousin-Montauban, sont appuyées par
la 6eme compagnie de pontonniers. Elle est dépourvue de matériel de
pontage. Elle quitte Strasbourg le 26 novembre puis Toulon avec le
reste des troupes (8000 hommes) le 5 décembre. Elle débarque à Shanghai
le 24 mai 1860. Dés leur arrivée, les pontonniers concourent à la défense du secteur tout en construisant un
équipage de pont de chevalets.
Le 13 juin, ils débarquent avec leur matériel à Tché-Fou. Le 24 juillet, ils reprennent la mer à destination de Petchili qu'ils atteignent quelques jours plus tard. Le 12 août, la compagnie édifie une jetée pour assurer les déchargements puis, à la suite de l'armée, entre à Peï-Tang.Dans la foulée, elle accompagne l'avant-garde afin d'installer des ponts de chevalets sur les petits canaux qui coupent la région. L'armée pouvant alors se déplacer, le fort de Takou est enlevé. Le 16 août, la compagnie bivouaque au bord du Peï-Ho afin de lancer un pont de bateaux, de concert avec des pontonniers anglais, pour permettre aux troupes de franchir le fleuve. L'ouvrage est achevé le 24. Dans la foulée, les pontonniers reconnaissent les différentes coupures. Le 31, ils entrent à Tien- Tsin et ont ordre de bâtir quatre jetées pour le déchargement des vivres et des munitions. Dans le même temps, ils organisent des convois de jonques de ravitaillement pour suivre l'armée qui longe le Peï-Ho. Le 17 novembre, ils atteignent Nati-Ho. Le lendemain, ils participent au combat de Chang- Hia-Wan. Poursuivant leur route vers Pékin, ils accomplissent toutes les tâches normalement dévolues aux sapeurs. Le 21 septembre, ils prennent part au combat du pont de Palikao contre la cavalerie tartare. Le 25, un détachement de pontonniers retourne à Tien-Tsin chercher les munitions nécessaires au siège de Pékin. Le 5 octobre, à nouveau réunie, la compagnie fait route vers la capitale impériale. Ils entrent dans la ville le 14. Le 28, un détachement de pontonniers amène des munitions par le fleuve et par la route en direction de Tang-Tchaou. L'autre détachement suit toujours l'armée qui atteint Tien-Théo le 4 novembre. Le 18 novembre, la 6eme compagnie embarque pour Shanghai, moins un détachement qui reste à Tien- Tsin, pour y passer l'hiver. Le 8 mai 1861, la compagnie prend la mer direction Toulon qu'elle atteint le 25. Elle regagne Strasbourg le 30. De son côté le détachement de Tien-Tsin est employé au Grand Parc d'artillerie pour réparer les jonques de servitude. Par la suite, ils établissent un pont et construisent deux jetées. Le 13 juin, ils entament leur retour. Ils sont à Strasbourg le 21 octobre.
La réorganisation des pontonniers de 1860
Les compagnies de
pontonniers-conducteurs et le cadre du dépôt sont supprimés. En
revanche, le 6eme escadron du Train d'artillerie est attaché au
régiment afin d'atteler les équipages de pont. En outre, une compagnie
d'ouvriers pontonniers est créée et rattachée à la division
d'infanterie de la Garde Impériale. Elle est supprimée en 1865 pour
raison budgétaire.
La guerre du Mexique
1862-1867
Depuis la fin des années 1850, les relations diplomatiques entre le
Mexique, l'Espagne, la Grande Bretagne et la France sont exécrables et
ce pays est très fortement endetté auprès de ces puissances. Napoléon
III envisage même de remplacer le régime républicain du président
Benito Juarez par une monarchie dont le trône serait confié à un
archiduc autrichien. Une expédition tripartite est donc organisée afin
de récupérer les créances énormes du gouvernement mexicain. Le
contingent français (2500 hommes) débarque à Vera Cruz le 2 janvier
1862. Ayant obtenu en partie satisfaction, les espagnols et les
britanniques rembarquent. En avril, les français restent seuls mais
sont rejoints par des renforts amenés par le général de Lorencez. Le
corps expéditionnaire comprend alors 4500 hommes.
La lere compagnie de pontonniers est désignée pour rejoindre les troupes. Elle quitte Strasbourg le 24 août, sans matériel de pontage, et arrive à Vera Cruz le 3 novembre. Jusqu'au 7 décembre, les pontonniers sont cantonnés dans la ville et travaillent à l'arsenal. Puis la compagnie marche sur Orizaba où elle entre le 14 décembre. Elle en repart le 13 février 1863 pour participer au siège de Puebla qui a été très sérieusement fortifiée par les mexicains. Les pontonniers sont alors chargés de servir une batterie de 4 de montagne après en avoir édifié les retranchements. Par leurs tirs, ils concourent à la prise du fort San Javier le 29 mars. Dans la foulée, ils installent leurs pièces dans les étages des bâtiments pour tirer sur des maisons fortifiées. Grâce à des tirs précis, les pontonniers ouvrent plusieurs brèches. Puis, les pontonniers construisent une batterie de 3 pièces à Morelos, en appui d'autres batteries, pour prendre à partie le couvent de Santa Inès. Le 25, le bombardementdébute, les pontonniers servant 2 mortiers de 12, et renverse une partie des murs. Toutefois, les conditions d'un assaut ne sont pas encore réunies. Un autre point de la défense est alors ciblé et les pontonniers construisent une nouvelle batterie. Le 17 mai, la place tombe enfin. Suite à la reddition de la ville, la compagnie part pour Mexico. Alors que les pontonniers sont employés aux réparations du Parc d'artillerie, une partie de la compagnie part pour une expédition sur Guadalajara conduite par le général Bazaine. Les pontonniers, emportent avec eux deux bateaux en vue de faciliter le franchissement des cours d'eau. Atteinte le 7 janvier 1864, ils la quittent peu après direction Mexico. En chemin, à La Conception ils font passer le Rio Grande à l'infanterie au moyen de leurs bateaux. Plus loin, à La Piedad, ils aident les villageois à s'organiser défensivement. Ils sont de retour à Mexico le 6 février. Pendant ce temps, la partie de la compagnie restée à Mexico est chargée de la surveillance des lacs au moyen de 2 bateaux armés.
A la fin de l'année 1864, l'armée française a fait reconnaître
l'autorité de l'Empereur Maximilien sur une partie du territoire
mexicain. Dés lors, il convient de poursuivre la pacification de
certaines provinces. Dans ce cadre, une expédition à destination
d'Oajaca démarre le 21 novembre. Une partie de la lere compagnie y est
associée. Sans matériel de pont, on lui confie la responsabilité du
matériel de siège. Le déplacement du charroi d'artillerie se révèle
très difficile dans des contrées escarpées sans chemins véritables.
Malgré tout, l'investissement de la place débute le 27 janvier 1865.
Les pontonniers construisent une batterie de sacs à terre armée de 4
canons rayés de siège au sommet de la Ventosa. Leur action leur vaut de
nombreux éloges. La ville se rend le 9 février 1865. La compagnie
retourne à Mexico le 18 mars puis est envoyée le 29 juillet à
Salamanca. A l'aide de quelques bateaux divisibles de leur fabrication,
les pontonniers font franchir le Rio Lama à 3 colonnes d'infanterie
puis portent secours aux habitants de la ville, victimes de violentes
inondations. La compagnie rejoint Mexico le 28 octobre. La situation
sur le terrain devenant intenable, les Français laissent Maximilien à
son sort. Les dernières troupes évacuent le Mexique le 11 mars 1867.
Les
réorganisations des pontonniers de 1867 et 1870
Le 14 mai 1867. le régiment d'artillerie-pontonniers prend le numéro
16, à la suite des quinze régiments mixtes d'artillerie. Il se voit
doté de 2 compagnies supplémentaires (14 au total). L'effectif en temps
de paix est porté à 1589 hommes. Le 18 juillet 1870, est créé un dépôt
pour les besoins de la guerre. Par ailleurs, les 6 escadrons du train
d'artillerie étant réunis en 2 régiments, les équipages de pont ne
possèdent plus d'élément permanent pour assurer leur déplacement. Il
faudra donc avoir recours aux attelages prêtés par d'autres corps. Cela
aura des conséquences catastrophiques dans le conflit qui s'annonce.
La guerre de 1870-1871
Les 14 compagnies du 16eme
régiment d'artillerie-pontonniers constituent : 1 équipage de pont par
Corps d'armée (1 compagnie à chacun des 6 Corps), 1 équipage de pont de
réserve (2 compagnies), 6 compagnies et le dépôt restent à Strasbourg.
Malheureusement, seules 3 compagnies (2eme, 4eme et 8eme) peuvent
rejoindre leur Corps respectif. Les autres ne peuvent le faire faute de
chevaux pour atteler leurs équipages de pont. L'armée de Metz La 4eme
gagne Metz le 22 juillet puis est dirigée sur Forbach le 4 août où elle
est rejointe par la 2eme. Elles font route vers Saint-Avold. Si la 2eme
compagnie peut effectuer facilement ce mouvement, une compagnie du
train lui étant affectée, il n'en va pas de même pour la 4eme qui ne
dispose pas d'attelage. Ne pouvant être déplacé, l'équipage de pont est
détruit sur place et la compagnie rejoint Metz le 8. La 8eme compagnie
a atteint cette ville dés le 6. Les 3 unités sont désormais réunies
dans cette place forte. Elles sont employées tant à rétablir ou réparer
les moyens de franchissement en amont ou en aval de la cité que
chargées de l'armement et de la défense d'une partie des remparts de la
ville. Dans la nuit du 12 au 13, une crue submerge les ponts aval alors
qu'ils devaient livrer passage à l'armée le 14 en vue de rallier
Verdun. Les 2eme et 8eme compagnies lancent un pont de bateaux de
remplacement sur le grand bras. Ensuite, la 8eme jette 2 ponts de
chevalets à proximité. Dans le même temps, les Ponts et Chaussées
relèvent les ponts sur le petit bras. La 4eme compagnie est adjointe
aux 2 autres unités afin de renforcer les ponts de sacs de terre afin
de leur assurer une meilleure stabilité. L'armée peut donc franchir la
Moselle dans l'après-midi du 14 et dans la nuit. Elle se porte alors au
secours du 3eme Corps attaqué à Borny. Le 15, les 3 compagnies replient
les ponts installés avec tant de difficultés et suivent les troupes qui
se portent vers Gravelotte.
Après les échecs des derniers combats, les
compagnies de pontonniers rentrent à Metz le 18. Le maréchal Bazaine
envisage alors une marche sur Thionville. De la sorte, il faut rétablir
les communications entre les deux rives de la Moselle. Le 20, il est
décidé de lancer 2 ponts sur chaque bras en dessous de la place. Les 3
compagnies se mettent immédiatement à l'ouvrage. L'armée franchit la
coupure les 22, 25 et 26 août. Mais aussitôt sa concentration achevée,
contre ordre est envoyé et l'armée retourne dans ses cantonnements. Le
27, le colonel Marion, directeur des ponts, ordonne de construire un
troisième pont qui est édifié par la 2eme compagnie. Le 31, les troupes
de la rive gauche passent la rivière de 6 heures à 18 heures et
engagent des combats sous les murs de la ville. A partir du 10
septembre, les crues successives obligent les pontonniers à effectuer
de nombreuses réparations sur les ouvrages. Puis, les ponts de bateaux
sont repliés et remplacés par des ponts de chevalets. Pendant les deux
mois du siège, les pontonniers construisent 10 ponts et en réparent ou
consolident 7, et arment en même temps les forts Moselle et Chambière
et l'île Sauley. Le 27 octobre, Metz capitule et les pontonniers
partent en captivité.
Le siège de Strasbourg
Les lère, 3ème, 6ème, 9ème, 13ème, 14ème compagnies et le dépôt arment Strasbourg. C'est le colonel
Fiévet, commandant du 16eme Régiment d'artillerie-pontonniers qui
devient commandant de l'artillerie de la place. Le 14 août, il est
remplacé dans cette fonction par le général Barraine qui vient de
rejoindre la garnison de manière rocambolesque. Ce même jour, les
premiers obus prussiens tombent sur la ville. Le 16, le colonel Fiévet
prend le commandement d'une sortie au cours de laquelle il est
mortellement blessé. Les compagnies de pontonniers sont employées à
l'armement des ouvrages extérieurs et avancés entre le fort de Pierre
et la porte de Saverne. Le pilonnage de l'artillerie prussienne
occasionne de très fortes pertes. Malgré des prodiges de bravoure, la
ville capitule le 27 septembre et le 28 les pontonniers des dites compagnies partent en
captivité.
L'armée de Sedan
La 5eme compagnie parti de Strasbourg et destinée au 5eme Corps, devait percevoir son équipage
de pont à Arras. Après de multiples pérégrinations, elle rejoint Sedan
le 30 août. Le lendemain, ordre lui est donné de rétrograder sur Givet
en vue de rejoindre Paris. La 7eme compagnie, partie de Lyon et
affectée au 7eme Corps, doit prendre en compte son équipage de pont à
Auxonne. De là, elle doit aller sur Besançon puis Langres. Le 21, elle
se dirige sur le camp de Châlons-sur-Marne en passant par Paris.
Arrivée dans cette ville, le maréchal Mac Mahon lui intime l'ordre de
gagner Soissons. C'est chose faite le 22. De là, elle doit rejoindre
Sedan. Mais le 2 septembre, prés de Maubert-Fontaine, elle croise de
nombreux fuyards qui l'informent de la défaite. Le capitaine décide
alors de rétrograder en attendant les ordres. La 12eme compagnie est
destinée à l'équipage de réserve de Toul. Le 23 juillet, la 10eme
compagnie lui est adjointe. Le 26, les deux unités sont rattachées au
Parc de réserve de l'artillerie du Rhin. Le 11 août, elles rejoignent
Châlons-sur-Marne grâce à des trains de bateaux. Le 19, elles gagnent
Paris. Là, les deux unités sont séparées. La 10eme reste dans la
capitale alors que la 12eme, avec l'équipage de pont, doit gagner
Sedan. C'est chose faite le 30. Dés le lendemain, l'investissement de
la place débutant, elle rétrograde sur Givet, puis de là gagne Hirson.
Sur
les 14 compagnies soit 2500 hommes qui forment le 16ème régiment
d'artillerie-pontonniers, les moyens attribués pour la défense de la
Capitale étaient les suivants:
Sont présents un
équipage de pont de corps d'armée échappé de Sedan armé par la 5° compagnie, capitaine
Parisit, lieutenant Barbui) et un équipage de réserve destiné primitivement à l’armée du Rhin
(10° compagnie, capitaine Chaulet d’Outremont). La 5° compagnie, initialement
destinée au 5° corps, partie de Strasbourg et formée à Arras, a rejoint Sedan
le 30 aout mais a reçu l’ordre de se porter sur Givet le lendemain. Elle
rejoint Paris le 6 septembre et cantonne à Clichy. Ces unités sont renforcées
par les 1° (capitaine Paillotin) et 2° (capitaine Sanial du Fay) compagnies de
pontonniers des Mobiles du Rhône (affectées au 5° secteur de l’enceinte).
Ces quatre compagnies sont secondées par
les pontonniers auxiliaires de la marine qui forment un détachement de 150
gabiers d'élite commandés par le capitaine de frégate Rieunier et l'enseigne de
vaisseau Versnheider. Ces pontonniers marins jetteront, sous le feu de
l'ennemi, les deux ponts de Bry-sur-Marne dans la journée du 30 novembre 1870.
A cette occasion, ils auront quelques pertes et le capitaine de frégate
Rieunier sera blessé. L’enseigne de
vaisseau Versnheider est tué par un obus prussien
le 2 décembre 1870 à Bry-sur-Marne alors qu'il surveille l'installation des
ponts sur la Marne.
Les agents du
service de la Navigation de la Seine forment deux sections de pontonniers
auxiliaires, composées chacune de trois escouades actives et une de réserve.
Ces sections sont chargées de la garde et de l'entretien des ponts et
estacades. Cette unité comprend 80 hommes armés. La section située en amont est
commandée par l'ingénieur Boule,
la section d'aval par Monsieur Gadot.
S’ajoutent à ces moyens les mariniers de la Seine (établissements d’Ivry et des Moulineaux), commandés par Monsieur Krantz, ingénieur des Ponts et Chaussées. Ces mariniers ont réalisé pendant le siège 8 ponts, dont un pour l’artillerie, les sept autres plus légers. Ils ont servi en particulier lors de la bataille de Champigny, avec un pont d’artillerie mis en place le 30 novembre en amont de Joinville sur la Marne.
Les ponts et les combats autour de Paris
Au mois de septembre 1870, la capitale assiégée compte
2 équipages de pont armés par les 10eme et 5eme compagnies . Le 13 septembre,
la 10eme compagnie tend un pont de bateaux sur la Seine en aval de l'île
Billancourt. Ce pont de 180 mètres est achevé le
lendemain et sera démonté dans la nuit du 22 au 23 pour construire deux ponts
au niveau de Neuilly. Renforcée par un détachement de la 5° compagnie, la 10°
compagnie établit ces deux ponts en amont et en aval de Neuilly. Du 9 octobre
au 24 novembre, la 5° compagnie construit et arme 3 batteries de mortiers pour
contrebattre les batteries prussiennes installées à Saint Cloud. Le 10 octobre,
pour rétablir les communications entre Clichy-la-Garenne et Asnières, les 5° et
10° compagnies tendent chacune un pont.
Courant octobre, un détachement de la 5°
compagnie, commandé par le lieutenant Barbui, est employé au service d'une
batterie de 2 pièces de 12 de siège et d'une pièce de 24 de siège. Cette batterie prendra part à la reconnaissance opérée en
avant de Rueil, dite attaque de la Malmaison, lors de la première bataille de
Buzenval (21 octobre).
Dans la nuit du 28 au 29, la 10° démonte le pont en amont de Neuilly et le
transporte sur le bras gauche de la Seine.
Le
11 novembre, les deux unités sont placées sous les ordres du chef de bataillon
Marulat. Le capitaine en 2° Saint-Rémy prend le commandement de la 10°
compagnie, en remplacement du capitaine Chaulet d’Outremont, promu chef
d’escadron.
En vue de la bataille de Champigny (fin novembre - début décembre), les
deux compagnies replient les ponts de Neuilly et de Clichy et les stockent sur
la place d'Asnières. Le 29, la 5° compagnie lance 2 ponts sur la Marne à
hauteur de Créteil pour faciliter le passage des troupes devant opérer à
Montmesly. La 10° compagnie construit 2 ponts sur la Marne entre Bry et
Neuilly-sur-Marne sous la protection de l'artillerie des forts. Le 2 décembre,
l'artillerie prussienne tente de détruire les ouvrages, mais la contrebatterie
française la musèle. Le 3, tous les ponts sont repliés et la 10° compagnie se cantonne
à Vincennes. De son côté, la 5° compagnie replie ses ponts le 5 et rejoint
son cantonnement à Clichy.
Les équipages de pont au quai de Bercy.
Mémorial illustré du premier siège de
Paris (1870 – 1871) par Lorédan Larchey
(3° édition, Librairie de la société anonyme de publications périodiques).
Le 21 décembre, lors de la
seconde bataille du Bourget, la 5° compagnie est envoyée à Pantin, dans le but
de construire des passerelles sur les rivières la Morée et le Crould, en cas de réussite de
la bataille. Devant l’échec de l’assaut français, la compagnie regagne ses
cantonnements le 26 décembre.
Le 26 janvier 1871, le cessez-le feu est signé et les pourparlers de paix
sont entamés.
Néanmoins, les pontonniers restent à l'ouvrage. En effet, le 4 mars, la 10°
compagnie jette un pont de bateaux sur l'Oise à Saint-Ouen-l'Aumône afin de
remplacer un pont de chemin de fer détruit et faciliter l'approvisionnement de
Paris. Le pont de bateaux est pourvu de rails et le trafic ferroviaire peut
reprendre.
Il faut noter monsieur Frébault qui commande le remorqueur
à vapeur Persévérance pendant le siège et a rendu des services à la flottille
de la Seine. Il fait partie du corps des pontonniers auxiliaires, depuis sa
formation le 15 novembre 1870, jusqu’au 15 février 1871. Avec son vapeur, il
est chargé de remorquer les pontons sur la Marne lors de la bataille de
Champigny. Le 30 novembre, il amène deux équipages de pont sous le feu de
l’ennemi à Bry et il reste à ce poste périlleux pendant les deux jours de
combat, (30 novembre et 2 décembre). Il est ensuite chargé des mouvements du
matériel flottant sur la Marne. Il fait preuve d’une grande fermeté et de
beaucoup de dévouement en se maintenant au pont de Joinville au milieu des
glaces, pendant le bombardement. Enfin, il réussit à sauver une partie du
matériel avant la prise de possession de la rive droite de la Marne par l’armée
bavaroise.
§§§
L’auteur
remercie M. Rémy SCHERER, auteur de
« l’engagement des artilleurs pendant
le siège de Paris (1870-1871) »
Après le désastre de Sedan, les équipages de pont des 7eme et 12eme compagnies se retrouvent à Angers le 18 septembre. En octobre, la 12eme compagnie se transforme en 2 batteries de 12 de campagne grâce au concours de la 12 ème compagnie du Train. Ces 2 nouvelles unités deviennent les 12eme et 17eme compagnies de pontonniers. Avec 2 batteries du 7eme Régiment d'Artillerie, elles forment la réserve d'artillerie du 16eme Corps. L'équipage de pont est renvoyé à Nantes puis à Rochefort. La 7eme compagnie conserve ses moyens et sa mission demeure inchangée.
Le 9 novembre, les 12eme et 17eme compagnies participent à la bataille de Coulmiers et subissent des pertes. Du 27 au 30, elles servent de batteries de position en avant d'Orléans. Le 1er décembre, elles remontent en ligne pour prendre part à la bataille de Patay. Le 2, elles tirent toute la journée du château de Villepiont. La 12eme y reçoit l'ordre de rejoindre une division d'infanterie qui doit occuper Loigny. Malheureusement, quand elle débouche, l'infanterie a déjà évacué le village. Alors qu'elle se met en batterie, elle est chargée par deux escadrons prussiens qui la font prisonnière à l'exception des caissons de réserve. Le 3, la 7eme retraite avec le 16eme Corps et prend part au combat de Fosnes. Le 13, elle est à Vendôme et combat devant la ville. Le lendemain, alors qu'elle s'installe sur le plateau de Bel-Air, un contrordre la renvoie sur sa position de la veille. Au cours de son déplacement, elle est surprise dans un chemin creux et faite prisonnière. Toutefois, un nombre important de pontonniers parvient à s'échapper. La 7eme compagnie est rattachée au 15eme Corps qui se forme à Salbris. Le 27 octobre, elle se porte sur la Loire. Le 15 novembre, elle débarque son matériel à Orléans. Le 17, elle débute la construction d'un pont qui est achevé le 25. Le 2 décembre, on se bat autour d'Orléans. La compagnie doit lancer un pont en aval de cette localité. C'est chose faite vers minuit. Le 3, l'armée française repasse sur la rive gauche. Mais dans l'après-midi, une batterie prussienne prend le pont sous son feu alors que des cavaliers tentent de l'enlever. Le capitaine fait alors couper les câbles, le pont se brise sous la force du courant. Le pont de bateaux du commerce reste tendu jusqu'à minuit ce qui permet à l'arrière-garde de se replier. Dans la foulée, il est incendié. Fin décembre, la compagnie reçoit un nouvel équipage de pont et se voit affectée à l'armée de l'Est.
L'armée de l'Est
Un détachement de la 7eme compagnie part le 2
janvier 1871 de Saint-Amand-Montrond pour rejoindre Auxonne. Il en
repart le 7 pour édifier 2 ponts sur l'Ognon à Pesmes afin de livrer
passage aux 18eme et 20eme Corps qui doivent se diriger sur Vesoul et
Montbéliard en vue de couper les forces du général Von Werder qui
assiègent Belfort. Le 19, il faut se résoudre à détruire les ponts
suite à la défaite d'Héricourt. Les pontonniers se replient sur
Besançon. Avant d'arriver dans cette ville, la compagnie lance un pont
sur le Doubs à Velotte le 25 pour faciliter le passage des 15eme, 20ème
et 24eme Corps en retraite sur Pontarlier. Le 27, le pont est replié et
les pontonniers atteignent la cité le 29. Le 30, elle doit rejoindre le
fort de Joux pour y servir l'artillerie afin de protéger l'armée qui
retraite sur la Suisse.
Les pontonniers y établissent une batterie de neige armée de 5 pièces.
Cet ultime effort est suffisant pour permettre à l'armée de se faire
interner en Suisse. Après des souffrances inouïes, les pontonniers
réussissent eux aussi à gagner ce pays.
L'armée de Versailles
Après la fin du siège
de Paris, les 5eme et 10eme compagnies sont cantonnées à
Montmartre et à la Chapelle. L'agitation monte dans la ville. Le 17
mars, le gouvernement envoie récupérer les canons de la Garde
Nationale. C'est un échec. Paris se soulève le 18.Le 19, les
pontonniers ont ordre de quitter Paris. La 10eme quitte la capitale en
train pour Saint Ouen. La 5eme tente de faire de même. Mais la
compagnie du chemin de fer n'est pas en mesure d'effectuer le
transport. Le lendemain, le capitaine cherche alors à rejoindre
Vincennes par voie terrestre mais il est arrêté par des insurgés
parisiens. Il réussit à s'échapper ainsi que nombre de ses hommes qui
rallient Versailles par leurs propres moyens. A Saint-Ouen, la 10eme
replie le pont qu'elle avait construit. Le 6 avril, le matériel laissé
sur place, selon les ordres donnés par les autorités allemandes, est
enfin rapatrié à Saint Germain. Avec ce matériel, les pontonniers
mettent en place 2 bacs à Neuilly pour relier les berges de la Seine à
l'île de Puteaux. Le 15 avril, un détachement de cette compagnie lance
2 autres bacs qui permettent d'atteindre l'autre rive. Le 22 avril, les
2 compagnies réunies jettent 2 ponts pour remplacer les bacs. Le 2 mai,
le 1er Corps emprunte l'ouvrage. Dans la nuit du 8 au 9 mai, la 10eme
compagnie édifie un pont sur la Seine entre Sèvres et Saint Cloud. Le
12 mai, la 5eme compagnie lance un nouveau pont à Suresnes. Tous ces
ouvrages assurent le franchissement de l'armée qui va pouvoir se lancer
à la reconquête de Paris. C'est chose faite le 28 mai 1871.
§§§
La IIIème République et les réorganisations de 1872 et 1875
Suite à la guerre, le régiment est réorganisé
à Lyon. Il prend l'appellation de régiment d'artillerie-pontonniers
mais sans numéro. Il est toujours à 14 compagnies. La loi du 13 mars
1875 décide de créer un deuxième régiment par dédoublement du premier.
Le régiment le plus ancien devient le 1er régiment
d'artillerie-pontonniers, l'autre devient le 2eme. Tous les deux sont à
14 compagnies. Toutefois, le 2eme régiment n'est réellement créé qu'en
1878. Ils tiennent respectivement garnison à Avignon et à Angers. Par
ailleurs, chaque Corps d'armée devant être doté d'un équipage de pont,
l'organisation suivante est adoptée : 19 équipages de pont de Corps
d'Armée, 4 équipages de pont d'Armée, 4 équipages de place (Besançon,
Toul, Versailles, Lyon). Chaque équipage de pont est attelé par une
section de Parc tirée du régiment territorial d'artillerie du Corps
d'armée auquel est affectée la compagnie de pontonniers. En revanche,
les attelages des équipages de pont de place sont tirés de la
réquisition.
La conquête de la Tunisie
1881
La 11eme compagnie qui sert en Algérie est désignée pour accompagner
l'expédition qui doit ramener l'ordre sur la frontière
algéro-tunisienne et faire de la Tunisie un protectorat. Au cours de
cette campagne, les pontonniers font le service de l'artillerie et
mettent en œuvre du matériel de montagne. Sans être une promenade
militaire, les quelques combats qui émaillent cette campagne sont peu
acharnés.
La conquête du Tonkin
1884-1885
Un petit détachement, dépourvu de matériel de pontage, est désigné pour
accompagner le Corps expéditionnaire du Tonkin. Embarqué le 29 janvier
1884, il arrive à Hanoï le 6 mars.
Le 10 juillet 1886, la 10eme compagnie est désignée pour faire partie
de la division de l'Annam et du Tonkin. A partir de janvier 1890, le
service des pontonniers au Tonkin est assuré par une section mise hors
cadre. La 10eme compagnie a été reconstituée à Avignon le 29 novembre
1889. Dés le lendemain, il intègre la brigade du général Brière de
l'Isle en vue de prendre Bac-Ninh. Il est assigné au service de
l'avant-garde pour effectuer tous les travaux nécessaires à la marche.
De la sorte, les pontonniers établissent ou réparent des ponts de
bambous et remblayent les digues. Néanmoins, avec le matériel amené par
le général de Négrier, qui commande l'autre brigade, ils lancent un
pont sur le canal des Rapides. Ensuite, ils prennent part à l'attaque
de la position de Trong-Son. Le 13 mars, ils entrent dans Bac-Ninh puis
ils réparent un pont de bambous sur la Sang-Cao à Dap-Cau. Le
détachement est alors divisé en deux pour suivre chacune des brigades. Dans la marche sur
Taï-Nguyen, avec la lere brigade, les pontonniers font passer la
Sang-Cao à la colonne au moyen de sampans trouvés dans les environs.
Après avoir rendus praticables des chemins impossibles, ils participent
à l'assaut de la citadelle de Yen-Thé en abattant à la hache les
palissades de bambous. Enfin, ils sont encore à l'assaut de la
citadelle de Taï-Nguyen. Le lieutenant Remuzat, qui commande le
détachement, est chargé de ramener les blessés, mais aussi les canons
et l'argent pris dans la ville. Parti sur des radeaux de bambous le 21
mars, il rejoint Hanoï le 27. Il y retrouve l'autre partie du
détachement qui avait du réparer 2 ponts et effectuer le franchissement
de la Song-Thuong. Le 6 avril, le détachement au complet accompagne la
brigade de Négrier en vue de s'emparer de Hong-Hoa. Le 7, ils font
passer le Day aux munitions et aux bagages au moyen d'embarcations
réquisitionnées. Arrivés sur la rivière Noire, ils construisent 2
appontements pour charger les batteries d'artillerie et décharger le
matériel. Hong-Hoa est prise. Le 16, ils lancent un pont sur la rivière
Noire à La-Ho. Du 16 au 19, les troupes franchissent la coupure. Le 20,
les pontonniers quittent le secteur et arrivent à Hanoï le 21. Le 10
juin, les pontonniers sont intégrés dans la colonne qui fait mouvement
vers Langson, That-Khé et Cao-Bang. Embarqués sur un chaland, ils sont
remorqués jusqu'à Phu-Lan-Thuong. A partir de là, ils suivent la
colonne à pied. Pendant la marche d'approche ils réparent les routes et
construisent des ponts de bambous. Le 15 juin, en reconnaissance en
avant de Can-Son, ils jettent 1 pont de chevalets sur deux petites
rivières. Arrivés devant la Song-Thuong, ils construisent une rampe
d'accès sous le feu des chinois. Le 23 juin, alors qu'ils sont avec
l'avant-garde, les pontonniers sont attaqués. Ils défendent la
position, mais menacés d'être tournés par des forces supérieures, ils
sont contraints à la retraite après avoir essuyé des pertes. Toutes les
troupes repassent la Song-Thuong et rejoignent Bac- Lé. Le 30 juin, la
colonne arrive à Can-Son après avoir franchi deux rivières grâce à des
ponts de chevalets. Le 5 juillet, ils sont de retour à Hanoï. Le 7
novembre, les pontonniers accompagnent un convoi de ravitaillement
constitué de jonques et de sampans en vue de remonter la Song-Cao
jusqu'à Taï-Nguyen.
La navigation est pénible car ils doivent souvent se mettre à l'eau
afin de hâler les embarcations dans les rapides. Ils rejoignent Hanoï
le 27. Peu après, un détachement auxiliaire formé d'autochtones est
constitué. En décembre, un petit détachement de renfort rallie enfin la
colonie. En janvier 1885, les pontonniers préparent la future
expédition sur Langson en construisant des bateaux. Le 20 janvier,
l'opération démarre. Conduisant un convoi de bateaux chargé de
munitions et de ravitaillement, ils arrivent à Chu le 29 janvier et y
établissent un pont de chevalets. Le 3 février, ils repartent avec les
2 brigades et construisent en chemin plusieurs ponts et aident
l'artillerie à progresser sur des chemins presque impraticables. Début
février, le camp de Dong-Son est pris. La marche reprend le 11 et les
pontonniers construisent de nombreux ponts sur la ligne de partage des
eaux. La colonne arrive devant la citadelle de Langson abandonnée par
l'armée chinoise. Cette dernière est massée sur la rive gauche du
Song-Ki-Long. Un pont de bambous, partiellement détruit, franchit la
rivière. Il est rapidement réparé et livre passage à un bataillon
d'infanterie qui chasse les chinois. Un pont permanent est rapidement
tendu sur la rivière. Dans la foulée, les pontonniers suivent la
brigade chargée de débloquer Tuyen-Quan. Pour ce faire, ils retournent
sur Hanoï d'où ils embarquent le 22 sur un vapeur.
Arrivés à Bac-Hai,
la moitié du détachement prend la responsabilité d'un convoi de
ravitaillement qui remonte la rivière Claire et suit la progression de
l'infanterie tandis que le reste des pontonniers marche avec la
colonne. Le 4 mars, Tuyen-Quan est débloquée. Le 25, les pontonniers
ont rejoint Hanoï. Le temps des grandes opérations est maintenant
terminé pour l'Indochine mais le travail quotidien continue.Les
pontonniers ont mission d'effectuer le service des bacs, ponts volants
et leurs effectifs sont renforcés en juin 1885. Ils reçoivent alors la
responsabilité de la conduite des convois de jonques et de sampans,
missions au cours desquelles ils sont souvent aux prises avec les
forces tonkinoises . Le 10 juillet 1886, la 10eme compagnie est
désignée pour faire partie de la division de l'Annam et du Tonkin puis
rentrera en France afin d'être reconstituée à Avignon. A partir de
janvier 1890, le service des pontonniers au Tonkin est assuré par une
section mise hors cadre.
La disparition de l'artillerie-pontonniers
La loi du 29 juin 1894, portant réorganisation de l'armée, édicté que la responsabilité des ponts militaires échoit définitivement au Génie. Le 6eme régiment du génie en création à Angers doit théoriquement absorber les artilleurs-pontonniers. Mais ces derniers n'entendent pas quitter leur arme. Les matériels sont reversés au Génie, alors que les pontonniers sont maintenus dans l'artillerie et vont former les 39eme et 40eme régiments d'artillerie.
C'est la fin du corps spécifique des pontonniers militaires né à Strasbourg pendant la Révolution. De nos jours, ces spécialistes appartiennent au corps du génie militaire.
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