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Notions sur quelques fonctionnaires de
l'Eglise
Le receveur général du clergé
A l'origine, la charge de receveur général
fut créée pour lever les décimes dans les diocèses de l’Église avec
l'aide de commis provinciaux qui devaient transporter les deniers
jusqu’à Paris où se payaient les rentes assignées sur le clergé. De
part sa fonction, le receveur du clergé était en constantes relations
avec les receveurs de la ville de Paris, le prévôt des marchands et les
échevins. A travers lui, les opérations financières du clergé
participaient en sous-main aux dépenses de la monarchie.
Fonctionnaire financier de l’Église, issu
de l'élite nobiliaire ou bourgeoise, c'était un manieur d'argent doublé
d'un bailleur de fonds envers les catégories sociales aisées de la
prélature, de la noblesse ou de la bourgeoisie.
Les premiers receveurs de 1561, Antoine et
Claude Camus, originaires de Lyon, alors place financière du royaume
furent remplacé à parti de 1573 par François de Vigny puis le roi Henri
III nomma Philippe de Castille dont le commis parisien Robert Gedouyn
avait été au service de son prédécesseur. Devenu spécialiste des
finances du clergé, Philippe de Castille dans l'obligation d'avancer
une somme importante en octobre 1585 au clergé, fit appel à deux
banquiers italiens, Sébastien Zamet et Scipion Sardini lequel proposa
de régler les dettes et offices afin de les revendre, les surplus et
gages lui étant abandonnés à titre de salaire. La proposition fut
acceptée difficilement par l'assemblée des évêques. Mais en raison de
la guerre de religion en cours, ces dispositions ne furent appliquées
qu'après avoir été enregistrées par le Parlement le 28 août 1588, au
nom de Marc Antoine Sardini, cousin et prête-nom de Scipion.
C'est à cette période charnière et dans ce
cadre juridique qu'apparaît l'avocat Constantin Chevalier, marguiller
comptable de la paroisse Saint-Côme jusqu'en 1586 puis banquier
expéditionnaire en cour de Rome
En 1594, Henri IV, après avoir pris
possession de Paris puis sacré à Reims, reconduisit Philippe de
Castille et son équipe comme Receveur Général du Clergé de France et
lui ajouta celui de chargé du recouvrement des rentes. En effet, le roi
avait maintenant besoin de toutes les bonnes volontés pour pacifier son
royaume et démontrer son aptitude à gérer le royaume. De cette période
date l'amélioration financière et foncière de Constantin Chevalier qui
mourut en 1602. Après l'assassinat du roi en 1610, ses deux fils
Constantin l'aîné et le cadet Jacques ne connurent pas la fortune.
Le banquier expéditionnaire en
cour de
Rome
Les banquiers en cour de Rome ou banquiers
expéditionnaires, avaient le privilège de faire la liaison avec
l'administration papale. Ils tiraient leur origine des Guelfes qui, au
XIIème siècles en Italie, soutenaient la papauté et la maison d'Anjou
contre les Gibelins partisans de la dynastie bavaroise des
Hohenstaufen. Il est d'ailleurs à noter que le prieur Jacques Fouyn
était attaché à la maison d'Anjou dont il fut un temps maître des
requètes. Puis, installés avec la papauté en Avignon, ces banquiers
spécialisés se livrèrent au trafic usurier qui leur valait le surnom de
marchands et changeurs du pape, car ils assuraient la transmission des
bulles et autres actes vers la chancellerie romaine, tels le bulles
d'absolution ou de cessions, les lettres de change, de dispense de
mariage ou tout acte destiné à l'administration catholique à Rome ou
transitant par le légat du Pape à Paris.
Cette profession relevait de l’Église et
sous la responsabilité du receveur général du clergé. Elle apparaît à
Paris entre 1550 et 1560, après le congrès de Poissy réglementant les
accords financiers entre l'assemblée des évêques et l'admistration
royale. Ces banquiers spécialisés remplaçaient les banquiers
d'expédition apostolique, chargés du transport vers la capitale
pontificale des documents concernant les bénéficiaires d'offices ou de
dispenses matrimoniales. A Paris, le « banquier expéditionnaire en
cour de Rome » devait être majeur, avocat inscrit à une cour et
avoir prêté serment au roi devant un tribunal de son ressort. Au nombre
d'une douzaine à Paris, leur profession ne fut contrôlée qu'au XVII ème
siècle.
Les émoluments des banquiers en cour de
Rome étaient assez importants, ce qui les mettaient en relation avec
les couches supérieures de la population, mais devant les
falsifications, l'autorité royale intervint pour réprimer les abus et
décida que les expéditions de la chancellerie romaine devaient être
revêtues de la signature du banquier pour avoir un caractère
authentique devant les tribunaux. Les banquiers en cour de Rome
devinrent officiers publics par un édit de 1673.
D'après le Dictionnaire historique des
institutions, mœurs et coutumes de la France d' Adolphe Chéruel
(1809-1891) — Paris, 1899
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