Les_seigneurs_laics.html
Les premiers seigneurs connus furent ceux de la famille de Montreuil qui figurent dans l’entourage du roi Louis VI et de son chancelier archidiacre de Paris Etienne, fils de Guillaume II de Garlande, avec les plus haut dignitaires, tel Bouchard de Montmorency et son beau-frère Mathieu 1er comte de Beaumont-sur-Oise, tous personnages marquant de leur époque
Le premier seigneur connu est à la fois religieux et doyen (decanus) et seigneur (domus) et se nomme Barthélémy de Montreuil,, cité témoin jusqu’en 1138 dans plusieurs actes ou jugements du roi.
A la même époque Guillaume II de Garlande, frère
d'Etienne, à la fois châtelain de Livry-en-l'Aunoye (de
nos jours Livry-Gargan) et propriétaire du péage de
Bondy qui contrôlait alors la route
des
Foires de Champagne, possédait de nombreuses censives à
Montreuil. Ces biens revinrent à son petit-fils Guillaume V de
Garlande, seigneur de Livry et de Montjay qui épousa Alice
Adèle fille de Guy II de Châtillon et d'Adèle de
Dreux héritière du comte Robert 1er de Dreux
et de Brie (1125-1188), premier comte apanagé de l’Histoire
La mariée reçut en dot des rentes et biens à Montreuil et Clichy-la-Garenne, provenant d'un échange fait entre son frère Gui et le roi contre le château de Pierrefonds (Oise). Pour sa part, le marié, déjà seigneur de Livry-en-l’Aunoye par héritage paternel et de Crussy, Ons-en-Bray et Neufchâtel-en-Vexin et affermissait son emprise sur Montreuil. Mais en fait, c’est Gaucher III de Châtillon et comte de Saint-Pol-en-Ternoise (1170-1219) qui était seigneur féodal de Montreuil, laissant à son beau-frère les droits de gruerie (administration forestière) et d’avouerie (défense des religieux) sur Montreuil. Cela sera précisé indirectement par un arrêt du Parlement daté de l’année 1258 stipulant que Montreuil était censive roturière et que sa justice relevait du roi.
Mais
Guillaume de Garlande n’eut de son mariage avec Adèle de
Châtillon que trois filles dont l'aînée Jeanne,
son héritière principale épousa vers 1213 le
comte Jean de Beaumont-sur-Oise, quelques années avant le
décès de son père Guillaume survenu en 1216,
suivie par Elisabeth, épouse de Gui VI Bouteiller de Senlis
puis de Jean 1er de Beaumont-Gâtinais seigneur de
Villemomble et enfin Marie femme d'Henri V de Grandpré.
Blason de la maison de Châtillon
Au
décès de Jean de Beaumont-sur-Oise survenu entre 1222
et 1223, le roi intégra son comté au domaine royal,
reprenant ainsi le château fortifié où
Louis IX (Saint-Louis) résida quelques temps. A la même
époque son épouse la comtesse Jeanne de Beaumont
fit donation de la plupart des biens hérités de son
père, dont ceux de Montreuil au bénéfice des
institutions religieuses locales, notamment au bénéfice
de l'abbaye de Gournay-sur-Marne et de celle de Notre-Dame de Livry.
La comtesse Jeanne survécut à son époux jusqu’en 1259, ses deux autres sœurs ayant cautionnés les donations, Isabelle Elisabeth se désista du droit d’avouerie sur Montreuil hérité de son père - droit de protection - avant le décès de son époux en 1232, puis se remariera avec Jean 1er de Beaumont-Gâtinais, chambrier de France, seigneur de Villemomble.
La
dernière des sœurs, Marie de Garlande, succéda à
sa sœur Jeanne de Beaumont comme dame de Livry et se mariera
avec le comte ardennais Henri IV de Grandpré, fils d’Henri
et Isabelle de Coucy. Ce nouvel époux décédera
en 1229 et la veuve épousera en secondes noces en 1230
Geoffroy de Joinville, fils de Simon (Jean de Joinville et les
seigneurs de Joinville, acte 265, p.302) dont elle divorça en
1232 (sentenciam divorci) sans postérité. Elle se
remariera en 1235 avec le bourguignon Anséric IX, seigneur de
Montréal (commune de Guillon Yonne) gardant cependant son
titre de comtesse de Grandpré. Elle était toujours dame
de Livry-en-l’Aunoye lorsqu’elle décédera
en 1259.
Ainsi disparaissait la famille de Garlande implantée à Montreuil depuis près d’un siècle. Sa châtellenie de Livry revenue à son gendre l’ardennais Henri de Grandpré va péricliter, et le château non entretenu va être repris par le roi afin d’être confié vers 1290 à Pierre de Chambly son chambellan.
Premier sceau de Pierre V de Chambly
Pierre V de Chambly, vassal de la grande maison de Châtillon-Blois, après avoir reçu en récompense de ses services les seigneuries de Livry et de Montreuil, procéda à des échanges de biens sur Livry et Coubron avec les Templiers de la Commanderie de Clichy-sous-Bois. Marié en première noce à Marguerite Tristan dont il avait eu plusieurs enfants, il se remaria à un âge avancé avec Ysabeau de Mauvoisin, dite de Rosny-sur-Seine. Pierre V de Chambly se consacra à ses domaine immobilier jusqu’à sa mort vers 1310. Il était en effet seigneur dans l’Oise de Chambly, berceau héréditaire de sa famille, Viarmes, Brincourt, Mesnil-Saint-Denis et Conches et en Seine-et-Marne de Tournan-en-Brie et de Fresnes-sur-Marne et enfin de Favière dans la Somme. Montreuil n’était à ses yeux qu’une seigneurie d’appoint, aussi la partagea t-il en 1308 en trois fractions qui revinrent à ses héritiers.
Composition de la seigneurie relevant du roi
La seigneurie primitive, dont nous ignorons les limites précises, fut morcelée en trois fractions lors de l'arrivée de Pierre de Chambly en 1308:
La première fraction était localisée autour du manoir seigneurial et représentait la réserve seigneuriale appartenant directement au seigneur de Montreuil.
Une seconde fraction était située aux limites et de l’autre côté du village, bornée au nord par la rue de l’orme qui ne dort, (de Romainville actuel) et par l’ancien cimetière situé derrière l’église, formait une zone résidentielle. Cette zone résidentielle en pente douce bénéficiait de l’orientation au sud et comprenait les trois domaines de Boistel, de Lizac et d’Orgemont. Elle s’étendait en cultures au sud jusqu’aux limites de la localité voisine de Fontenay-sous-Bois.
La troisième et dernière fraction, totalement mise en culture et sans maisons d’habitation, étaient localisées au sud du village, limitée au nord par le chemin de Montreuil à Paris (actuelle rue d’Avron) jusqu’aux limites du village de Charonne. Le chemin de Bagnolet à Vincennes formait séparation avec le vaste fief Decanal relevant du Chapitre Notre-Dame de Paris, allant de l’actuelle Croix de Chavaux à Vincennes.
Pompeusement nommé château seigneurial, il apparaît tardivement dans les textes au XVIIIème siècle. Il se trouvait à gauche et à l’ouest de la zone urbanisée du village, en bordure de la rue Marchande qui montait de l’église Saint-Pierre Saint-Paul. Situé sur la hauteur dominant le village, il était localisé dans le quadrilatère formé au nord par les actuelles rue Colbert (l’un des derniers seigneurs de Montreuil) au sud par la rue Parmentier, à l'est par la rue Jules Ferry et enfin à l'ouest par la rue de la Résistance.
Ce bâtiment est encore mal connu car le seul document le concernant mentionne qu’en 1775 il était implanté sur 7 arpents et comprenait « prisons et salle d’audience, cours et jardins clos de murs ».La carte de Delagrive, exécutée en 1740, le représente comme un espace enclos de 230 m sur 160 avec, dans l’angle sud-est, quatre corps de bâtiments bordant une cour. Par contre, il n’est pas figuré sur les autres cartes de l’époque, comme celle de Cassini datée de 1756 ni sur celle des Chasses levée en 1764 et gravée entre 1804 et 1807.
Cette absence de source s’explique par la fait que les seigneurs de Montreuil furent pour la plupart des officiers du roi, sans fortune personnelle et résidant à Paris ou en province, à l’exception de leurs prédécesseurs de la noblesse qui disparurent après la guerre de Cent-Ans. Cette situation est consécutive au déclassement féodal de la seigneurie qui perdit son droit de haute-justice, et les revenus afférents, aliéné en 1498 par Jeanne Le Picart veuve de Jacques Chevalier alors seigneur du lieu.
Ainsi naquirent en 1308 les trois fiefs de la seigneurie de Montreuil appartenant au roi. Il s'agit de:
Le fief du Châtelet, dont le nom provient apparemment du Châtelet de Paris.
Le fief de Brie-Comte-Robert, relevant du roi via la châtellenie de ce nom puis à partir de 1333 de l’évêque de Paris.
Le fief de Villemomble relevant de la châtellenie de Villemomble et de la grosse tour du Louvre.
A partir des années 1310, chaque fief appartenait à des seigneurs différents, sauf celui du Châtelet toujours aux mains du seigneur de Montreuil
Le seigneur de Livry Pierre VI de Chambly succède à son père mais son héritage est remis en question
Fils aîné du premier lit de Pierre V et chambellan comme lui, Pierre VI de Chambly hérita de la seigneurie de Montreuil et de rentes sur le Trésor à prendre sur cette localité au bénéfice de l’abbaye Saint-Antoine. Il était également seigneur de Chambly, Presles et Viarmes (Oise) de Conches et Tournan (Seine-et-Marne) de Favières (Somme) et de Livry (Seine-Saint-Denis). Il possédait également des rentes royales à Beaumont-sur-Oise et Champagne-sur-Oise. et de la baronnie normande de Torigni-sur-Vire et de Canisy, alias Cani-Caniel, la première venant du comte Gaucher de Châtillon qui l’avait reçue en 1219. Ces libéralités lui avaient été attribuées pour services rendus au roi lors des campagnes de Flandres (1297) de Courtrai (1302) et ses fonctions diplomatiques.
Hommes d'armes au XIII et XIVème siècles
Epoux
de Jeanne de Machaut, le couple eut une nombreuse postérité
et le mari serait décédé entre 1308 et 1310,
pratiquement à la même époque que son père.
Sa veuve et leur fille aînée Jeanne, épouse de
Raoul de Clermont-Nesle, héritèrent de la seigneurie de
Montreuil. Mais cet héritage fut contesté par les
héritiers du second mariage de Pierre V de Chambly. Dans le
même temps, le nouveau roi Philippe V (1294-1322) fait saisir
en tous les biens attribués par ses prédécesseurs
afin de réformer les abus. Aussi par décision du 29
juin 1318, confirmé le 24 février 1320 par le
Parlement, les donations faites aux Chambly furent annulées et
leurs biens revinrent à la Couronne. Mais l’arrêt
ne visait pas spécialement Montreuil car la veuve Machaut
adressa une supplique au roi qui accéda à sa demande
car elle était encore dame de Montreuil le jour de son décès
en 1333, quelques années avant la guerre qui s’annonçait.
Jusqu’à maintenant, la guerre féodale et dynastique entre les Plantagenêt d’Angleterre et les Valois de France, également premier conflit entre Etat-Nation, n’avait pas eu de conséquences directes sur l’histoire locale et ses premiers seigneurs ( de Montreuil, de Garlande, de Villebéon et Chambly) issus de l’ancienne noblesse. Les bouleversements commencèrent lorsque les Anglais envahirent le royaume.
Les décès des Chambly père et fils avaient réveillés les appétits des nombreux héritiers, notamment sa belle-sœur Isabeau de Bourgogne, comtesse de Nevers, épouse de Pierre IX de Chambly dit de Neauphle-le-Château, fils du second lit de l’aïeul Pierre V le Hideux. A cette contestation s’ajoutèrent les procès locaux, tels ceux contre l’abbaye à propos de Montreuil menés par la veuve Machaut, tant contre les limites territoriales de l’abbaye Saint-Victor à Montreuil ou bien avec le curé de Croissy à propos des dîmes.
Figure 28 Blason de Chambly seigneur de Montreuil
Le 29 juin 1318 le Parlement engagea une enquête à
propos des donations faites en faveur des proches officiers du roi,
enquête qui, avec l’avènement de Philippe
VI de Valois, s’étendit à toutes les dernières
donations faites par les Capétiens. Cela abouti le 24 février
1320 à un arrêt général du Parlement,
précisant que ses biens revenaient à la Couronne, mais
ne visait pas spécialement ceux des héritiers de la
famille Chambly. C’est ainsi que la veuve Jeanne Machaut
conserva sa seigneurie de Montreuil, qui revint en 1334 à sa
fille Marie de Chambly, avec les trois fiefs du roi (Châtelet,
Villemomble et Brie-Comte-Robert. Elle serait décédée
en 1352 et sa sœur Jeanne de Chambly lui succédera
l’année suivante. Marie avait épousée
Raoul de Clermont-Nesle, qui devint ainsi comme il était
d’usage, seigneur de Montreuil au nom de sa femme.
Les maisons de Clermont-Nesle et de
Clermont-Périgord successeurs des Chambly
Raoul
de Clermont-en-Beauvaisien, héritier de la maison de Nesle
était seigneur de Thorigny-sur-Marne, de Montgomery et
dépendances lorsque sa femme Jeanne de Chambly devint
vers 1353 dame de Montreuil et du fief de Brie-Comte-Robert.
Blason de Clermont-Nesle
De ce mariage avec Raoul de Clermont naquirent quatre fils, dont le second, Jean 1er de Clermont-Nesle, qui sera nommé Maréchal de France en 1352 et restera peu de temps seigneur de Montreuil car il sera tué en 1356 lors de l’une des premières batailles rangées de la guerre de Cent-Ans, celle de Poitiers contre les Anglais. Ce sera le premier signe concret de la guerre à Montreuil où l’aristocratie seigneuriale s’émouvait davantage devant la révolte des Jacques qui ravageaient le Beauvaisis. Cette révolte, qui sera sévèrement réprimée, luttait contre la dégradation du niveau de vie en province consécutive à l’économie de guerre.
Mais le défunt Jean 1er de Clermont était marié avec Marguerite de Montagne, vicomtesse d’Aulnay-de-Saintonge, dame de Menu et de Montgomery qui devint à la mort de son époux dame de Montreuil, bien qu’elle fût vassale du comte de Poitiers. A ce titre, elle possédait de nombreuses seigneuries en Poitou et il semble qu’elle ne vint jamais à Montreuil. Son fils Jean II de Clermont hérita de son titre de vicomte et de ceux de seigneur de Mortagne et de Montreuil puis devint comte du Périgord après avoir épousé Eléonore fille du comte Archambaud IV de Périgord.
Tout naturellement, la seigneurie de Montreuil passa après le décès du père vers 1400 à leur fille Louise de Périgord, sous le contrôle de sa mère jusqu’à son mariage le 25 mai 1403 avec François de Montbéron, fils de Jacques seigneur de Montbéron et de Marie fille du baron René de Maulévrier et de Béatrice de Craon.
Blason
de Montbéron seigneur de Montreuil
Son père étant maréchal de France et
gouverneur de Touraine, François de Montbéron, déjà
châtelain d’Azay-le-Rideau (Indre) devint ainsi seigneur
de Montreuil par sa femme. Le dernier aveu pour cette seigneurie fut
rendu par son père en 1406. Ce sera le dernier car François
de Montbéron, comme son père, choisi le clan de
l’Angleterre contre les troupes du Dauphin de France.
Bien entendu, il perdra la seigneurie de Montreuil qui, sans le savoir expressément, était entrée dans le vaste apanage de Louis 1er duc d’Orléans frère du roi et second personnage du royaume avec les comté de Valois, de Châtillon-Blois-Porcien, de Vertu et baronnies de Beaumont, du Périgord et d’autres encore.
Trois éléments essentiels vont influer sur la situation seigneuriale à Montreuil après le départ de François de Montbéron.
La guerre secondaire de succession de Bretagne (1361-1365) entre Jean de Montfort allié de l’Angleterre et Charles de Châtillon-Blois époux de Jeanne de Bretagne soutenue par le roi de France avait amené la comtesse Jeanne de Penthièvre (1319-1384) de la maison capétienne de Dreux, à céder son titre à son fils Jean 1er de Châtillon (1340-1404) mari de Marguerite fille du connétable Olivier IV de Clisson. Par le jeu des alliances familiales, ce dernier détenait la châtellenie de Villemomble, dont relevaient la baronnie de Montreuil, le fief de Villemomble et son arrière-fief de Boistel depuis au moins l’année 1388.
En 1407, l’assassinat du prince Louis 1er duc d’Orléans, frère du roi commandité par le duc de Bourgogne va provoquer une guerre civile, obliger la noblesse à choisir son camp et à terme placer entre 1421 et 1453 deux rois à la tête du royaume. De par son apanage, le défunt duc était en quelque sorte l’intermédiaire entre les seigneurs de Montreuil et le roi. Aussi n’est-il pas étonnant qu’à partir de cette date, l’ombre du duc d’Orléans planera sur la plupart des seigneurs de Montreuil, à commencer par son chancelier Guillaume 1er Cousinot.
Suite à la disparition du duc d’Orléans, la France va entrer en guerre civile, les Bourguignons s’alliant avec l’envahisseur anglais.
Instabilité seigneuriale pendant la guerre des Armagnacs et des Bourguignons (1410-1418)
La situation évoquée ci-dessus va provoquer un chassé-croisé parmi les seigneurs de Montreuil et la guerre civile entre Armagnacs, partisans du roi et Bourguignons adeptes du duc de Bourgogne allié aux Anglais.
Le chassé croisé fut ouvert par l’apparition d’une nouvelle couche sociale issue de la bourgeoisie qui allait remplacer l’ancienne noblesse. Cette nouvelle catégorie de seigneurs ne constituera pas de lignages seigneuriaux pérennes et on ne peut parler de noblesse montreuilloise car il n'existera pas plusieurs générations de gentilshommes implantés à demeure mais seulement des officiers royaux en poste à Vincennes ou à Paris.
Cette situation va influer d’une part, sur la seigneurie de Montreuil et d’autre part sur chacun des trois fiefs qui la divise.
Avant
l’assassinat de Louis d’Orléans, son chancelier
était depuis le 2 octobre 1395 l’avocat au Parlement
Pierre 1er l’Orfèvre d’Orfeuil (1366-1414) époux
de Jeanne de Sens fille du président au Parlement Guillaume
1er. Après la mort de ce dernier en 1400, le
chancelier se constitua une fortune immobilière, devint
seigneur d’Ermenonville et maria sa fille aînée
Laurence avec l’avocat Guillaume 1er Cousinot.
Lequel des deux a acquit des droits sur la seigneurie de Montreuil
après que Jacques de Montbéron ait rendu un dernier
aveu en 1406. Nous l’ignorons ?
Mais
toujours est-il que le 6 septembre 1407, son gendre Guillaume 1er
Cousinot rendait hommage au roi pour partie de la terre de Montreuil.
Membre de la Cour d’amour du roi, il devint l’homme de
confiance de Valentine Visconti, épouse puis veuve de Louis
1er d’Orléans et fut nommé en 1407
chancelier du duc Charles d’Orléans, fils du défunt.
En 1411, cette place de premier plan dans le parti Armagnacs fidèle au roi, exposait Guillaume Cousinot à la vindicte des Bourguignons qui prirent le contrôle de Paris et il s’exila à Orléans avec sa famille et ses beaux parents. L’année suivante, son beau-père décéda après avoir rédigé son testament, l’héritage du couple revenant à sa veuve Jeanne de Sens, soit des droits sur la seigneurie de Montreuil et la maison du couple située à Paris.
Secrétaire du duc de Bourgogne qui épure
l’administration royale, Guillaume Barraut, seigneur du fief de
Montreau depuis son aveu rendu le 6 mai 1400 à l’abbaye
de Saint-Antoine, prend en 1413 la seigneurie de Montreuil laissée
vacante par l’exil de Guillaume 1er Cousinot et
l’opposition de Jeanne de Sens, veuve de Pierre L’Orfèvre
qui engage une action en justice pour conserver ses biens.
Guillaume
Barraut et son épouse Marguerite Boistel étaient alors
les meneurs de la révolte cabochienne qui agita Paris entre
1411 et 1413, mais doivent s’enfuir en 1414 car les Armagnacs
reprennent le pouvoir et le garderons jusqu’en 1418. Au cours
de cette période, des négociations s’engagent
entre belligérants et concluent à l’absolution
des sanctions pour deux années, à l’exception des
seigneurs ayant menés l’agitation. De ce fait, Guillaume
Barraut et son épouse perdent leur seigneurie de Montreuil au
profit de Jeanne de Sens. Ils ne sont pas les seuls dans la région
car Jean Rapiout, conseiller au Parlement de Bourgogne et son frère
Hugues Rapiout, subissent le même sort et se voient retirer
Livry de la même façon.
La situation étant plus calme, une série de procès suit son cours et Guillaume Cousinot revint à Paris. Mais la situation du royaume s’aggrave après l’assassinat par le Dauphin Charles du duc de Bourgogne Jean Sans Peur le 10 septembre 1418. Par réaction, les Bourguignons s’allient au roi d’Angleterre Henri V, vainqueur d’Azincourt en 1415. Cette alliance renforçait la position de leurs partisans qui allaient reprendre le contrôle de la Capitale.
De 1418 à 1436, les collaborateurs de l’occupant anglais tiennent la seigneurie et ses trois fiefs
A ) La seigneurie proprement dite
Les Anglos-bourguignons reprennent le pouvoir parisien en 1418 et organisent la confiscation de ceux qui ont suivi le Dauphin dans son exil à Bourges. Ainsi les biens de Jeanne de Sens et son fils Pierre II L’Orfèvre sont saisis par le chef bourguignon Enguerrand de Bournonville et attribués en 1420 au comte anglais Pole William de Suffolk, suzerain de Guillaume Barraut qui récupère ainsi la seigneurie de Montreuil.
Son fils Jean Barraut lui succèdera mais Jeanne de Sens,
veuve de Pierre II L’Orfèvre n’entend pas se faire
déposséder sans réagir et entame une série
de procès. Afin de soutenir sa mère qui engage son fief
de Chavercy mouvant de Nantouillet (Seine-et-Marne) pour obtenir de
l’argent, son fils Pierre III L’Orfèvre prête
alors serment aux Anglais en décembre 1424 et épouse
Jeanne fille et héritière de Michaut (Michel) de
Laillier, Trésorier de France et maître à la
chambres des Comptes pour le roi de France de 1410 à 1418 puis
celui d’Angleterre de 1419 à 1436. Par ce
mariage,
Jeanne de Sens reprenait pied car elle avait désormais des
soutiens familiaux dans la clan bourguignon. Mais son fils du payer
rançon comme elle le déclara lors du procès jugé
au Parlement le 15 février 1425 , ce qui l’avait
contrainte d’emprunter de l’argent. L’affaire se
termina provisoirement par une transaction financière avec
Jean Barraut, héritier de feu Guillaume 1er
Barraut. Elle décéda en 1433, ayant récupéré
sa maison de Paris et pour son fils Pierre III L’Orfèvre
la seigneurie de Montreuil mais sans les fiefs. Mais lui aussi allait
éprouver des difficultés pour garder ses biens après
la guerre.
Malgré l’occupation anglaise, les affaires avaient suivi leur cours et l’économie montreuilloise, indirectement soutenue par Michaut de Laillier, beau-père de Pierre III L’Orfèvre successeur de sa Jeanne de Sens se portait assez bien en cette période de troubles..
Confident de la reine Isabeau de Bavière, allié circonstanciel de l’occupant, Michaut de Laillier changea de camps devant l’avance des troupes du roi de France. Le 3 avril 1436, il déclencha une émeute à Paris, les Anglais se réfugièrent à la Bastille. Les Français en profitent pour entre dans la capitale et les occupants capitulent le 15 et quittent Paris.
Après cette participation active à la Libération de Paris, le roi Charles VII le récompensa par le poste envié de Prévôt des marchands qu’il tint jusqu’en 1438.
Un aspect de la Libération de Paris en 1436
Après cette libération soutenue par les parisiens, tous les seigneurs qui avaient participé à la collaboration avec l’occupant - on les appelait « français reniés »- perdirent leurs biens à Montreuil. Cette situation engendrera de nombreux conflits et procès.