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Constantin Chevalier et son oncle Jacques
Fouyn
Le prieur d'Argenteuil pendant les
guerres de religions (1562-1598)
Le moine bénédictin Jacques Fouyn, 37 ème
prieur d'Argenteuil depuis les années 1566, aumônier du duc
d'Anjou, fréquentait les poètes proches de la cour, tels que Baîf et
Ronsard, dont un disciple qui signait E.S.P publia en 1572 un poème
dédicacé personnellement à « noble Jacques Fouyn ». Intitulé
«Hymne sur la naissance de Madame de France, fille du roy
très-chrétien Charles IX », cette œuvre célébrait la
naissance de la fille unique du roi Marie Élisabeth de France le 27
octobre 1572, deux mois après le choc du massacre de la
Saint-Barthélémy.
L'action des poètes fut de nul effet sur le
destin de la petite princesse qui décédera seule en l'hôtel d'Anjou à
l'âge de 6 ans, son père le roi étant mort et sa mère la reine
Élisabeth d'Autriche ayant regagnée Vienne depuis deux ans pour faire
retraite chez les Clarisses.
La dédicace poétique en faveur du prieur
d'Argenteuil suggère qu'il se comportait en relais d'opinion au sein de
la diaspora angevine. En effet, il était à la fois apparenté à François
Jourdan , dit Nigéon l'angevin, professeur du roi et spécialiste en
langue hébraïque, à Jean Allaneau, châtelain depuis 1553 de la baronnie
de Pouancé, à son fils Clément Allaneau futur conseiller au Parlement
de Bretagne de 1572 à 1601 et enfin au jurisconsulte Marin Liberge qui
sera embrassé en 1595 par Henri IV lorsque ce roi entrera dans Angers.
A partir de 1577, dans le cadre de
l'aliénation des biens religieux décidée par le pouvoir royal et
l'Eglise, Jacques Fouyn céda plusieurs biens fonciers relevant de son
abbaye d'Argenteuil à des membres de sa famille :
1) la seigneurie de Merlan à Noisy-le-Sec (93) à Jean Moreau et Guillaume Dumont, époux d'Elisabeth Fouyn, beau-frère du prieur.
2)
les fiefs de la Mairie à Sannois (95) avec ceux du Tertre, du
bois des Conches et de Jean Le Maistre à Robert Gédouyn, commis du
receveur général du clergé, époux de Charlotte Des Cordes fille de Jean
et Madeleine Rubentel. Ce seigneur rétrocéda ces fiefs à son beau-frère
l'avocat Denis des Cordes qui en rendit aveux le 6 avril 1579 au
prieur d'Argenteuil, renouvelés les 7 juin 1582 et 4 juin 1609. La
famille Des Cordes était apparentée à la quatrième génération au couple
Catherine Budé et Etienne Chevalier.
Un bénéfice à Angers, une
promotion pour
un angevin
En outre, Jacques Fouyn avait d'excellentes
relations parmi les hiérarques catholiques, tels Pierre de Gondi,
grand-prieur de la reine Élisabeth d'Autriche et surtout Nicolas de
Thou (1528-1598) évêque de Chartres, dont il fut le procureur.
Puis, tout en conservant son poste de prieur d'Argenteuil et nommé abbé
commandité de Saint-Serge d'Angers, également chanoine d'Angers et
maître des requêtes du duc d'Anjou , il se fit remarquer au sein du
conseil municipal d'Angers contre les protestants angevins.
Puis il résigna son poste d'abbé en 1580 au
bénéfice de son neveu René Fouyn, alors curé de Morannes
(Maine-et-Loire) mais pour des raisons administratives et après procès,
le résignation fut refusée et le prieur d'Argenteuil conservera
l'abbatiat de Saint-Serge d'Angers jusqu'en 1593, sauf le poste de
chanoine conservé par son neveu.
Devenu l'un de ces abbés à bénéfices envié
par la population catholique et vilipendés par les protestants, Jacques
Fouyn n'oubliait pas sa famille et les biens temporel dont il avait la
charge. Ainsi en 1577, dans le cadre des ventes de biens du clergé
imposé par le pouvoir royal afin de lutter contre l'extension du
protestantisme, il aurait facilité l'achat, par son beau-frère
Guillaume Dumont, de la seigneurie de Merlan ( ) écart de Noisy-le-Sec
( Seine-Saint-Denis) relevant de son prieuré.
Jacques Fouyn prend pied à
Yerres
A l'époque, Jacques Fouyn, non astreint à
résidence à Angers, vivait au cloître Notre-Dame de Paris et
administrait le domaine de l'abbesse de Notre-Dame d'Yerres dit «
de la grange du Milieu » à Yerres, au sud du massif forestier
d'Ardenay, dite forêt Notre-Dame . C'est lui qui obtint en septembre
1581 du roi Henri III le droit de faire creuser des fossés et de clore
de murs ce domaine. Il était localement nommé « Jacques Foing
d'Argenteuil « (sic) et l'autorisation soumise aux conditions du
notaire Dreux III Budé époux de Jeanne Brachet, descendant à la sixième
génération de Dreux 1er Budé, qui était alors châtelain d'Yerres.
Et déclenche un conflit féodal
L'autorisation accordée déclencha une
action judiciaire car héritière à la 5 ème génération du premier
Etienne Chevalier, Madeleine Chevalier (1523-1590), dame de Corbeil,
veuve du protestant Gui Arbaleste, vicomte de Melun contestait les
droits féodaux de la famille Budé sur la châtellenie, engagée par le
roi depuis 1389 au bénéfice de son ami et chambellan Bureau de la
Rivière.
Le jugement rendu en 1584 conclu à un
arrangement financier, la famille Budé devant régler un dédommagement à
Madeleine Chevalier et à ses héritiers. Puis Yerres revint en la main
du roi qui 'intégra définitivement la châtellenie d'Yerres à son comte
de Corbeil et la mis en vente. Mais il fallut que les héritiers Budé
dédommagent également un autre créancier.
Les créances d'un bailleur de
fonds des
gabelles sur la châtellenie d'Yerres
En 1587, Dreux III Budé décéda en sa
châtellenie d'Yerres et sa succession fut l'occasion pour son créancier
le contrôleur des guerres Pierre Moreau, d'engager une procédure
judiciaire pour recouvrer ses créances. Il obtint en 1588 jugement en
sa faveur et fit saisir 1000 Livres en deux rentes gagées sur les biens
et la succession du défunt châtelain.
Pierre Moreau, dit « le
Saulnier », était l'un des investisseurs pour 12.000 Livres du
monopole royal créé sur la vente du sel et les droits de gabelle. On
croit savoir qu'à défaut de numéraires diffiçiles à réunir en cette
période de guerre de religion, le contrôleur des guerres reçut en
dédommagement une partie de Bondoufle, fief de la châtellenie d'Yerres.
En effet, c'est à partir de 1588 que la famille Moreau prend pied à
Bondoufle alors tenue par Guillaume de Maulevault, un proche de la
princesse de Clèves, veuve de défunt Henri le balafré duc de Guise..
Vente de Bondoufle à
Constantin Chevalier
En 1598, le banquier en cour de Rome,
Constantin Chevalier, neveu du prieur Jacques Fouyn et gendre Guillaume
Dumont acquiert la seigneurie de Bondoufle vendue par Guillaume de
Maulevault. Il était associé avec Robert Moreau dit de Merlan époux
d'Anne Godart et fils du contrôleur des guerres. précité En fait, ce
dernier sera le grand-père d'Anne Chevalier, petite-fille de Constantin
Chevalier.
Cette transmission tendrait à démontrer que
Constantin Chevalier était un descendant du couple Catherine Budé et
Etienne Chevalier remontant à 1444 mais ses parents ne sont pas encore
identifiés.
En tout cas, c'est bien cette affaire et
indirectement les guerres de religion qui durèrent de 1563 à 1594, qui
déclenchèrent la fin de l'alliance des familles Budé et Chevalier.
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