Le corps des pontonniers fut créé en 1793 à partir de soldats servant dans les unités d’infanterie des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse. Ils portaient alors l'uniforme de leurs unités d'origine. De leur coté existaient 2 compagnies de mariniers volontaires de Strasbourg qui, afin de se distinguer de la Garde Nationale de cette ville de garnison, dotée du bicorne de feutre remplaçant le tricorne de l'ancien régime, auraient abaissés la partie droite du bicorne, laissant relevée la partie gauche, l'agrémentant de l’ancre utilisé sur le Rhin. Ces unités disparâtres seront ensuite amalgamée dans le 1er bataillon de pontonniers.
Ci-Contre, détails du passage du Rhin le 24 juin 1796. Tableau de Jean Baptiste Stuntz (1753-1836)
C'est vraisemblablement à partir de cette
période que les 8 compagnies de pontonniers sont
dotés du chapeau caractéristique des
volontaires
strasbourgeois. Ce
couvre-chef militaire
était fabriqué en gros
feutre de laine brune ou noire, galonné en noir,
sa coiffe est ronde, la bordure du côté droit est
horizontale, celle du côté gauche est
relevée pour faciliter le chargement du fusil avec sa
baguette. Sur la partie relevée figuraient la
cocarde
tricolore portée sur le chapeau de toutes les armes mais
avec en dessous l’ancre des mariniers du Rhin. L'uniforme
était celui
de l’infanterie, avec
habit de drap bleu foncé, collet et
épaulettes bordées
d'écarlate. Gilet rouge à deux rangées
de boutons, pantalon bleu à nœuds hongrois et
tresses écarlates. En grande tenue, le chapeau
était surmonté d'un plumet rouge.
Pour le travail en été, les pontonniers portaient
une chemise de toile, pantalon avec guêtre et un calot avec
pompon à l'extrémité d'une cordelette.
1)
Crédit photo Musée de l'Armée de
Bruxelles. Rare chapeau de pontonnier de la période
révolutionnaire, vue du côté droit.
Première fabrication, fond plat arrondi |
2) Même chapeau vue de face, avec fond arrondi. On distingue la fixation de l'aile gauche sur le fut cylindrique. | 3)
Crédit Photo Ulrich d'après exemplaire
du Musée de l'Armée de Paris . Seconde fabrication à fond plat. |
Chapeau en feutre de laine foulée teint de
couleur noire, souvent décolorée en
couleur brune. Fut cylindrique avec à la
base une ganse en galon. Dessus du fut plat à bord
arrondi recouvert de cuir imperméabilisé
cousu. Bordure large d'environ 8 centimètres,
légérement plongeante et cerclée d'une
ganse en galon, avec une aile gauche relevée
et dépassant la hauteur du fut d'environ 15
centimètres. Cette aile est fixée au fut et
comporte à son extrémité
supérieure une cocarde tricolore en tissus
plissé, disque blanc au centre, cerclée de bleu,
de blanc et de rouge souligné en blanc. Cousue sur l'aile
relevée, la dimension de la cocarde est d'environ 15 cm de
diamètre, mais elle n'est pas
maintenue sous la ganse en V située
à l'arrière de l'aile. En dessous de la cocarde
est fixée une ancre à jas en
métal avec cordage enroulé sur la tige principale.
Cette situation durera jusqu’au décret impérial du 18 février 1808 qui diminuera les compétences des conseils d’administration et créera le capitaine d’habillement. Ce dernier commandait une compagnie au dépôt du bataillon et supervisera la confection et la qualité des uniformes et leur délivrance aux nouvelles recrues. A cet effet, il gérait un corps de métiers spécialisés attaché à l'état major du bataillon ou du régiment, avec pour adjoint des maîtres ouvriers (tailleurs, cordonniers, armuriers) chargés de la confection des uniformes . Ces ouvriers étaient plus ou moins compétents, aussi les officiers utilisaient souvent des tailleurs civils pour la confection de leur uniforme.
Cette réforme, mise en place vers 1805-1806, met fin au chapeau caractéristique des pontonniers qui est désormais remplacé par un shako dotée de plaques différenciées selon les types et spécialités d'armes.
Destiné à protéger des coups de sabre porté de haut en bas et des intempéries,le shako ressemble à un tube évasé vers le haut avec une visière agraffée sur le fût en feutre. Le dessus est en cuir de vache. Les seules distinctives propres aux pontonniers sont la cocarde nationale et un plumet ou un pompon de couleur écarlate.
Le fut du shako est en feutre, haut d'environ 20 cm, le sommet est recouvert par une calotte de cuir de vache ciré, de 24 cm diamètre, rabattu sur le fut . Sur le devant est fixée une visière de cuir de vache attachée au feutre par des agraphes. L’intérieur du shako est garni d’une coiffe en toile (cadis) qui se serre avec une ficelle.
Le shako des officiers d'artillerie et de pontonniers, de meilleure qualité, voyageait dans un coffret en carton, recouvert de papier peint.
règlement de 1806. Plaque en cuivre jaune avec n° du bataillon estampé (p.20, fig 49) | réglement de 1812. Plaque à l'aigle reposant sur un soubassement (p.61 fig 145) |
En 1823, après l'Empire et la première Restauration, le shako devenait cylindrique et plus haut, orné d'une cocarde blanche et d'une plaque aux trois fleurs de Lys, tandis que le pantalon d'uniforme devient blanc pour un temps. Puis il sera encore modifié, mais c'est une autre histoire.
Type 1797 | Type 1er Empire 1812 | Type Restauration (1823) |
Type 1850-1860 (Photo de Mme Michèle Brunat ) |
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Armement individuel Les pontonniers de la République et du 1er 'Empire étaient dotés du fusil de dragon, modèle 1777, modifié en 1802. Plus court que celui de l’infanterie, il était sans précision au dessus de 150 mètres. La giberne noire était celle de l'infanterie avec buffleterie blanche. S'y ajoutait un glaive d'artillerie, genre de sabre briquet court à lame droite . Il sera remplacé à partir de 1816 par un modèle plus évolué, à monture en laiton fondu, à simple croisière et fusée à écailles. La lame était à à double tranchants avec gouttière médiane. |
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Etendard du 1er bataillon des pontonniers du Rhin A l'origine, les pontonniers étaient dotés d'un fanion tricolore à bande blanche plus large que les deux autres, avec au centre un ancre de marine, à gauche la lettre P (pontonniers) et à droite R (République ) le tout entouré d'un cercle de branches de chêne. Il s'agit d'un étendard, les pontonniers n'étant doté réglementairement d'un drapeau officiel qu'en 1811. Il restait d'ailleus à la garde du dépôt de Strasbourg. A noter que selon l'arrété du Consulat cité à la rubrique uniforme, la durée de vie d'un drapeau attribué à un corps militaire était de 12 ans. |
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Etendard du 2ème bataillon des pontonniers d'Italie Il aurait été attribué en 1796-1797 par Bonaparte qui créa les deux premières compagnies de pontonniers lors de sa première campagne d'Italie. Elles formèrent l'embryon du 2ème bataillon surnommé d'Italie par opposition au 1er bataillon dit du Rhin. L'hypothèse est vraisemblable mais nous n 'avons pas trouvé confirmation dans les textes de la remise de ce drapeau ni même de ses attributs ou inscriptions. Plusieurs artistes l'ont représenté avec deux haches et deux ancres de pontonniers. Il s'agissait vraisemblablement d'un étendart et non d'un drapeau réglementaire. Le dessin de droite est une représentation publicitaire représentant le drapeau du 2ème bataillon, avant les transformations consécutives au nouveau réglement de 1804. Il provient de la collection d'albums publicitaires Bozon Verduraz de Christian Mitel. |
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Drapeaux et étendards
A partir du
réglement de 1804, chaque bataillon
est doté d'un
drapeau dont la hampe est surmontées d'un aigle
doré, dont le caisson porte le numéro de
l'unité.
Le drapeau mesurait 80 x 80 cm, et ne comportait ni
frange ni cravate.. En
toit cas, les pontonniers n'auraient pas eu de porte-aigle ou d'adjoint
porte-drapeau- armé d'un esponton muni d'une flamme car
aucune
de ces mentions ne figure dans l'effectif du 1er bataillon. L'historique du corps indique que, le 10 mai 1852, un nouveau drapeau surmonté d'un aigle, leur fut attribué et remplacé au fil de ses changements de numéro. Après la capitulation de Strabourg en 1871, il fut déchiré en 3 morceaux. Il portait alors le numéro 16, avec sur la partie blanche les campagnes militaires des pontonniers suivantes « Rhin, Adige, Danube, Niemen, Berezina, Alma, Inckermann, Sébastopol, Magenta, Chine ». Il se trouve actuellement dans une vitrine du Musée de l’Armée aux Invalides et ses dimensions sont celle d’un étendard et non d’un drapeau. http://www.drapeaux.org/France/Empire_1/1804.htm |