Grande-Bretagne |
Autriche |
Russie |
Naples et Siciles |
Turquie |
La paix de Campo-Formio ne dura que pendant les premiers mois de l'année 1978 marqués par la poursuite de la politique d'exportation de la Révolution menée par le Directoire avec la création d'états « tampons » plus ou moins imposés. Telles les républiques ligurienne (Gêne) le 6 juin 1797, cisalpine (Milan) le 29 juin de la même année, romaine (Rome) le 15 février 1798 et enfin hélvétique (Zurich) le 16 mars de la même année. D'autres suivront.
Les deux bataillons de pontonniers avaient
regagné le territoire
national au cours du premier trimestre de l'année 1798. Le
1er bataillon et son
équipage de pont stationnait à
Strasbourg sa ville de garnison.
Le 2 ème
bataillon et une partie de son équipage de pont avait
quitté l'Italie pour
stationner à Rennes et Douai. En effet, il faisait parti des
unités désignés
par Bonaparte pour être affectées dans
l’armée contre l’Angleterre
prévue par
le Directoire selon le décret du 23
Nivôse an VI soit le 12 janvier 1798.
Ses pontonniers faisaient partis des 26.0000 fantassins et artilleurs
retirés
d'Italie, rejoignant les éléments venus des
autres armées. Une partie du matériel
de ces pontonniers, bateaux et haquets de transport, avait d'ailleurs
été cédé
aux pontonniers
de l’armée cisalpine
sous commandement
français, comme prévu par le traité
d’alliance entre les deux républiques. Ce traité
dirigé contre l'Autriche et l'Angleterre
prévoyait ; la création d' une
armée de 38.000 hommes dont un équipage de ponts
de 60
pontons, l'habillement et la solde d'une armée
française basée en Lombardie, à
Pizzighettone avec des garnisons à Mantoue,
Peschiera et le château de
Ferrare. Un additif daté du 18 septembre 1801
ajoutera l'organisation de 4
compagnies de pontonniers sous commandement français.
Mais la nécessité d'augmenter les
impôts pour financer l'opération amena le
Directoire à surseoir au projet. Ainsi
l’armée contre l’Angleterre fit
mise en réserve aux ordres du général
Hédouville, alors Chef d'Etat-Major de
l'armée de l'Ouest.
Quant au général Bonaparte, il fut
chargé d’une expédition contre
l’Egypte,
état de l'empire ottoman de Turquie allié de
l'Angleterre. Transportée par
l'escadre de Méditerranée, cette armée
quitta Toulon le 19 mai et prit l'Île de
Malte le 11 juin afin de s'en servir comme base arrière.
Depuis le 12 mars 1798, une nouvelle coalition contre la
république française
était née, regroupant les royaumes et empires
d'Angleterre, de Turquie,
d'Autriche et de Russie. Dès le début du conflit,
ces pays allaient cordonner leurs
actions militaires, contrairement à la première
coalition où chaque pays
luttait pour son compte.
Au cours de cette année, les
armées du Directoire vont subir
d’importants revers militaires dans cinq des des six
théâtres d’opérations
militaires dans lesquels seront engagés des
pontonniers. En
outre, des dissensions au niveau du Directoire,
prélude au Coup d'État du
18 brumaire -9 novembre 1799- , vont provoquer de nombreuses mutations
de
généraux. Aussi est-il opportun de distinguer
chacun de ces champs de batailles
pour éviter les confusions.
Ces théâtres d'opérations seront
les armée d’Orient des
généraux Bonaparte
et Kléber, du Rhin des
généraux Jourdan et Masséna, lequel
commndera
également l’armée
d’Helvétie du
général Lecourbe,
puis l'armée
d’Italie des généraux Joubert,
Scherrer, Moreau, Championnet et Macdonald et
enfin l'armée de Hollande du général
Brune. D'autre part, l'armée contre
l’Angleterre deviendra armée de l'Ouest
mais n'apparaît pas dans les
opérations militaire. Par contre, elle conservait
à Rennes une partie des
chariots et haquets amenés d'Italie dans le courant
de l'année 1798 comme
le précisa le ministre de la guerre
Carnot à Bonaparte ( Lettre du 29 mai
1800,
Archives Nationales
AP IV/1161) qui
demandait des renforts de pontonniers. Ces matériels seront
distribués dans les
autres corps d'armées.
Après cette énumération, voyons quelles furent les actions spécifiques au corps des pontonniers, encore muni de son uniforme caractéristique.
Arrivés
par mer venant de
Gênes (Italie)
et débarqués à Alexandrie (Egypte) le
1er juillet 1798, c'était la première
fois que des
pontonniers participaient à une opération
de débarquement. Aussi Bonaparte avait-il
désigné les meilleurs, c'est à dire
son directeur des équipages de pont Antoine
François Andreossy et la 1ère
compagnie du 2ème bataillon, mais
démunie de
matériel lourd tels bateaux et haquets.
Après la
bataille des Pyramides du 22 juillet qui ouvrit la route du
Caire, le corps
expéditionnaire fut isolé de la
métropole par la victoire navale de l'Angleterre devant
Aboukir des 1er et 2
août 1798.
Au
Caire, les pontonniers durent construire un grand pont de bateaux
permanent
devant l’hôpital militaire d’Ibrahim Bey
et participèrent ensuite à des
opérations de reconnaissance en Basse-Egypte et aux convois
de ravitaillement sur le Nil. Ils participent ensuite à la
campagne de Syrie menée par Bonaparte ( février
à août 1799) au cours de laquelle le
capitaine des
pontonniers François Louis Bouchu devra utiliser des bateaux
de réquisition et
du matériel local lors des batailles d'Aboukir ( 25
juillet
1799), de Jaffa et au siège perdu de
Saint-Jean d'Acre. Ils rentreront ensuite en Egypte pour
s'établir au mois de novembre
1799 à Bilbey, au sud du Caire. A cet
endroit ils établissent un pont sur
le Nil afin d'améliorer le chemin de
ravitaillement pour l'artillerie et les
convois de chameaux entre Salheyeeh à Qatyeh.
La situation militaire en France et en Italie s'étant
détériorée dès le premier
trimestre de l'année 1799, Bonaparte quitta l'Egypte le 9
août 1799 pour
rentrer en métropole. Après son départ
d'Egypte, la situation de l'armée
d'Orient se détériora, son successeur le
général Kléber ayant
été assassiné et remplacé
par le général Menou
qui capitula le 31
août 1801. Après négociations avec les
Anglais, l'armée d’Orient fut
rapatriée en France dans le courant des mois de septembre et
octobre 1801. A son retour le capitaine Bouchu fut
chargé du
commandement et de la réorganisation du 1er bataillon de
pontonniers. Les effectifs de sa 1ère compagnie,
furent affectées à la 8 ème
compagnie
qui combattait avec l'armée des
Grisons dans les Alpes italiennes. Ils étaient au
nombre de 28 sur les 75 partis de Gênes.
Avant même la déclaration de guerre du 12 mars,
Jourdan et
son armée du Danube
traversent le Rhin le 1er mars 1799 entre Bâle et Kehl. Le
lendemain 2 mars 1799 Bernadotte franchi également le Rhin,
mais
plus au Nord et face à Spire.
L'armée de Jourdan franchit le Danube le 13 mars mais ses
troupes seront battue
les 21 et 25 mars à Ostrach et Stockach par l'archiduc
autrichien Charles et
feront retraite sur leurs positions de départ. , Jourdan
démissionne le 3 avril
de son commandement et remplacé par le
général Masséna, qui commandait
déjà l'armée d'Helvétie.
Cette conjonction du commandement est un atout car la
Suisse forme un saillant entre l'armée d'Allemagne et celle
d'Italie qui connaît de graves difficultés.
Dans les deux cas, c'est l'équipage de pont et les
pontonniers du 1er bataillon
qui ont assurés les lancements de ponts et les ont
gardé en état.
Le 6 mars 1799 l'armée d'Helvétie aux
ordres de
Masséna traverse le Rhin afin d'occuper le
Suisse et prend Lucerne sur le lac du
même nom. Afin de contrôler
les rives du lac, le lieutenant de pontonniers Gauthier
organisé
une flottille
armée. Il avait bénéficié
du soutien de la
ville de Lucerne qui équipa un bac
s’ajoutant aux canots, tous armés de canons. Cette
flottille pouvait transporter 500 hommes et fut utilisée
à
plusieurs reprises contre les Autrichiens entre les rivière
Reuss et Linth. Mais la pression de l'armée
autrichienne obligea l'armée de Masséna qui avait
occupé les Grisons, à l'est
de la Suisse, à quitter ses positions pour revenir sur le
cours
du Rhin. Il en fut de même pour la division Lecourbe qui se
retire de
l’Engadine.
Ces retraites terminent au mois d'août 1799 la
première phase des opérations en
Suisse, dans une atmosphère de défaites car les
troupes françaises sont
attaquées en Hollande par une armée anglo-russe
et que l'Italie est
pratiquement reprise par les armées autrichiennes et russes.
Dans ce pays,
stationnaient depuis 1798 deux
armées françaises, commandée par le
général en chef Joubert et centrée sur
Milan au Nord, l’autre Sud de la péninsule aux
ordres du général Championnet.
Toutes deux sont démunies d’équipage de
pont, handicap certain dans un pays au
réseau hydrographique important, surtout au nord.
Les premières difficultés commenceront
dès le mois de décembre 1798 au Sud pour
l'armée de Championnet car l'armée du roi de
Naples envahi les Rome et les deux
provinces du Labour (Latium et Campanie, dont Capoue),
détruit le pont de
Garigliano et le parc de réserve de l'armée
établi à proximité, tandis qu'une
Insurrection éclate dans les Abruzzes. Les troupes
françaises éprouveront des
difficultés à reprendre Rome au début
du mois de janvier, puis envahirons par
rétorsion et à partir du 23 janvier le royaume de
Naples. Mais les Autrichiens
entrent à Vérone le 27 mars et battent les
troupes françaises dispersées.
Au Nord, Serrurier occupe la Toscane et Joubert
général en chef Italie occupe
le Piémont, Comme son collègue du Sud, il sera
remplacé par l'ancien ministre
de la guerre Scherrer qui refoule les Autrichiens à
Pastrengo sur l'Adige le 26
mars, puis attaque Vérone et Legnano. Mais le 5 avril, il
est sévèrement battu
à Magnano, les pontonniers autrichiens ayant
détruit un pont coupant la
retraite aux troupes françaises. Puis Scherrer se heurte aux
troupes russes du
général Alexander Suvorov
arrivés de Moravie – de nos jours en
république
tchèque- afin de soutenir les Autrichiens. Un combat
décisif a lieu le 27 avril
à Cassano sur le fleuve Adda. Il est perdu par les troupes
françaises qui
battent en retraite, suivis par les russes qui suivent le
Pô . Devant cet
échec, Scherrer est remplacé par le
général Moreau qui prend le commandement
d'une armée démoralisé qui se retire
sur Milan. Dans le même temps, le
général
Serrurier capitule à Verderio. C'est la retraite
générale des troupes
françaises qui abandonnent au général
Suvorovf et aux Autrichiens les villes de
Milan ( 29 avril) et la Lombardie puis Turin (26 mai) et le
Piémont. Devant ces
défaites, le Directoire est inquiet car le territoire
français est menacé, mais
les autro-russes reviennent en arrière pour briser les
résistances d'Asti et
d'Alexandrie avant de gagner les batailles de Plaisance le 18 juin et
de Novi
le 15 août 1799 et enfin celle de Genola le 4 novembre, au
nord ouest de Gêne.
Une partie des troupes en retraite va se réfugier
à Mantoue et Pescheira, sur
le lac de garde où elle sont
assiègées. Une autre partie, après des
combats sur
le Tidone, puis à la Trebbia, se retire à
Gêne où elle attendra les débris de
l’armée de Macdonald. En effet, l'armée
du Sud a évacuée Rome et Naples,
abandonnant à leur sort les garnisons prisent au
piège de l'avance
russo-autrichiennes. La dernière de ces garnisons
résistera jusqu'au 3 mars
1799 à Corfou (îles Ioniennes)
assiégées depuis le 5 novembre 1798 par une
escadre russo-turque qui avait pris Ancone.
L'armée russo-autrichienne est quasiment maîtresse
de la péninsule italienne et
a repris le terrain gagné par Napoléon lors de la
première coalition. L'armée
cisalpine qui combattait aux côtés de troupes
françaises s'est repliée avec
elle et nul n'a entendu parler de son équipage de pont
prévu par Bonaparte dans
le traité d'alliance.
En Hollande, les Anglais font une première tentative de débarquement à la fin juillet 1799 et sont repoussés, Ils reviennent en force sous commandement du duc de York et débarquent le 27 août au Helder, rejoint peu après par un contingent russe. Ensemble, le 31 août 1799, ils prennent la flotte hollandaise au Texel. Devant ces défaites, le général Brune est muté de Suisse, et à la tête d'une armée franco-batave chargée de repousser les assaillants. Brune échoue le 1er septembre 1799 lors du combat d'Abercromby, puis à Alkmaar mais remporte une victoire décisive lors du combat de Bergenop-Zoom (Bergen) qui se déroula le 19 septembre 1799.
En prélude à la bataille décisive de Bergenop-Zoom, une compagnie commandée par le lieutenant Regnard, probablement du 2ème bataillon venu de Douai, établi un pont sous le feu ennemi. Pour cette action, il sera nommé capitaine sur le champs de bataille. Puis il participa avec son unité aux combats de Castricum puis d'Alkmaer des 6 et 10 octobre. Sa promotion fut confirmée par le Directoire le 9 octobre 1799 -17 vendémiaire An VIII. Combien d'autres compagnies de pontonniers participèrent-ils aux combats en Hollande, npis l'ignorons encore. En tout cas, ces victoires amenèrent le duc d'York à traiter au Helder de l'évacuation de la Hollande. La présence de son armée n'était plus nécessaire car l'armée russe attendue d’Italie étant hors de combat lors de la signature de l'accord de cessation des combats daté du 19 novembre 1799. Cette victoire française avait un gout amer car les Anglais avaient détruit la moitié de la flotte de nos alliés hollandais. Et sans ce soutien maritime, plus question de débarquement français en Angleterre.
Afin de soutenir les troupes anglo-russes
débarquées au mois d'août 1799 en
Hollande, le commandement des troupes coalisés fit
déplacer les troupes
autrichiennes de l'archiduc Charles stationnant en Suisse vers le Nord.
Elles
quittèrent Zurich le 28 août 1799,
remplacés par l'armée russe de Korsakov qui
stationnaient dans la haute vallée du Rhin, face aux troupes
françaises.
Dans le même temps, l'autre armée russe de Suvorov
qui combattait avec les
Autrichiens en Italie reçu l'ordre de rejoindre celle de
Korsakov à Zurich.
Mais pour cela, elle devait traverser les Alpes et quitta la plaine du
Pô, le
11 septembre par Bellinzona, clef des grands cols alpestre.
Le général Masséna saisit
l'opportunité de ce déplacement des troupes
coalisées
pour lancer une opération combinée afin
d'encercler les troupes russes.
Les troupes russes,
et leurs pontonniers, passèrent par le col du
Saint-Gothard dont elles
franchirent les défenses et progressaient difficilement vers
les lacs de Zurich
et des Quatre-Cantons.
Mais le général Masséna avait
été en mesure d'amener ses troupes à
travers les
diverses vallées suisses grâce à
l'action des compagnies de pontonniers du
général d’artillerie Dedon. Dans ces
opérations préliminaires, il fit
établir
un pont de 16 bateaux sur la rivière Reuss à
Rothenwill qui fut replié le 23
septembre 1799 et descendu par eau à Bremgarten. Puis 2
compagnies de
pontonniers progressant avec la brigade Gazan lancèrent
ensuite un second pont
de 37 embarcations sur la rivière Limmat le 24 septembre
1799 et s'emparent de
Closter-Fahr, à moins d'une dizaine de kilomètres
de Zurich
Dans le même temps, l'armée du Danube passait la
rivière Limmat le 25 septembre
1799 en établissant un pont de bateaux devant Dietikon et
sous les yeux du
général Masséna commandant en chef.
Ils arrivèrent avec leurs matériels au trot
et sous le feu ennemi. Le pont fut établi rapidement avec
l’aide de la légion
helvétique. Cette action était
coordonnée avec l’armée de Soult qui
disposait
d’une autre compagnie de pontonniers et, dans le
même temps, passait la
rivière Linth près de Billyen. Les travaux de
lancement débutèrent vers 3
heures du matin, la compagnie de pontonniers
étant assistée de
volontaires de l’infanterie. Cette opération
combinée de débarquement par terre
en terrain marécageux, avait été
précédée du passage de
rivière par une
compagnie de nageurs portant des piques sabres et pistolets.
Ces opérations sont à mettre à l’actif des 6 compagnies engagées par les pontonniers et commandées par les capitaines Zabern (3ème du 1er ) et pour le 2 ème bataillons par Chapelle et son adjoint Gauthier (1ère cie) Parisot ( 2 ème) Henry (5 ème) Lefranc ( 8 ème) et Savary ( probablement de la 7 ème) qui sont cités à l'ordre de l'armée.
Les autres divisions françaises
manœuvrent pour enfermer Korsakov dans
Zurich, l'encerclement étant total le 26 avec
l'arrivée des Klein et Mortier,
au sud de la Limmatt, la division Lorge au nord.
Ces manœuvres d'approche permettent aux troupes
françaises d'affronter
les russes dans la seconde bataille de Zurich qui se déroula
le 27 septembre
1799. Les troupes russes se rangent en lignes mais seront
refoulées dans
Zurich, perdant une grande partie de leur artillerie et la
moitié de leurs
troupes. Cette défaite amène Suvorov et son
armée à s'échapper le 29 septembre
par l'est vers Glarus, par les chemins de haute-montagne de la passe de
Panixer, frontière avec l'Autriche. Ils y arriverons vers le
8 octobre, se
rendons à Vaduz (Liechtenstein) puis dans le Voralberg
à Feldkirch le 13
Octobre et Lindau où ils seront rejoint le 20 octobre par
l'arrivée d'un corps
autrichien.Ils prendrons leurs quartiers d'hiver sur place.
Les troupes russes cesseront le combat partout sur ordre du tsar Paul 1er, mécontent que ses meilleurs soldats n'aient pas été soutenus par les troupes autrichiennes. D'ailleurs il fera une paix séparée avec le Directoire le 22 octobre 1799 et ses troupes quitterons définitivement la zône des combats.. Le général Alexander Suvorov, après une retraite stratégique exemplaire. sera victime de cette affaire et sera disgracié pour ne pas avoir été en mesure d'atteindre la Hollande avant la cessation des combats.
Après cette
paix séparée entre Français et
Russes, des propositions de paix sont faites à
l'Autriche qui les
repoussent.
C'est la reprise de la guerre car la bataille de Suisse avait permis
à la
France de regrouper les forces qui lui restaient. Et depuis le coup de
force du
9 novembre 1799, le Directoire avait été
supplanté par le Consulat et le
général Bonaparte nommé 1er Consul
concentrait tous les pouvoirs en ses
mains. Ainsi, après les désastres de
l'année, la France regroupait ses armées
dispersées et l'espoir renaissait pour l'an 1800.
Dès la chute du Directoire, le 1er Consul Bonaparte
prend la
direction des opérations
militaires afin de redresser la situation. Avec l'appui de Carnot
ministre de
il forme une armée de réserve -
arrêté du 8 mars 1800 (17 ventôse an
VIII) – qui regroupera à termes les troupes
dispersées et en retraite des
armées françaises d'Italie et cisalpine3 . Il
place l'ensemble sous le
commandement en chef du général Berthier et
concentre les troupes dans la
région de Martigny, en Suisse.
Ces renforts passent le col du Grand-Saint-Bernard le 14 mai 1800 pour
occuper
le défilé de la Stradella sur la route de
Gênes, l'objectif étant
de repousser les Autrihiens d'Italie puis de remonter vers le Nord, en
concertation avec les armées du Rhin et
d'Helvétie
afin d'encercler les troupes austro-bavaroises affaiblies depuis le
départ de l'armée russe.
L'armée de réserve
était dotée
d'un équipage de pont dans lequel figure le chef
de bataillon Ponge et 3 compagnies de pontonniers parties de
Chambéry où elles
avaient été rassemblées, venant de
l'armée du Rhin reformée à
proximité de
Constance et son lac formant frontière entre l'Allemagne, la
Suisse et
l'Autriche, . Comme l'avait précisé Bonaparte
dans l'ordre 4804 du 15 mai 1800
au conseiller d'Etat Petiet « faire activer le
départ des pontonniers qui
sont d'une nécessité indispensable à
l'armée » . En effet, il n'y avait plus
aucun pontonnier en Italie depuis 1798, comme souligné
précédemment;
Aussi était-il nécessaire de renforcer
les pontonniers, ce que
fit le général Berthier , alors à
Ivréa le
28 mai 1800 en prenant la décisions
suivante " Chaque division fournira à Mareco 25 hommes (100
au
total) pour
former 8 compagnies de pontonniers". Il rendit compte à
Bonaparte 2 qui
s'adressa à Carnot le 29 mai 1800 pour se plaindre de ne pas
avoir de
pontonniers à sa disposition. La réponse ne tarda
pas car
le 4 juin 1800 le
ministre de la guerre répondit " Je fais parvenir rapidement
en
Italie 3
compagnies de pontonniers". Mais il infirme le lendemain 5
juin " Le
seul équipage de pont est parti le 4 juin pour
l'armée du
Rhin. il est de 36
pontons d'airain et 40 haquets. Il reste 34 haquets et 30 pontons
à réparer en
dépôt à Rennes et des agrès
dans divers
dépôts".Ce matériel
à
réparer
était apparemment celui de l'équipage de pont
retiré d'Italie pour l'armée
d'Angleterre.
Ainsi la nouvelle armée d'Italie était en
pénurie de pontonniers, elle avait
l'habitude !!! c'était toujours comme cela,
l'armée d'Allemagne avait priorité.
C'était un handicap car lors de chaque campagne militaire
dans le nord de
l'Italie, le passage du Pô était une
opération cruciale programmée à
l'avance
par le commandement.
Mais Napoléon prend la situation en main et prépare la contre-attaque en repositionnant ses unitées de pontonniers. Ainsi fait-il transférer à partir du mois de Septembre la plupart des compagnies engagées en Suisse avec l'armée d'Helvetie à la quelle il ne laisse que les 7ème et 8 ème compagnie du 2 ème bataillon commandées par les capitaines Gillon et Lefranc.
Il fait transférer les autres unités
en Italie, à disposition du
général Vignolle commandant
les troupes de Lombardie. Sont concernées les
1ère
et 2 ème compagnie du 2 ème bataillon des
capitaines Chapelle Kiffert qu'il fait renforcer par
la 3
ème compagnie du capitaine Sessoles
partie de
Montélimar. Elles seront basées à
Pavie.
Il
renforce également l'armée du Piémont
du
général Soult par
les 4 ème compagnie (capitaine Chapuis )
venue de Lyon
et la 5 ème ( capitaine non identifié)
soit au
total 131 pontonniers
y compris les batelliers italiens. Plus tard, il fera
transférer la 6
ème compagnie ( capitaine Dardennes) venue de
l'armée du
Rhin. A ces compagnies du 2 ème
bataillon il ajoute
la 8 ème compagnie du capitaine Meyer du
1er
bataillon venue de Strasbourg forte de 63 pontonniers. Elles seront
basées à Turin et Crémone.
Pour commander ces pontonniers, il remplace Talet,
chef du 2
ème bataillon par le colonel Ponge directeur des
équipage
de pont qui dispose à partir du mois d'octobre de 7
compagnies de
pontonniers soit approximativement 430 pontonniers
concentrés
au
nord de la péninsule. Mais les délais
de transfert
sont longs en région montagneuses car les
matériels
des pontoniers sont lourds et la plupart des
unités de
pontonniers ne pourront être engagées
qu'à partir
du mois d'octobre 1800, ce qui explique les difficultées
rencontrées avant cette date par les corps de troupes.
Après plusieurs combats préliminaires,
les forces françaises préparent une
offensive décisives sur les troupes autrichiennes et pour
souligner
l'importance du rôle des pontonniers à cette
époque, nuls meilleurs exemples
que ces ordres adressés de Milan par le
général Berthier, au chef de
l'état-major de l'armée de réserve qui
doit combattre à Montebello.
· Le 16 prairial an 8
(5 juin
1800).Donnez l'ordre à 10 pontonniers de se rendre
sur-le-champ auprès du
général Broussier devant Pizzighettone, afin
d'établir un pont ou au moins deux
trailles entre Pizzighettone et le Pô.
· - Le 6 juin 1800.
Le général Murat me mande qu'il n'a point encore
les pontonniers, ni les
sapeurs, ni les ingénieurs, que je vous ai donné
l'ordre de lui faire passer.
- Pavie, le 7 juin 1800,
rapport du conseiller d'Etat Petiet
A mon arrivée ici, je me suis porté sur le point
où nous passons le Pô, à la
hauteur de Belgiojoso. J'y ai trouvé un pont volant mal
établi et ne pouvant
servir qu'à l'infanterie, le ponton n'arrivant
qu'à 60 toises du bord, à cause
des bas-fonds. On s'est occupé toute la journée
à établir un second pont
volant, sur lequel on doit faire passer cette nuit de l'artillerie et
de la
cavalerie. Le passage du Pô éprouve ici de grandes
difficultés; il faudrait
plus de 50 bateaux pour faire un pont, et nous n'en avons que huit ou
dix. Le
deuxième ponton était près
d'être terminé et devait commencer à
passer
l'artillerie et la cavalerie à 10 heures du soir; on
commencera par celles de
l'avant-garde.
- le 8 juin 1800) à 4 heures du matin, jour même
de la bataille de Montbello.
Faites établir un troisième ponton
intermédiaire et envoyez voir si l'on ne
pourrait pas rétablir celui de Parpanese. Nous avions un
pont au delà du
Tessin; voyez à faire établir dans cet endroit un
cinquième ponton.
C’est grâce à ces préparatifs
que le 9 juin, le général Lannes pourra traverser
le Pô et gagner la bataille de Montebello, premier engagement
important de la
reconquête de l'Italie.
Puis le 14 juin 1800 (25 prairial an 8) les pontonniers
durent lancer un
pont volant près de Pavie à l’aide de 2
barques pontées réquisitionnées avant
de pouvoir établir un pont stable pour le passage du gros
des troupes qui
participent à la bataille de Marengo dirigée par
Bonaparte. Vaincus les
Autrichiens battent en retraite et constituent une ligne de
défense
allant du lac de Garde et de l'autre à Mantoue en suivant le
fleuve Mincio. La
victoire obtenue, le premier Consul regagne Paris et
l’armée d’Italie prépare
des positions fortifiées face sur l'autre rive du Mincio. La
situation restera
en l’état jusqu’au mois
d’août qui marque le remplacement de
Masséna par Brune
comme général en chef de la nouvelle
armée d'Italie. Revenu de Hollande, il
dispose alors dans ses effectifs de 2 compagnies de pontonniers soit
194 hommes
et 6 officiers.
Le général Brune attaque le 20
décembre les positions autrichiennes sur le
Mincio grossi par les pluies. Les ponts fixes de Borghetto et
de Vallegio
étant solidement retranchés, il fallut
réquisitionner des bateaux, afin de
lancer un pont près de Pozzolo, à Mozzembano
(Monsonbano. Il fut constitué
d’une soixantaine de bateaux dont une majorité
amenés par des moyens de
fortune, et des bœufs. Ainsi l’artillerie du
général Lamartinière de
l'artillerie put passer le fleuve Mincio le 26 décembre
1800. Mais les troupes
autrichiennes contre-attaquèrent et il fallu reculer
à Pozzolo qui fut pris et
repris 6 fois, restant aux mains de l'ennemi. Enfin les troupes
françaises
s’emparèrent de Vérone puis de Vicence,
de Mantoue et Ferrare ; victoires
décisives qui mettent fin à la 2 ème
campagne d'Italie après la signature de
l'armistice de Trévise
Pendant ce temps, la campagne d'Allemagne avait suivi son cours..
L'armée d’Allemagne aux ordres de Lecourbe, stationnée sur les bords du Rhin, engagea le combat le 1er mai 1800. En tête étaient 4 compagnies du 1er bataillon de pontonniers aux ordres du chef de brigade François Louis Dedon. Elles lancèrent 3 ponts sur le Rhin devant Reichligen sur lesquels passa l’armée du général Moreau. Les pontonniers utilisèrent 36 bateaux de leurs bateaux et 30 embarcations réquisitionnées, certaines portées à bras au bord du fleuve depuis Kloten et Roschach par les sapeurs du Génie associés aux pontonniers. Puis ces derniers partirent à Stein réparer le pont de pierres détruit par l’ennemi. Ces opérations préliminaires permirent les victoires du 3 mai 1800 à Engen et Stockach et du 5 mai à Moeskirch avant la poursuite de la progression vers Vienne.
Après le passage de Reichlingen, nos chaloupes canonnières navigants sur le lac de Constance étaient manœuvrées par des pontonniers de la 1ère compagnie commandée par le lieutenant Gauthier et des mariniers suisses réquisitionnés. Le 11 mai 1800, cette flottille prit la ville de Landau abandonnée par les Autrichiens. Puis elle se rendit à Brégentz et les pontonniers saisirent 17 chaloupes désarmées et abandonnées par l’ennemi. Désormais maîtres du lac, les pontonniers mirent Lindau en défense et seuls gardèrent cette place pendant 3 jours avant d’être relevés par l'infanterie.
Sur la rive droite du Danube et afin de préparer la
bataille
d’Hochstadt,
qui se déroula des 18 et 19 juin 1800, les pontonniers
durent
construire 2
ponts de fortune car leurs barques ou pontons
n’étaient
pas encore arrivés. A
un autre endroit sur le même fleuve et faute de pontonniers
qui
ne pouvaient
être partout, on dut employer une unité de 50 des
nageurs
qui traversèrent le
fleuve et surprirent l'ennemi. Après ces combats,
le
passage du Danube
par Lecourbe fut réalisé le 19 juin 1800 devant
Blintheim. Une fois encore,
cette opération fut
précédée d’une
attaque des nageurs armés qui traversèrent
à
la nage et s’emparèrent de deux canons. Pendant
cette
action, les pontonniers
et sapeurs du Génie réunis réparaient
le pont de
pierres sous le feu de
l’ennemi. Ainsi la totalité des troupes put passer
pour
participer à la
victoire de Höchstädt qui se déroula le 19
juin 1800
sur la rive nord du Danube
et à celles de Nordlingen le 23 juin et de Neuburg le 27
juin
1800. A la suite
de ces opérations, les Autrichiens se replièrent
dans
leur forteresse d'Ulm,
située à quelques kilomètres plus
à l'ouest.
Comme en 1799, Masséna parti de la rive gauche du
Rhin envahit les Grisons
suisses à partir du 5 mars 1800. Ses troupes
combattirent les Autrichiens
dans les vallées jusqu’au 13 juillet 1800 date
où le général Jardon pris
la ville de Lucisteig. Sa progression avait été
très difficile car ses unités
étaient démunies de pontonniers. Pour pallier
à cette absence, elles durent
employer des moyens de fortune tels que charrettes jetées
à l’eau pour passer
les nombreuses rivières.
Un armistice eu lieu à Parsdorf (juillet 1800) suivi d'une
tentative de
pourparler avec l'Autriche, mais ce fut l'échec et la
reprise des hostilités.
Les troupes françaises accentuèrent la pression
en gagnant le combat de
Hohenlinden du 3 décembre 1800, ouvrant la route menant
à Vienne puis les
combats victorieux de Lecourbe à Walsee près de
Salzburg le 12 décembre et de
Kremsmünster le 20 décembre 1800.
L’ultime combat eu lieu à Hohenlinden
où le
général Moreau fut vainqueur le 3
décembre 1800 contre l‘armée
austro-bavaroise.
Enfin les Autrichiens cèdent et signent un armistice
à Syteyr le 25 décembre
1800 au nord des Alpes entre le général Moreau et
l’archiduc Charles. Mais les opérations reprennent
et l'armée des Gisons commandée par Macdonald
livre une guerre de montagnes dans les Alpes italiennes, et occupe la
vallée de la Drave coupant les communications entre
l'armé autrichienne d'Allemagne et d'Italie. A ces
opérations participe la 1ère compagnie du 1er
bataillon.
Ces derniers combats furent un désastre pour
l’armée autrichienne, ce qui
permit au général Brune de signer l'armistice de
Trévise le 16 janvier 1801 aux
termes desquels les Autrichiens se retirent au-delà du
fleuve Tagliamento, fleuve du
Frioul, à l’Est de l’Italie qui se jette
dans l’Adriatique et dont les affluents
viennent du Tyrol autrichien..
Des pourparlers débutent à partir du 9
février 1801 avec l'Autriche et
aboutiront au traité de paix signée à
Lunéville le 23 février 1801 qui mettait
fin à la guerre. A son terme, la France se voyait confirmer
la possession de la
Belgique et de la rive gauche du Rhin.
Puis un traité signé à Florence le 28
mars 1801 avec le royaume de Naples
autorisait la France a entretenir des garnisons à Naples,
Otrente et Brindisi.
La France annexait également la République de
Gênes et le duché de Parme.
Mais la guerre continuait contre l’Angleterre, sans
application directe en
France car la flotte anglaise se battait en avril 1801 contre les
flottes
danoises et norvégiennes. Enfin ce sera la paix
d’Amiens du 25 mars 1802 qui
mettait fin à la seconde coalition. A son terme l'Angleterre
restituait la
Martinique, la Guadeloupe et les comptoirs de l'Inde, tandis que le
Piémont et
l’île d’Elbe étaient
rattachés à la France.
Quant aux pontonniers, les états signalétiques mentionnent à l'année 1801 à propos de l'armée d'Italie " le 3 ème bataillon est stationné au Parc d'artillerie de Crémone avec 479 pontonniers". En fait, il s'agissait d'un bataillon provisoire rassemblant des compagnies des 1er et 2 ème bataillon. Ce bataillon ne survivra pas car, dans son projet de réorganisation de l'armée rédigé le 5 mars 1801, Bonaparte écrivait textuellement " Il n'y aura que 2 bataillons de pontonniers, désigné sous le nom de pontonniers pour l'Allemagne et pontonniers pour l'Italie". Ainsi cet éphémère 3 ème bataillon n'apparait plus sur les registres militaires après l'année 1802.
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le 20 mars 2007, modifiée le 12 novembre
2009
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