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Traduction espagnole |
Après avoir conclut à Tilsitt une paix temporaire avec le Tsar de Russie, l'Empereur s’était allié avec le roi d’Espagne Charles IV pour constituer un corps expéditionnaire franco-espagnol qui alla occuper le Portugal alliée de l'Angleterre. Sous prétexte de renforcer ses troupes d'occupation, Napoléon fit un coup de force contre des garnisons espagnoles puis força le roi d'Espagne à l'abdication au profit de son frère Joseph Napoléon. Devant ces actions, la population madrilène se révolta le 8 mai 1808, début de la lutte de libération espagnole contre les troupes françaises.
Cette situation provoque la défection du contingent espagnol sous commandement du général Junot dont les troupes sont harcelées à partir du mois de juillet par une insurection portugaise liée aux troupes espagnoles.
Le 21 juillet 1808, le général Dupont de l'Estang capitule devant une armée espagnole, à Bailen, en Espagne alors qu'il se dirigeait vers le sud du Portugal. Les troupes françaises furent faites prisonnières, notamment deux compagnies de pontonniers, les 3 ème et 4ème du 1er bataillon, qui furent emmenées en captivité sur les pontons espagnols de Cadix. Pour la petite histoire, cinq d'entre eux réussirent à s'échapper sous la conduits du commandant Grivel des marins de la Garde, en s'emparant d'un petit bâtiment, et rejoignirent les troupes françaises à Sainte-Marie. Il s'agissait du sergent François Didier, originaire de Rouvrois-sur-Othain (Meuse), du caporal Frédéric Guillaume Nussbaum, de Strasbourg et des pontonniers Philippe Henri Schmitt et Jean Krebs, tous de la 4e compagnie et enfin du pontonnier mayençais Clément Matter de la 3e compagnie.
Puis
le 1er août,
un corps expéditionnaire anglais commandé par Sir
Arthur Wellesley, le futur duc de Wellington, débarque au
Portugal pour soutenir portugais et espagnols réunis. A noter la
présence dans ce corps expéditionnaires de quatre
compagnies d'artificiers et pontonniers du 2 eme
bataillon du Royal Engineer.
Ci-contre uniforme des pontonniers britanniques
Devant cette coalition militaire locale, les troupes françaises sont battues une première fois à Evora puis une seconde le 21 août 1808 à Vimeiro. Son armée décimée, Junot doit capituler et signe à Cintra une convention avec les Anglais qui lui permet de ramener par mer une partie de ses troupes démunies de matériels à Rochefort et Quiberon. A partir de cette double capitulation, le Portugal fera office de base arrière pour l'armée anglaise ravitaillée par sa flotte.
Dès le mois d'avril et afin d'être proche des actions militaires engagée, l’Empereur s’était installé à Bayonne et visita le jeudi 21 avril 1808 le dépôt des matériels militaires de cette ville. Il y trouva le matériel - pontons et chevalets- construit en 1794, pour les pontonniers de l'armée des Pyrénées Occidentales et apparemment non utilisé. Il fit remettre ce matériel en état ( Conférence de Jean-Claude Lorblanches pour le Souvenir Napoléonien) et donna l'ordre suivant conservé dans les minutes de la Secrétairerie d ‘Etat datées du 13 juillet 1808 1 à Bayonne. « Le 1er bataillon de pontonniers sera désormais composé de 10 compagnies. Le 2 ème sera composé de 6 compagnies". A la suite de ce décret, les 2e et 5e compagnies du 2e bataillon qui se trouvaient en Autriche passent au 1er bataillon à la suite des 8 compagnies affectées. Elles prennent l'appellation de 9 ème et 10 ème compagnies .
Puis Napoléon créa le 7 septembre 1808 l'armée d'Espagne, qui englobait les troupes déjà sur place, avec en renfort le 1er corps d'armée du maréchal Victor venu directement de l'armée du Rhin, avec la 6 ème compagnie de pontonniers et son matériel, qui lui était incorporée .
Ainsi au début d'octobre 1808, 180.000 fantassins, artilleurs et canonniers subdivisés en 6 corps d’armées stationnaient en Espagne.
Les compagnies de pontonniers arrivèrent à Bayonne dans le courant du mois d'octobre, via Strasbourg où leurs effectifs avaient été complétés. Il s'agissait des 2 ème et 4 ème compagnie du 1er bataillon venues sans matériel de passage de rivière, leurs armements individuels et 5 chevaux. Dès leur arrivée elles rejoignaient le corps d'armée à laquelles elles étaient affectées.
Ainsi à partir du mois d'octobre 1808, le 1er bataillon de pontonniers comprenait les compagnies suivantes qui resteront en Espagne jusqu'à la retraite de 1813:
La 6 ème compagnie au 1er corps du maréchal Victor qui deviendra armée de Madrid puis du Centre.
La 2 ème compagnie avec le 3è corps du général Moncey puis Suchet qui sera l’armée d’Aragon.·
La 4 ème compagnie avec le 5ème corps du général de division Saint-Cyr puis Mortier que l’on appellera armée du Nord
La 10 ème compagnie arrivera en 1810 avec les renforts pour la seconde armée du Portugal du maréchal Masséna.
Les premiers combats en Espagne eurent lieu dans le nord de l'Espagne où se trouvaient plusieurs places fortifiées dans lesquelles les troupes espagnoles s'étaient retranchées. Ce fut le cas à Gerone (Catalogne) et surtout Sarragosse (Aragon) où la forteresse résista victorieusement du 29 juin au 14 août 1808 à un premier siège mené par le général Jean Antoine Verdier. Puis le siège fut abandonné, faute de pontonniers pour faire franchir le fleuve Ebre à l'artillerie lourde destinée à briser les défenses de la ville. Cette situation irrita Napoléon qui décida de prendre la situation en main.
Sous l’impulsion de l’Empereur qui entre personnellement en Espagne, le général Soult enfonce les troupes espagnoles à Burgos (7 et 10 novembre 1808). A l’Ouest, le général Victor, est vainqueur à Espinosa (11 novembre) , bataille à laquelle participa la 6 ème compagnie de pontonniers, la première à étre arrivée sur place. Au Nord, le général Lannes bat les troupes espagnoles qui se retranchent dans la ville fortifiée à Tudela (23 novembre) alors que le général Moncey repousse l'armée espagnole d’Aragon qui se retranchent dans la plate-forte de Saragosse (30 novembre).
Ainsi les armées espagnoles conservent 2 ponts d'appuis importants qui menacent les lignes de communication entre Madrid et Perpignan et gardent le contrôle de l'Ebre et du canal d'Aragon qui relie ces deux villes. Les victoires de Burgos et d'Espinosa ayant dessérées l’étreinte anglo-espagnole, l’Empereur prend avec le 1er corps d'armée la route de Madrid, force le défilé de Somo-Sierra (3 décembre 1808), et ramène Joseph Napoléon dans la capitale espagnole le 13 décembre.
Le général Soult, successeur de Lefèvre commandant du 2e corps d'armée d’Espagne, achève la manœuvre en battant le 19 janvier 1809 les troupes de Wellington qui remontait du Portugal vers le Nord par la vallée du Douero. En déroute, les troupes anglaises rembarquent à la Corogne, au Nord-Ouest de l'Espagne, abandonnant leur matériel dont un équipage de pont qu'ils brulèrent et tuèrent les chevaux qu'ils ne pouvaient embarquer.
Satisfait de la situation l’Empereur quitte définitivement l’Espagne le 19 janvier 1809 pour Bayonne puis Mont-de-Marsan, Il ne reviendra jamais sur ce théâtre d'opération, déjà préoccupé par l’Autriche qui prépare une 5 ème coalitions. Mais avant de partir il ordonne de prendre impérativement le contrôle de la ville fortifiée de Saragosse où s'est retranchée l'armée espagnole d'Aragon.
Après le départ de l’Empereur, c'est le roi Joseph Napoléon qui prit la direction des opérations et rassembla les effectifs de deux corps d'armée pour assiéger, pour la 2 ème fois, le camp retranché de Sarragosse.
Le siège commença le 28 novembre par le 3 ème corps du général Moncey dont s'était le secteur, renforcé par l’infanterie et la cavalerie du 6 ème corps de Ney et enfin le 5 ème corps de Mortier. Il fallait attendre l’arrivée de parc de siège et son artillerie lourde et l'équipage de pont venu de Bayonne avec les 2 ème et 4 ème compagnies du 1er bataillon. Enfin le convoi qui s'étendait sur plus de 10 kilomètres arriva vers le 15 février après avoir parcouru 350 kilomètres en terrain montagneux.
Aussitôt les pontonniers sont mis à l'oeuvre et prirent une part décisive en lançant avec le Génie quatre ponts qui permirent le franchissement du fleuve à 60 pièces d'artillerie lourde et à l’infanterie. Ce fut le pire siège de la guerre d’Espagne qui se termina le 21 février 1809. Il coûta la vie à 3.100 militaires français dont une majorité de polonais du régiment de la Vistule et à 54.000 civils et soldats espagnols.
La ville conquise, la 4 ème compagnie de pontonniers et partie de l'équipage de pont regagnent la base de l'armée du Nord à Pampelune , alors que la 2 ème compagnie reste à Saragosse avec le 3 ème corps qui passe sous commandement du général Suchet.
C'est la seule des quatre compagnies qui participera à la grande majorité des sièges de villes fortifiées ou de forteresses alors que les autres compagnies participaient aux batailles rangées ou en retraite. Elle finira la campagne de France en 1814 à Toulouse, toujours aux ordres de Suchet alors duc d'Albuféras.
Pendant ce temps, la guerre d'Espagne se poursuit et en février 1809, le maréchal Soult pénètre à nouveau au nord du Portugal. Il remporte une victoire à Porto le 29 mars mais doit abandonner le terrain au mois de mai pour revenir en Espagne. Puis le 10 décembre 1809 les troupes du général Augereau ( 7 ème corps) et sa 3 ème compagnie de pontonniers commandée par le capitaine Bourges du 2 ème bataillon prennent Gerone où étaient retranchées les troupes espagnoles.
A partir de cette époque, des dissensions se firent jour entre généraux car le nouveau roi d’Espagne éprouvait des difficultés à se faire obéir. En fait, chaque commandant de corps d'armée combattait en fonction de ses intérêts propres et aucun plan d'action n'était coordonné sur l’ensemble du théâtre d’opération. Ce sera l'une des causes de l'enlisement des troupes d'occupation napoléonniennes
En 1810 la situation militaire nécessite des renforts que l'on fit venir d'Allemagne. Parmi ceux-ci figurait la 10 ème compagnie du 1er bataillon de pontonniers arrivée avec l'artillerie de l’armée du Portugal confiée au général Masséna. Cette armée remporta une série de succès. Mais pour arriver à proximité de Torrès Vedras au sud du Portugal où les troupes anglaises s'étaient retranchées, il fallut construire pour une unité d'artillerie du général Tirlet un pont de cordage qui s'avéra efficace puisqu'il supporta une pièce de 8 avec 4 chevaux et 2 artilleurs. C'était près de Punhete sur la rive droite du fleuve Zézére. C'est dans cette région que Masséna désireux de faciliter ses communications, demanda à Eblé son général commandant l'artillerie de lancer un pont en travers du fleuve Tage 23 . Mais sa 10 ème compagnie de pontonniers n'était dotée que de 5 à 6 barques. Il fallut construire sur place une quarantaine de bateaux par le génie et les pontonniers, et en réquistionner ou acheter autant. Les pontonniers firent beaucoup d'effort pour lancer ce pont qui nécessita environ 80 bateaux et se trouvait à Pinhette. Mais les troupes françaises ne purent franchir les défenses anglaise qui recevaient des renforts par mer. la situation militaire se détériora et le général Eblé reçu l'ordre de détruire ce superbe pont qui fut brûlé le 5 mars 1811 pour ne pas être pris par l'ennemi. Il fallut également détruire 2 ponts volant et bac, 8 nacelles et un autre pont à chevalet. Tous ses ponts détruits derrière elle, l'armée put battre en retraite et revenir en Espagne où elle arriva au mois d'octobre. Masséna payera ce revers par sa disgrâce et sera remplacé par le général Marmont.
Il
n'y aura
plus de tentative d'envahir le Portugal car la situation se
détériore
pour les armées impériales sur la quasi
totalité
de la péninsule ibérique, sauf sur la
côte
méditerranéenne tenue par l'armée
d'Aragon.
Dès
le début de l'année 1812, la situation militaire
se
dégrade rapidement en Espagne, d'autant que des effectifs et
de nombreux officiers sont prélevés afin de
renforcer
la « Grande Armée » qui se
prépare en
Allemagne et en Pologne car Napoléon avait en effet
décidé
d'ouvrir un second front et d'envahir la Russie. Ce fut le cas
de la 3 ème compagnie du 2 ème
bataillon
passée sous
commandement du général Mac Donald
remplaçant Augereau, qui rejoindra la
garnison de
Metz. Ces départs confortent les troupes
anglo-espagnoles qui forcent nos troupes
à
rompre le combat aux Arapiles le 22 juillet l812, sur la route de
Madrid, ce qui oblige le roi Joseph à évacuer la
capitale espagnole avec sa cour. Sa retraite couverte par le
maréchal
Soult le ménera à Valence, sur la côte
méditerranéenne. L’armée
d’Aragon ne
peut nourrir cet afflux de militaires et gens de cour et la caravane
royale rependra la route côtière la France. Mais
l'armée
espagnole encerlait Barcelone et il fallut attendre qu'elle soit
repoussée pour que le roi puisse passer et rejoindre
Pampelune
puis Bayonne.
Puis le 5 octobre des navires anglais débarquèrent des troupes et quelques pièces d’artillerie au sud de Denia mais furent repoussées par l'armée d’Aragon. Pour avoir protégé efficacement la retraite du roi Joseph, le maréchal Soult est nommé par l’Empereur au commandement de l’armée d’Espagne mais les troupes impériales seront battues par le duc de Wellington le 21 juin 1813 à Vitoria.
Cette
bataille perdue après la fuite du roi est significative et
fut
le signal de la retraite
générale.
En effet, la ville était le nœud des routes
pyrénéennes.
et ouvrait la route du pays basque aux troupes anglo-espagnoles et
portugaises. Cette défaite sans
appel démoralisa les quelques 197.000 hommes
encore en Espagne, qui n'ont qu'une hâte, rentrer en France.
Comme les autres unités, les compagnies du 1er
bataillon, ( 2 ème, 4 ème, 6
ème et 10 ème ) feront retraite vers la France.
Seul Suchet résiste à Tarragone avec les
débris
de son armée d’Aragon, et bat les Anglais le 12
juin,
toujours avec la 2 ème compagnie de pontoniers dans ses
effectifs. C’est l'un des derniers sursauts car le 25 juin
l’armée impériale quitte
définitivement
Pampelune en direction de la France, par la route de Bayonne. Les
dernières unités à quitter
l’Espagne
seront celles du maréchal Suchet qui remonte vers Barcelone
à
partir du 5 juillet avec ses matériels et en longeant la
Méditerranée.
Ci-contre, bataille de Vitoria en 1813, vue du côté des troupes anglaises
De l'autre côté, sur la façade atlantique, les anglo-espagnols et portugais sont vainqueurs à Nivelle le 10 novembre tandis qu'ils prennent Bayonne après un siège.
A la même époque, le général Eblé commandant des 2 bataillons de pontonniers sauvait de l'anéantissement la «Grande armée» au passage de la Bérézina.Cette défaite marque également la fin du théâtre d’opération espagnol car le 11 décembre 1813, l'Empereur rend le trône d’Espagne au roi Ferdinand VII qui était en résidence surveillée à Valencay.
De ce fait et malgré des dissensions internes, la majorité des troupes espagnoles regagnent leur pays mais les troupes anglaises poursuivent leur avance en France à partir des Pyrénées. La France affaiblie par la perte en Russie de sa Grande-Armée est maintenant envahie de tous côtés.
La bataille de France commence par des combats retardateurs comme à la bataille d'Orthez de janvier au 27 fevrier 1814 sur la cote atlantique puis à Toulouse où s’est retranchée l’ex-armée d’Aragon de Suchet. Mais l’avance des troupes anglaises est irrésistible et le 10 avril elles prennent Toulouse. De leur côté, les troupes prussiennes et russes marchent sur Paris, prenant les troupes de l’Empereur en tenaille.
C’est le début de la fin pour la campagne de France qui allait amener la chute de Napoléon.
Page modifiée le 16 novembre 1809
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1- Note Archives Nationales, série 384 AP 106 Dossier Suchet.
2- La 2 ème compagnie était affectée à l'origine au 6 ème corps de Ney mais fut transférée au 3 ème corps de Moncey lorsque Ney quitta Sarragosse pour rejoindre le roi Joseph Napoléon à Madrid.
3- Selon les mémoires du Général Bigarré, aide de camp du roi Joseph Napoléon (1775-1813) Paris Kolb 1893 p. 278.
4- Journal des Sciences militaires, 2 ème série, tome XXI, par J. Corréard, 1838, p. 376 à 380.