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Historique
du corps des pontonniers militaires
Au mois de septembre 1792, le général Biron, commandant l'armée du Rhin, demande à la municipalité de Strasbourg de former avec la corporation des bateliers locaux une compagnie qui sera chargée de l'entretien du pont sur le Rhin et de la garde des écluses de la ville. La création est décidée le 2 octobre 1792. L'exaltation révolutionnaire, qui agite les bateliers strasbourgeois, les conduit à former d'eux-mêmes et simultanément une deuxième compagnie.
Ces
deux compagnies strasbourgeoises
accompagnent
l'offensive du général Custine jusqu'à
Mayence
( Rhénanie-Palatinat) en octobre 1792, sur
l’autre rive du Rhin. Elles y
assurent, pendant le siège de la
ville
par les Prussiens, la liaison entre les troupes françaises
établies sur les
deux rives du Rhin. Elles sont aidées par les bateliers
allemands de Mayence
qui forment quatre
compagnies.
L’ensemble commandé par
Frédéric Hoffel quitte les lieux
à la fin
du siège et prend garnison à Strasbourg au mois
de juillet 1793.
Elles sont rejointes en 1793 par deux
compagnies levées sur
ordre du général Pichegru parmi les bateliers de
l'Ill et du Haut-Rhin.
Ces huit
compagnies
à vocation militaro-corporatiste prennent le nom de Corps
des Pontonniers de
Strasbourg puis se constitue en bataillon commandé par le
sans-culotte
Darbellet, élu comme les autres officiers. Ils se dotent du
nouvel l’uniforme de l’infanterie mais avec un
chapeau caractéristique qui
marque leur différence par rapport aux autres
unités militaires de l'époque.
L’inconduite des effectifs est notoire et la plupart ne savent pas écrire. Néanmoins, le 1er Mai 1794, tous adressent une pétition à la Commission Militaire siégeant à Paris, avec la liste des présents et sous le timbre des « pontonniers et matelots du Rhin » . Ils demandent à être incorporés dans l’armée d'active, à percevoir les arriérés de solde et prestations réglementaires et à être renforcés par des effectifs nouveaux. La liste des présents jointe à la requête montre que l’effectif total est réduit à 166 hommes, cadres compris, de nombreux volontaires et la plupart des pontonniers de Mayence ayant regagnés leurs foyers. Constituée en quatre compagnies, cette troupe est composée à 58% d’originaires de Strasbourg et des environs, de 34 % du Bas-Rhin.
Plusieurs courriers de cette époque mentionnent le bataillon des "pontonniers et matelots révolutionnaires" ou bien des "bateliers militaires du Rhin" ou enfin des "bateliers volontaires du Rhin" . La Commission de la Convention Militaire, structure chargée par le Directoire de procéder aux nominations par Procès-Verbaux des officiers de toutes armes isus de la Révolution, édifiée de la mauvaise conduite de cette troupe corporatiste, ne répond pas aux requêtes.
Les autres pontonniers des armées de Sambre-et-Meuse et de HollandeDepuis la loi du 17 frimaire an II ( 7/12/1793 ) qui avait défini les modalités de gestion financière des divers armes et corps militaires ( 1) l’armée d’active comprenait théoriquement 560 pontonniers, indépendamment des pontonniers de Strasbourg qui avaient demandé leur intégration.. En fait, dès la campagne de Hollande en 1794, les généraux avaient du pallier l’absence de pontonniers militaires pour franchir les rivières et s'assurer des concours extérieurs . Ainsi l'armée de Sambre-et- Meuse commandée par le général Jourdan fut dans l'obligation d’utiliser des mariniers hollandais qui entendaient être soldés comme cela se pratiquait sous l'ancien régime.
Il en fut de même pour le général Chonet de Bollemont, commandant les armées de Belgique puis du Nord en 1794 qui dut organiser trois compagnies de pontonniers volontaires de la Meuse et de la Moselle. Ils participèrent avec lui au siège de Charleroi en 1794 puis sur le Rhin en 1795. Il s’agit apparemment des compagnies commandées par le capitaine Louis Tirlet de l'armée du Rhin-et-Moselle. A la suite de ces faits et aux demandes réitérées de la hiérarchie militaire pour obtenir des pontonniers, le Directoire accepta la proposition d’entrée dans l’armée active des pontonniers volontaires de Strasbourg. Ils entrèrent immédiatement en opérations.
C’est ainsi que les pontonniers de Strasbourg seront intégrés dans l’armée mais, dès le 27 Mai 1795, avant la promulgation de la loi, le chef de bataillon Dedon l'aîné reçut l'ordre d’organiser le nouveau corps des Pontonniers et d’amalgamer les volontaires et l’armée d’active. Il commença par renvoyer le sans-culotte Darbellet, intégra Hoffel comme capitaine et forma des compagnies épurées des mauvais sujets.
Dans le même temps, la loi sur l’armée du 18 floréal an III (7 mai 1795) précisa que les pontonniers chargés de la mise en oeuvre des équipages de pont seront constitués en deux bataillons. Ainsi le 1er bataillon naquit officiellement sous le commandement de Dedon le 12 Juin 1795. Mais déjà, l’une des compagnies, la deuxième était engagée à Landau où son commandant, le capitaine Daniel Ulrich fut tué le 15 janvier 1795.
La naissance du second bataillon fut plus difficile car le matériel venant des dépôts royaux était en mauvais états et permettait seulement d'équiper les 2 compagnies de 60 hommes aux ordres du capitaine Louis Tirlet ( 2) C'est elles qui seront chargé de l’équipage de pont destiné à ll'armée d'Allemagne ( 3) .
Le second équipage
prévu pour
l'armée d'Italie formée par
le général Bonaparte le 2 mars 1796
n’était pas prêt et les 2 compagnies
prévues pour ce théâtre
d’opération n'avaient pas de matériel
car les lourds chariots
ne pouvaient passer les cols des Alpes. Aussi le
général Bonaparte fut
confronté au problème posé par les
nombreux cours d'eau qui, , tous sauf le
Pô, étaient perpendiculaires
à son axe
de marche. Sans moyens de franchissement et
d'équipage de pont, il fit
créer par le chef de bataillon Andréossy deux
compagnies de pontonniers
avec des bateliers lombards. Il faudra deux ans au
commandement
pour gommer les
disparités d’origine des compagnies et
réorganiser militairement les
pontonniers en deux
bataillons.
En effet, le 29 février
1797,1e Général Eblé, qui
commandait en chef l'artillerie de l'Armée du Rhin,
écrivait encore au
Ministre: "... Je suis cependant parvenu à
écarter ceux (les officiers du
1er bataillon) qui ne savent pas
écrire, ainsi que ceux qui, par
leur ineptie et leur mauvaise conduite, ne méritent pas de
commander à d'autre
hommes". Son bataillon sera complété
officieusement à huit compagnies en
février 1797, mais son
existence n’est
confirmée que par la loi
du 9 septembre
1799. En son sein cohabitaient les deux compagnies lombardes,
renforcées
par une
troisième crée en 1800 puis
dissoute en 1801 pour être intégrés
dans le deuxième bataillon affecté à l'armée
d'Italie avec les renforts venus de
France.
Les compagnies bis du 1er bataillon
La dispersion des divers corps d'armée en Europe continentale amène le commandement à dédoubler chaque compagnie de pontonniers à partir du 22 septembre 1798 (1er ventose an 6) en créant des compagnies bis. A partir de cette date, chaque compagnie du 1er bataillon, dont l'effectif théorique était de 72 sous-officiers et pontonniers, sera divisée en deux compagnie soeurs dite compagnie bis, dont l'effectif variait entre 35 à 45 hommes, formées de conscrits encadrés de pontonniers et de sous-officiers confirmés. Ainsi le 1er bataillon comptait en réalité 16 compagnies opérationnelles mais à effectifs réduits. Cette constatations a été faites d'après le relevé des registres matricules mais n'ayant pu accéder à celui du 2 ème bataillon, nous ignorons s'il en était de même pour les pontonniers d'Italie dont la 1ère compagnie opérait en Egypte .
Commandant
l'artillerie de l'armée d'Helvétie en
1799 et ayant commandé les pontonniers du Rhin et ceux
d’Italie, le général
Eblé était à même de comparer l'état
d'esprit et l'efficacité opérationnelle des
compagnies D'accord
avec Dedon, commandant le ler bataillon,
il proposa de réunir les deux
bataillons sous un
seul chef et conseil
d'administration. Ce projet sera agréé par le
Comité central de l’artillerie
du Consulat créé par acte
du 15
nivôse an VIII (5 janvier 1800) et
réalisé le
17 avril 1800 sous
l’appellation définitive de
"Artillerie-Pontonniers" qui
succédait aux pontonniers volontaires de Strasbourg et de
l’armée du Rhin. C'est ce
comité et
l'Inspecteur général de l'artillerie qui
désormais
procédaient aux nominations des officiers
d'artillerie et de pontonniers après
contrôle de leurs compétences.
Cette nouvelle organisation sera
l’occasion d'effectuer des
mutations d'officiers et de personnels à
l'intérieur du
corps afin d'amener toutes les compagnies au meilleur niveau technique et
d’achever leur militarisation.C’est ainsi que le
corps
des pontonniers sera dorénavant
commandé par une structure administrative analogue
à celle d'un régiment de
plein exercice, les deux
bataillons
gardant leur indépendance au plan opérationnel.
Organisation
et effectifs des
pontonniers
Le
corps des pontonniers
était composé d'un Etat-Major commandant 2
bataillons de 599 hommes soit 1198
pontonniers et sous-officiers. Chaque bataillon comptait 8 compagnies
de 72
hommes soit 16 compagnies au total. Dès l’origine
de ce corps, les pontonniers
sont constitué en deux bataillons dont la caserne et l
'école de pont étaient à
Strasbourg. A partir de 1800, le corps des pontonniers était
constitué d’un
Etat-Major commandant les 2 bataillons. Chacune de ces
unités comprenait 8
compagnies avec un effectif de 599 pontonniers et sous-officiers soit
un total
de 1198 soldats et 16 compagnies. Dès l'origine, le 1er
bataillon avait
vocation à opérer au delà du Rhin, et
le 2 ème bataillon au delà des Alpes,
d'où leurs appellations de pontonniers du Rhin et de
pontonniers d'Italie,, du
nom de leurs théâtre d'opération
respectif.
La
caserne face sud vers 1900. On voit au premier plan les
fortifications et la porte dite des juifs et sa passerelle.
Sur le canal se jetant dans la rivière l'Ill sont
rangés les bateaux de l'école des ponts.
Les bâtiments à gauche sont ceux du
Génie. |
La caserne face nord en 1825 était en
jaune, selon le plan de la
citadelle reconstituée au 1/600eme par le Musée
des
Plans-Reliefs à Paris dont les relevés
datent de
1829/30. - cliché de
Christian Carlet- Après 1825,
le régiment occupa
également la caserne des pêcheurs , à
droite dans
le prolongement du bâtiment de pontonniers |
Les effectifs des pontonniers entre 1800 et 1825
Les deux bataillons , commandés à partir du 29 janvier 1800 par le général Dedon chef de brigade, participerons de concert aux campagnes de la première Grande Armée en Autriche, Allemagne et Russie. C'est grâce à lui que les pontonniers et l'artillerie procédèrent aux adaptations fonctionnelles nécessitées par l'évolution des conflits, en particulier la création du Train d'artillerie indispensable aux déplacements de l'époque.
L'effectif total des pontonniers variait en fonction des périodes et des besoins du commandement. La plupart du temps, les compagnies étaient en sous-effectif, tant en officiers que sous-officiers et hommes de troupes. A titre d'exemple, certaines compagnies pouvaient compter 40 hommes, alors que d'autres étaient à 100 et même 120 comme le recommandait l'Empereur en Italie. De même, le commandement pouvait effectuer des recrutement locaux, soit pour construire des bateaux ou assurer leur transport comme le firent les généraux Eblé au Portugal et Bonaparte en Italie.
.En
1808, l'ouverture d'un second
front en Espagne amène l’Empereur à
renforcer le 1er bataillon de pontonniers
qui passe de 8 à 10 compagnies par transfert de 2 compagnies
du 2 ème
bataillon, lequel ne compte plus que 6 compagnies. A cette
époque,
l'effectif du 1er bataillon ( 4 )comptait 1265 hommes et
sous-officiers dont la
répartition était la suivante:
Par grades : 2 adjudants, 1 quartier -maître, 14
sergents-majors, 39 sergents, 50 caporaux, 18 tambours, 982 pontonniers
sans distinction de
spécialité.
Par professions : 1 chirurgien, 2 chefs tailleurs, 2 chefs cordonniers,
2
charpentiers, 2 chaudronniers, 10 calfats, 10 fourriers, 40 ouvriers,
25 sans spécialité.
Sur cet effectif, on comptabilisa à la fin de
l'année
158 déserteurs, 65 réformés
et 61 décédés - tués au
combat ou par accidents et noyades.
Le 10 octobre 1810, le 1er bataillon
s'accroît de la
compagnie de
pontonniers réglée par la
république batave -la Hollande - et passe ainsi
à 11 compagnies.
En 1812, le général Eblé commande
l'ensemble des pontonniers de la
"Grande-Armée" en Russie soit 7 compagnies du 1er
bataillon et
4 compagnies du 2 ème bataillon, qui entrèrent
dans la légende au passage de la
Berezina. On ignore combien de pontonniers revinrent à
Mayence, sans leur
matériel brûlés à Orcha et
Moscou mais ils devaient être peu nombreux car
le 18 avril 1813, un décret daté de
Mayence supprima les sept compagnies
du 1er bataillon qui n'existaient plus que de nom. Le bataillon fut
reformé
avec six nouvelles compagnies formées d'hommes
venus des bataillons
supprimés, de nouveaux coscrits
venus du dépôt de Strasbourg et
de
marins issus du 17e équipage de flottille. Le 2
ème bataillon fut également
reformé et , par le même décret, un 3e
bataillon, fort de 6 compagnies
était créé mais on ignore
quels étaient ses effectifs..
Le 18 novembre 1813, le 1er bataillon est porté à 14 compagnies puis le 1er décembre de la même année le 2eme bataillon est porté à 8 compagnies, soit un total de 22 compagnies avec en sus à partir du mois d' avril 1814 une compagnie d'ouvriers pontonniers de la Garde impériale. Mais il semble que ces soit des unités à effectifs réduits avec peu de matériels car on ne les signalent dans aucun combats d'alors. D'ailleurs l'ordonnance du 12 mai 1814 rassemble toutes les unités de pontonniers des 3 bataillons en un bataillon de 8 compagnies. Avec le retour de l'Empereur qui s'évada de l'île d'Elbe, ce bataillon est porté, en mai 1815, à 10 compagnies dont la plupart participèrent à la bataille de Waterloo. Elles se dispersèrent après la défaite et seules les 6 ème et 7 ème compagnies combattirent en unité constituée à La Fère contre l'armée prussienne qui occupait notre pays.
Puis les compagnies trescapées furent rassemblées à Bourges, Laon et Limoges où elles furent licenciées le 9 novembre 1815 par le général Charbonnel au nom du roi de France Louis XVIII. Une partie de l'encadrement fut conservé dans l'armée royale en gestation
Le
corps royal des Pontonniers
Sous la Restauration et après la dissolution de l'armée Impériale, une partie des officiers restera au service du roi et sera intégrée dans le «corps royal des pontonniers » composé d' un bataillon créé à Orléans par ordonnance royale du 31 août1815. Il était composé sur pied de paix de 6 compagnies . Il était en garnison à Limoges en 1816, à Nantes en 1817 et à Strasbourg enfin en 1818.
En 1833, le Ministre de la Guerre décide de faire passer 2 officiers de marine dans l’artillerie de terre dont un chez les pontonniers. Les officiers de pontonniers refuseront cette décision qui provoquera le déplacement du bataillon de la garnison de Strasbourg à celle d’Auxonne. Le renversement du Gouvernement en mai 1834 ramena le calme et le bataillon fut ramené à Neuf-Brisach en 1835 puis à Strasbourg en 1836. Cet épisode explique que les pontonniers soient restés étrangers au coup d’Etat du prince Louis Napoléon Bonaparte du 30 octobre 1836.
En 1840, les rebondissements de la question d’Orient entre l’Angleterre et la France amène le renforcement du bataillon de pontonniers qui devient régiment. Il est placé à la suite des 14 régiments d’artillerie et devient ainsi le 15 ème régiment d’artillerie-pontonniers. Il conservait ses cantonnements à Strasbourg, avec quelques compagnies détachées à Lyon.
Le calme revenu, les pontonniers se signalèrent lors d’un voyage à Strasbourg du prince Louis Napoléon Bonaparte élu président de la République en 1848. En effet, la Garde Nationale et les pontonniers l’accueillirent aux cris de « vive la République ». Une fois encore ils furent exilés à Auxonne jusqu’en 1851. Devenu troisième empereur des Français en 1852 sous le nom de Napoléon III, il décida en 1854 de réorganiser l’artillerie. Une fois encore, les pontonniers furent placés à la suite des régiments d'artillerie à pied et devinrent 6e régiment d'artillerie-pontonniers porté à seize compagnies. La portion principale resta toujours à Strasbourg dans ses quartiers de la Courtine des Juifs et des Pêcheurs, avec des compagnies détachées en Alsace. De 1853 à 1856 une compagnie de 133 hommes participa à l'expédition de Kilbourn en Russie pendant que la 10 ème compagnie restait en Algérie de 1855 à 1859.
Dès 1860, le nombre des compagnies est ramené à douze. En 1867, la crise du Luxembourg impose une modification de la structure des régiments d'artillerie. Les pontonniers prennent la suite des quinze régiments mixtes et deviennent 16e régiment d'artillerie-pontonniers à quatorze compagnies, dont plusieurs détachées à Lyon et une en Algérie.
Pendant le Second Empire, une ou plusieurs compagnies participent aux guerres de Chine, de Crimée, d'Italie et du Mexique;
Lors de la mobilisation du 14 juillet 1870, les quatorze compagnies de pontonniers sont dispersées dans divers corps d’armée. Onze restent à Strasbourg, deux restent à Lyon et une en Algérie.
Leurs sorts seront les suivants :
Après la fin de la guerre et l'annexion de l'Alsace Lorraine par l’Allemagne, les pontonniers doivent quitte Strasbourg et sont regroupés dès le 21 mars 1871 à Lyon puis en août 1871 à la caserne Hautpoul à Avignon qui devient leur garnison. Seules les 5e et 10 eme compagnies resterons à Paris puis à Rueil jusqu'er 1878.
Depuis la militarisation des pontonniers, une polémique va perdurer pendant quatre-vingt-dix ans, et opposer les armes de l'Artillerie et du Génie sur la construction des ponts militaires.
Le Génie, qui a la responsabilité des fortifications, revendique ce travail mais l'Artillerie forte de l'ancienneté de son attribution par décision royale et qui, en outre, a la responsabilité de l'entretien du matériel d'équipage de pont Gribeauval entend garder cette construction..
L'Empereur tranche ce problème vers 1805 en attribuant à l'Artillerie la charge des ponts mobiles ou de bateaux, au Génie celle des ponts fixes. Mais rien n’a été codifié pour les ponts sur chevalets ce qui provoquera une querelle constante sur ce point particulier et qui perdurera jusqu'en 1893.
Mais cela restera du domaine de la théorie du règlement car sur le terrain pontonniers et sapeurs ne se posaient pas de question :le premier arrivé sur la coupure travaillait au rétablissement par moyens fixes ou mobiles.
La querelle, alimenté après la retraite de Russie de 1812 et le passage de la Bérézina où seuls les pontonniers purent établir les deux ponts commandés par l’Empereur, le Génie ne pouvant établir le 3 ème pont demandé. Après cet exploit technique et ce sublime exemple de dévouement, le général de Chasseloup-Laubat commandant le Génie déclara:
"Je reconnais que c'est l'Artillerie qui doit être chargée des ponts à la guerre, parce qu'elle a, par son personnel, ses chevaux et son matériel, de si grandes ressources qu 'il lui en reste encore quand celles des autres services sont épuisées. Le Génie et le bataillon du Danube sont entrés en campagne avec une part considérable d'outils de toute espèce et, cependant, nous sommes arrivés ici ( à la Berezina) sans un seul clou, sans une seule forge, sans un manteau... ". La cause était entendue pour longtemps..
C’est par la loi de réorganisation du 29 juin 1894 que l’armée met à profit l ’accroissement des effectifs pour trancher la querelle constante entre le Génie et l’Artillerie . Il est décidé que la responsabilité de tous les ponts militaires sera confié définitivement à l’arme du Génie. C'est le 6 ème régiment du Génie en création à Angers qui devait absorber les pontonniers. Cétait sans compter sur la dernière réaction corporatiste des pontonniers qui refusent de quitter l’artillerie. Alors, seuls les matériels seront reversés au Génie tandis que les pontonniers seront maintenus dans l'artillerie dont ils formeront les 39e et 40e régiments. C’était la fin définitive des artilleurs-pontonniers successeurs des pontonniers de la République du 1er Empire, de la Restauration et des 2 ème et 3 ème République.
Dorénavant, le franchissement des fleuves et rivières était la mission exclusive de l'arme du Génie-Pontonnier.
Que reste-il de ces modestes et braves soldats
La mémoire collective des pontonniers persiste dans le 6ème Régiment du Génie créé en 1894 à Angers et toujours en garnison dans cette ville à la caserne Eblé, le légendaire général des pontonniers de la Berezina. Symboliquement, la base de l’insigne de ce régiment est formée par l’ancre des pontonniers révolutionnaires de Strasbourg.Cette page a été actualisée aux dates suivantes:
- octobre 2008 : Travaux de Mrs Gérard Ulrich, membre de la Société des Amis du Musée Régional du Rhin et de la Navigation (Amure) et de J. Haessler de l'association "Le Grognard".
-novembre 2013: L'association des "Amis du Musée de l'Artillerie à Draguignan" ( 5) a publié son bulletin n° 51 en reprenant une partie de cette étude, complétée par des précisions sur les théâtres d'opérations suivants: Espagne (1823) Algérie (1830), Anvers (1832) Rome (1840), Crimée (1854, Italie (1859, Chine (1859), Mexique (1862), guerre franco-allemande (1870), Tunisie (1881) et enfin Tonkin (1884).
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Créé le 15
mars 2007, modifié 15 avril 2014. |