Accueil | 1792-1796 | 1798-1802 | 1805 | 1806-1807 | 1808-Espagne | 1809-1811 | 1812-1814 | 1815 | |
Angleterre |
Prusse |
Russie |
Saxe |
Bavière |
Suède |
Espagne |
La Sixième Coalition, tombeau de la Grande-Armée (1812-1814)
C'est à partir du début janvier 1811 que l'Empereur prépare la reconstitution de la "Grande Armée" et regroupe à cet effet trois de ses meilleures divisions: les deux fractions du corps d’observation de l'Elbe, l'armée d'Allemagne du maréchal Davoust et l'armée d'Italie du prince Eugène. Dès le mois de mars 1811, il avait fait rentrer d’Espagne via Irun et Bayonne la 3 ème compagnie du 2 ème bataillon, qui était avec le général Macdonald à Girone en Catalogne, afin de la mettre en garnison à Metz. Auparavant, il avait ordonné au maréchal Ney duc d’Elchingen commandant le corps d’observation de l’Océan de transférer ses troupes à Mayence où elles étaient en place le 15 février 1811. Il avait fait également transférer à Magdebourg les compagnies de pontonniers affectés au maréchal Davoust prince d'Eckmull commandant de l'armée d'Allemagne.
Puis Napoléon fait compléter les effectifs des pontonniers du 2 ème bataillon stationnées en Italie à 120 hommes avant de les regrouper à Vérone.
Ainsi l'Empereur qui connaît l’importance des pontonniers dans les guerres de cette époque regroupe ce corps spécialisé en Allemagne afin de les rapprocher de la Pologne dont il veut faire la base de départ afin d'envahir la Russie. Il dispose alors de deux bataillons de pontonniers à 13 compagnies, y compris la compagnie batave venue de Delf (Holland) car 4 compagnies du 1er bataillon sont engagées depuis 1808 en Espagne où elles éprouvent des difficultés. ,
C'est seulement
à partir des mois
de mai et juin que tous les pontonniers seront réunis aux
environs de Dantzig (Pologne) où le
général
Eblé est sur place. C'est lui qui réceptionnera
dans le
courant du mois de juin 1812 une centaine de bateaux du
modèle
autrichien construits sur place. Il a sa disposition les 13 compagnies
disponibles des 2 bataillons de pontonniers dont la compagnie batave
venue de Delf (Hollande)
Le matériel comprend 120
bateaux
avec leurs haquets,
42 voitures d'agrès, 54 voitures de type
agricole et 8 forges de campagne. Environ 2.000 chevaux seront
nécessaire pour tracter ces quelques 400
véhicules. Ainsi tout sera prêt pour
être intégré à la
Grande-Armée.
Bien que cette
importante force militaire ne
soit pas l'objet de notre propos, voici quelques
éléments la concernant. En février 1812
et selon le
rapport du maréchal Berthier, elle
comprenait les effectifs suivants.:
-.678.080 soldats au total dont : 11 042 officiers et 344 871
sous-officiers et soldats français et 7.998 officiers et
284.169
sous-officiers et soldats étrangers . Cette armée
intégrait de nombreux contingents étrangers sous
commandement de généraux français,
à
l’exception du fort contingent polonais, comprenait ; 300.000
Français, Belges et Hollandais ; 95 000 Polonais : 35 000
Autrichiens : 25 000 Italiens : 24 000 Bavarois ; 20 000 Saxons ; 20
000 Prussiens ; 17 000 Westphaliens ; 15 000 Suisses :et
enfin 3 500 Croates.
Subdivisée en 12 corps d’armée, son
ordre de marche
au départ des bases de Dantzig et Koenigsberg ses deux
principaux ponts de ravitaillement et de ligne d'opération,
elle
partira en juin 1812 vers le fleuve Niémen et la
Russie
sous commandement direct de l'Empereur Napoléon
relayé
par le maréchal Berthier, chef de l'Etat-Major
général. Elle était alors
articulée en 3
colonnes marchant vers l'Est, la force principale étant face
à la ville de Grodno, flanquée à sa
gauche et au
Nord par le X ème corps du général
MacDonald dont
l'objectif est Riga en Lettonie et à sa droite et au Sud par
le
IV ème corps du prince Eugène de Beauharnais,
vice-roi
d'Italie qui marche vers Pilony.
Le corps principal, où se trouvaient les pontonniers,
comprenait
en février 1812 et selon l'état des
effectifs
un total de 248.777 hommes répartis en 332 bataillons et 216
escadrons. Les
officiers étaient au nombre de 9.625 auxquels
s'ajoutaient 1.009 officiers d'Etat-Major. Son axe de marche
était les villes de Lithuanie Kowno ( Kaunas) et sa capitale
Vilnius (Wilna), étapes vers Moscou à l'Est. En
outre, le X ème corps était
chargé de la
prise de Riga, étape obligée vers
Kaliningrad, de
nos jours Saint-Petersbourg .
L'artillerie du corps principal était aux ordres du général de division Lariboisière commandant du parc général avec ses équipages de sièges et de pont servis par les pontonniers. Au total l'artillerie était forte de 8645 hommes et de 2455 chevaux. Elle disposait de 13 compagnies de pontonniers aguerries dirigées par un Etat-major dirigé par le colonel Chapelle surnommé " le père des canonniers", assisté de Joseph Antoine Peyerimhoff, chef du 1er bataillon commandant le 1er équipage de pont, de Jean Baptiste Chapuis, chef du 2ème bataillon commandant le 2 ème équipage de pont; de Delarue chef de bataillon, commandant le 3 ème équipage de pont et enfin de Jean Henri Zabern, chef de bataillon directeur du parc. L'affectation des compagnies de pontonniers était la suivante;
Corps d'armée disposant des 5 unités de pontonniers du 1er bataillon | |
Force principale aux ordres de l'Empereur | La Garde Impériale disposait d’un équipage de pont servi par la 3 ème compagnie du capitaine Georges Louis Braun |
Le 1er corps d'armée du maréchal Davoust, disposait de la 5ème compagnie du capitaine André Bazelle. | |
Le II ème corps d’armée du maréchal Oudinot disposait de la 11 ème compagnie batave du capitaine George Benthien. | |
Le III ème corps du maréchal Ney disposait de la 8 ème compagnie du capitaine Martin Heckman | |
Les 8 compagnies de pontonniers mises à la disposition du Parc Général | |
1 er équipage de pont | Formé par les 1ère compagnie du capitaine Larue, 7 ème du capitaine Jean Jacques Busch et la 9 ème du capitaine Joseph Baillot, toutes du 1er bataillon. |
2 ème équipage de pont | Formé par les 2ème compagnie du capitaine Joseph Gauthier,3 ème du capitaine Dorimon et la 4 ème du capitaine Armand Boulangé, toutes du 2 ème bataillon. |
3 ème équipage de pont | Formé par les 5 ème compagnie du capitaine Andrieux et la 6 ème du capitaine Joffre. Du 2 ème bataillon, elles étaient démunis de pontons mais étaient chargés des agrès et des matériels.. |
Pour mémoire, mentionnons que 4 compagnies du 1er bataillon se battaient depuis 1809 en Espagne ( les 2 ème, 4 ème, 6 ème et 10 ème compagnies) . | |
Autres corps d'armées | |
Prince Eugène de Beauharnais | Le
IV ème corps du vice-roi
d'Italie qui
marche
vers Pilony avec le
VIe corps d'Armée bavarois de Gouvion-Saint-Cyr et le IIIe
corps de réserve de
cavalerie de Grouchy. Ce corps se trouve au sud et à droite
du corps de Napoléon. Il comprend 3 compagnies de pontonniers du
régiment d'artillerie à pied de l'armée royale
italienne, soit au total 300 pontonniers et 15 officiers. |
Jérôme Bonaparte roi de Wesphalie | Le Ve corps d'Armée du polonais Poniatowski et le VIIIe corps d'Armée westphalien de Vandamme avec le corps de réserve de cavalerie de Latour-Maubourg . |
le VII ème corps d’armée saxon du général Reynier | |
Le IXe corps d'armée du général Victor | |
Le X ème corps d’armée du général Mac Donald , au Nord du dispositif. Parti de Tilsit son objectif était Riga et Saint-Petersbourg | |
le XIe corps d'Armée. chargé de la protection de la Prusse et de la Pologne | |
le XIIe corps d'Armée du général autrichien Schwarzenberg basé à Lublin puis à Byalistok. | |
Les 1er et 2 ème corps de cavalerie du roi de Naples Murat. |
Le 23 juin au soir, les premiers éléments de la Grande Armée arrivent avec Napoléon devant le fleuve Niémen large de 100 toises (200 mètres) qui marque la frontière avec la Russie . Comme l’a ordonné Napoléon, le général Éblé a sous ses ordres non seulement ses équipages de pont mais aussi les parcs du Génie avec les ouvriers et marins qui lui sont attachés. Tous, quel que soit leur grade, sont subordonnés aux officiers de pontonniers suivant les instructions directes de Napoléon.
Le premier pont est lancé près de l’embouchure de la rivière Jesia, à côté de Kovno par le premier équipage servi par le 1er bataillon et ses 1ère, 7 ème et 9 ème compagnies. Les deux autres sont lancés par la totalité du 2ème bataillon avec ses compagnies n° 2, 3,4, 5 et 6, à 300 mètres de distance du premier. A noter que la 3 eme compagnies (capitaine Bourges) revenait directement d'Espagne (Haute-Catalogne) via Metz. Les trois ponts sont achevés à 4 heure du matin et vont permettre la traversée des éléments d’avant-garde. Un quatrième pont sera placé sur les hauteurs d'Alexota, en arrière de l'armée.
Ci-dessus le passage de la Grande armée sur les 3 ponts lancés par les pontonniers.
Plus tard, l'armée d'Italie passera le fleuve le 29 juin devant Pilony sur le pont lancé par le 2 ème bataillon et les pontoniers italiens. Il restera en place le lendemain pour le passage de l'armée du roi de Wesphalie qui rejoignait le gros de l’armée et sera le 1er juillet à Grodno.
Puis le 2 ème bataillon lancera ensuite un pont de radeaux sur la Vilia pour le passage du 2 ème corps d'Oudinot qui se dirige vers Keydani.
Ce sera ensuite le passage de la Dwina à Polotz sur un pont de chevalet long de 58 mètres établi en 8 heures par la 5 ème ou la 6ème compagnies du 2ème bataillon démunie de bateaux et forte de 97 pontonniers. Jusqu'à la mi juillet, l'armée progresse sans résistance car les troupes russes refusent le combat et battent en retraite en brûlant leurs magasins. Le 28 juin aura lieu la prise de Vilna capitale de la Lituanie où l'Empereur lèvera une légion lituanienne. L’armée se regroupe Beszenkoviczi puis ce sera en juillet les prises de Minsk et de Borisow.
Les pontonniers, souvent à l'avant-garde avec les éléments de tête, éprouvaient des difficultés à faire progresser leurs matériels qui ne dépassaient pas 20 kilomètres par jour, même avec un renfort de 20 hommes qui devaient tirer avec les chevaux. Ceux-ci étaient rapidement épuisés et l'on dut compléter les attelages et laisser des voitures en arrière. Le 15 août les premiers éléments arrivent devant Krasnoé dont les ponts étaient détruits. Les pontonniers durent établirent le 18 août deux ponts sous le feu des batteries russes. Ils servirent le lendemain au passage des corps du maréchal Ney puis de Davoust qui prirent la ville.
Après cet intermède, l'équipage de pont continua sa route vers Witespk où il fit halte. Les chevaux étaient épuisés et il fallut laisser sur place une grande partie des haquets et des bateaux car on n'en utilisa seulement 28 sur les 120 du départ qui suivirent l'armée jusqu'à Moscou. Le 28 août l’armée est à la Viazma pillée par les russes puis Murat atteint Gjatz.
Le 7 septembre 1812, à Borodino dit la Moskova pour les Français a lieu une bataille victorieuse qui ouvre la route vers Moscou. Arrivés devant Smolensk le 16 octobre, carrefour des routes vers Saint-Petersbourg, le général Eblé fit lancer un pont le 17 mais la ville, brûlée par les Russes en retraite fournit peu de ravitaillement. L'armée y resta quelques jours L'avance se poursuit et le 18 octobre la petite ville de Polotsk est prise par Saint-Cyr. puis le 24 octobre a lieu la bataille de Malo Jaroslawetz, au cours de laquelle les pontonniers durent lancer un pont de radeaux car leurs bateaux n'étaient pas arrivés. La prise de ce noeud de communications permet d'arriver à Moscou sans grande résistance, mais la ville est pratiquement vide de ses habitants et n’a pas de magasins de vivres comme l'escomptait l’armée. Après quelques jours, des incendies volontaires et coordonnés embrasent la ville qui brûlera jusqu'au 20 septembre. Aussi est-il décidé de rebrousser chemin et de revenir vers la Saxe et l'Allemagne car l'hiver et le mauvais temps sont proches. Par manque de chevaux, les pontonniers firent sauter leurs matériels notamment les 28 bateaux avec leurs haquets amenés à grand peine mais qui risquaient d’être pris par l’ennemie.
Les pontonniers en retraite.
L'Empereur, conscient des difficultés, tentera vainement de négocier par l'intermédiaire de Lauriston mais se heurtera à une fin de non recevoir. Au début, la retraite commence en bon ordre mais se désorganise rapidement faute de ravitaillement et de vêtements appropriés à l'hiver russe. L'armée du tsar est à proximité et ses cosaques harcèlent les petites unités
Les combats en retraite sont continuels en direction de la Pologne où l'armée arrive à Borows le 13 octobre puis à Mojaïsk le 18 octobre. Les Russes reprennent Polotsk le 20 octobre et le 14 novembre, le 2 ème corps de Victor duc de Bellune doit combattre à Smoliany et s’y maintint jusqu'au 25. Il reçut l’ordre de suivre la retraite du duc de Reggio vers Studzianca (Bérésina) et de former l’arrière-garde.
Les combats en retraite
continue à
Krasnoïe et Borisow (novembre 1812) car l'armée du
tsar
est à proximité et ses cosaques
harcèlent les
unités isolées.
Sur
ordre de l'Empereur, on fit brûler à Orcha le 20
novembre -donc 6 jours avant le passage de la Brezina- un
équipage
de pont de 60 bateaux afin de donner les chevaux des pontonniers
à
l'attelage des pièces d'artillerie. Le
général
Eblé insista, en vain, pour conserver au moins 15 bateaux
mais
réussi à conserver six caissons renfermant des
outils,
deux forges de campagne et deux voitures chargées de charbon.
Les autres et derniers bateaux laissés à Witesk seront également brûlés sur ordre express de l'Empereur pour ne pas être pris par l'ennemi. Maintenant, la Grande-Armée est totalement démunies de moyens de franchissement de fleuves et rivières.
Le 25 octobre, au soir, le général Eblé reçoit ordre de construire deux ponts sur la rivière Bérézina, le général Chasseloup-Laubat, commandant du génie, étant chargé de jeter un troisième pont.
Le
lendemain 26 novembre, dès 8 heurs, quelques pontonniers
font passer 400 hommes sur des radeaux de fortune afin de
tenir une tête de pont. Puis arrive le gros
de l'armée pris en
tenaille par deux armées russes mais il faut attendre que
les
pontonniers et le génie détruisent les
habitations du
village proche de Studzianca pour
récupérer les
poutres et madriers destinés
à construire des
chevalets. Le général Eblé est sur
place avec ce qui reste du 1er équipage de pont
servi par
les 1ère, 7
ème
et 9 ème compagnies du 1er bataillon de pontonniers
démunis
des bateaux et pontons qui ont été
brûlés
comme précisé auparavant.
La 11ème compagnie
batave du 2 ème corps est là également
et tous
participeront à la construction en 8 heures d'un premier
pont en
utilisant les poutres du village de Studianka.
Un second pont sera lancé par les rescapés des 2
ème, 3 ème, 4 ème et 5
ème compagnies
du 2 ème bataillon. Les pontonniers se mettent au travail
dans
l'eau qui charrie des glaçons. Grâce aux 6
caissons
d'outils que leur général a pris la
précaution
de ne pas détruire, les ponts seront lancés tant
bien
que mal car il fallut parfois utiliser des rondins de bois pour
remplacer les travées. De ce fait, les véhicules
tressautaient et les chocs enfonçaient les chevalets. Enfin
les ponts seront terminés le 26 à 13 heures et le
gros
de l'armée peut commencer à passer, non
sans
pertes car plusieurs chevalets cassèrent sous le poids des
chariots où s'enfoncèrent dans la vase.. Il
fallut les réparer, notamment le pont de
gauche.
Il cassa encore le 27 novembre à l’endroit le plus
profond –environ 2 mètres –mais fut
réparé
grâce aux chevalets de rechange construits par le
Génie
et les pontonniers. Le lendemain les pontonniers durent
déblayer
les deux ponts des morts, hommes et chevaux et des voitures pour
faire passer le corps du maréchal Victor qui traversa de 21
h
à minuit. Une compagnie de gendarmes assurait un minimum
d'ordre car chacun voulait passer avant l'autre. Le 29 novembre, le
général Eblé reçut ordre de
brûler
ses pont dès 7 h du matin , car l'ennemi était
proche,
mais il différa jusqu'à 9 heures car il restait
une masse d'hommes sur la
rive. Cette attitude
permit
à de nombreux "traînards" de passer le fleuve
et son travail lui valut l'estime et la gratitude de la "Grande
armée".
Il n'en profita pas car il mourut des fatigues de
la guerre au mois de décembre alors qu'il avait rejoint
Koenigsberg. Il sera remplacé au commandement des
pontonniers
par le général Bouchu qui avait
été
rappelé d'Espagne au mois de juillet 1813. Sur
les quatre cents pontonniers
présents qui,
presque tous ont dû entrer dans l'eau
glaciale
pour construire ou
réparer les ponts, la plupart seront morts
d'épuisement avant d'atteindre la Pologne et bien peu des
autres reverront la France.
Lien vers la Bérézina en images
Notons que l'impuissance du Génie à construire le troisième pont de chevalets relança la polémique avec l'Artillerie au sujet de la construction de ce type de pont.
Napoléon rejoignit Vilna le 5 décembre où il ne restera que peu de temps avant de quitter pour se rendre à Paris où il sera le 18 décembre. Il veut tenter de sauver son Empire et laisse le commandement de la Grande-Armée en retraite au prince Eugène vice-roi d'Italie. Mais le trône du prince est également menacé et il partira vers l'Italie et son destin, laissant le commandement au maréchal Masséna.
Personne n'a oublié le sacrifice du général Eblé et de ses pontonniers ainsi que des soldats de la Grande Armée dont 223 furent inhumés lors d'une cérémonie officielle le dimanche 25 novembre 2007 au cimetière de Stoudienka (actuelle Biélorussie, 80 km au nord de Minsk).
C'est une "Grande armée" démoralisée qui rejoint Mayence et ses autres bases d'Allemagne. Tous les corps d'armée avaient perdu une grande partie de leurs effectifs. Seuls les fantassins de la Garde Impériale et le 10 ème corps d'armée de MacDonald rentrerons en unités constituées, les autres ayant été dispersées au hasard des combats. Les pontonniers sont dispersés, la 11 ème compagnie batave réduite à 6 hommes avec le capitaine George Benthien rejoindra Torgau en Saxe avec les rescapés de la 9 ème compagnie. Ils seront fait prisonniers par les Prussien avec la garnison après un siège qui dura du 4 au 30 octobre 1813.
La dernière bataille des pontonniers en Pologne en tant que corps constitué fut celle des 2 ème, 3 ème, 4 ème, 5 ème et 6 ème compagnies du 2 ème bataillon qui revenues à leur base de départ de Dantzig, soit au total 101 pontonniers, qui servirent à la défense de la place en lançant quelques ponts sur la Vistule et la Mottlau. Assiégés depuis le 21 janvier sans ravitaillement, ces braves capitulèrent avec la garnison le 29 novembre 1813 et furent emmenés en captivité.La retraite de la Grande Armée après le départ de l'Empereur sera assurée dans un premier temps au prince Eugène Napoléon vice roi du Royaume d'Italie puis au roi de Naples Joachim Murat. Malgré le désastre, l'Empereur réussit à regrouper une armée à partir du mois de février 1813. Elle était forte de 355 bataillons et de 74 escadrons, de 9661 officiers auxquels s'ajoutaient 576 officiers d'Etat-Major. Les sous-officiers et hommes de troupes étaient au total 384.921 dont 21591 dans les hôpitaux, soit 334648 combattants. Ces chiffres démontrent que la Grande-Armée avait perdu en une année la moitié de ses effectifs désormais réparties selon le tableau des effectifs ci-dessous:
Effectifs | Statistiques de février 1813 ( source SHDT C2-704-218) |
45.147 | 1e corps d'observation du Rhin NEY Maréchal
de France, Prince de la Moskova nombre de bataillon : 64 nombre d'escadron : 14 nombre de chevaux : 6024 |
33.673 | 2e
corps d'observation du Rhin MARMONT Maréchal de France, Duc
de Raguse nombre de bataillon : 57 nombre de chevaux : 2444 |
47.938 | corps
d'observation d'Italie BERTRAND Comte, Général de
Division - Infanterie nombre de bataillon : 52 nombre d'escadron : 26 nombre de chevaux : 5924 |
5.979 | garde
impériale
Général RAGUET remplaçant de
Maréchal BESSIERES, Duc d'Istrie effectif de la Garde 5979 nombre de chevaux : 1635 |
33.366 | I
er , II ème, IV ème corps
d'armée nombre de bataillon : 40 |
14.726 | V
ème corps d'armée (troupes Lithuaniennes et du
duché de Varsovie) nombre de chevaux : 6218 |
30.615 | VII
ème corps REYNIER Comte,
Général de Division - Infanterie nombre de bataillon : 32 nombre d'escadron : 16 effectif dans les hôpitaux :11492 nombre de chevaux : 5192 |
35.803 | corps
d'observation de l'Elbe LAURISTON Comte, Général
de Division - Infanterie commandant nombre de bataillon : 48 nombre de chevaux : 3372 |
10.790 | division
GERARD (6e et 8e corps) GERARD Général de
Division - Infanterie commandant nombre de bataillon : 5 nombre de chevaux : 913 |
28.643 | XI
ème corps (avant garde) GRENIER
Général de Division - Infanterie commandant nombre de bataillon : 36 nombre d'escadron : 5 nombre de chevaux : 2822 |
1.373 | 1e
corps de réserve de cavalerie LATOUR MAUBOURG
Général de Division - nombre de chevaux : 3783 total effectif : 7356 |
1.808 | 2e
corps de réserve de cavalerie SEBASTIANI
Général de Division - cavalerie commandant effectif du corps 5430 nombre de chevaux : 3695 |
27.305 | Garnison
de Dantzig RAPP Général de Division - Infanterie
gouverneur nombre de chevaux : 2775 |
13.183 | Troupes
en garnison à Berlin DESSAIX Général
de Division - Infanterie garnisons des places d'Allemagne |
11.599 | Garnisons
des troupes d'Allemagne nombre de chevaux : 2546 |
2. 533 | Bataillons
de marche ( de la Marine) ancienne compagnies des vaisseaux |
Napoléon prépare la défense de l'Allemagne car il sait que les armées coalisées vont prendre leur revanche. Dès le 16 mars 1813 la Prusse lui déclare la guerre mais les contingents germaniques (Saxons, Bavarois et Wurtembourgeois ) restent fidèles à leurs engagements. C’est un peu grâce à eux que Napoléon pourra battre à Lutzen le 2 mai 1813 une armée coalisée à majorité prussienne. Le pont de Dresde sur l'Ebre étant détruit, les pontonniers lancèrent le 9 mai 1813 un pont de quelques bateaux de réquisition. 3.000 hommes passèrent et construisirent une tête de pont fortifiée et repoussèrent l'ennemie. Puis le 21 mai à Bautzen les troupes françaises remportèrent la bataille sans lendemain.
Un bref armistice sera conclu le 4 Juin à Pleiswitz entre la France, la Prusse et la Russie. Mais les hostilités reprennent le 17 Août car entre temps l'ancien général français Bernadotte devenu prince suédois est nommé par les forces coalisées généralissime de l'Armée du Nord. Sous son commandement victoires et défaites se succèdent pour les troupes impériales en retraite : Le 23 août les coalisés battent Oudinot à Gross Beeren, Napoléon les bat les 26 et 27 août à Dresde. mais Macdonald est vaincu à la Katzbach puis Vandamme les 29 et 30 à Kulm, suivi le 6 septembre par une défaite de Ney à Dennewitz où la moitié du corps Saxon et une division Bavaroise passent à l'ennemie. C’est le début de la fin car l’Empereur ne peut plus compter sur les contingents germaniques car le 8 octobre 1813, le roi de Bavière ( beau-père du prince Eugène de Beauharnais ) passa à la coalition et le prince dut évacuer l’Illyrie, puis le Tyrol et se replier en Italie sur l’Adige et ensuite sur le Mincio.
Les batailles
décisives ont lieu
autour de Leipzig où l'Empereur tente d'éviter
l'écrasement de ces forces (150.000 hommes) par celles des
coalisés qui s’efforcent de réunir
leurs armée
du Nord et de Bohème (300.000 hommes) afin
d'anéantir
ce qui subsiste de la Grande Armée.
Les combats font rage
pendant trois jours - le 16 octobre bataille de Wachau, le 18 octobre
avec défection des Saxons et de la cavalerie
Wurtembourgoise;
c'est la défaite le 19 octobre 1813. Les troupes de
Napoléon
battent en retraite vers Mayence mais le 30 octobre à Hanau
les Autrichiens du général de Wrède
tentent de
couper la retraite . Ce fut une des rares batailles où la
Vieille Garde chargea. La bataille fut victorieuse et il n'y eut plus
d'attaque jusqu'à Mayence où l’Empereur
arriva le
2 novembre 1813.
Ainsi
parvient-il à reformer à Mayence une
armée forte
d'environ 70 à 80.000 hommes qui
devra faire
retraite.
Toutes les armées coalisées progressent vers la France, les Prussiens et Suédois au nord, les Autrichiens, Wurtembergeois, Bavarois, Prussiens et Russes à l'Est.
La situation est tout autant désespérée en Italie où les Autrichiens combattent ce qui reste de l'occupation impériale ainsi qu’en Espagne où l'armée anglo-portugaise et espagnoles de Wellington a pénétré en France par Bayonne et Perpignan. Mais tant en Allemagne qu'en Espagne, des garnisons françaises sont restées dans des forteresses et manqueront lors de la bataille de France qui s'engage. C’est le cas notamment des 7 ème et 8 ème compagnies du 2 ème bataillon de pontonniers qui étaient encore à Turin le 23 avril 1814 lorsque le prince Eugène renoncera à faire valoir ses droits sur le royaume d'Italie et fera rendre les armes et forteresses au général Bellegarde de l'armée autrichienne.
Depuis la retraite de Mayence, Napoléon s'efforce de reconstituer son armée et renforce le 1er bataillon de pontonniers qui passe le 18 novembre 1813 à 14 compagnies, puis le 1er décembre 1813 le 2 ème bataillon est porté à 8 compagnies. Ce renforcement des unités combattantes s'effectue grâce à la conscription mais les "réfractaires " et les déserteurs sont nombreux. Malgré cela, on estime qu'en janvier 1814 l'armée impériale comptait en France 150.000 hommes contre les 600.000 soldats de la quadruple alliance ( Autriche, Russie, Angleterre, Confédération Germanique). A cette estimation s'ajoutait environ 100.000 hommes des armées d'Italie et des garnisons laissées dans les places fortes de l'Oder, de l'Elbe, en Hollande, Dalmatie, Italie et l'Espagne. En fait, ces derniers avaient été sacrifiés pour faciliter la retraite vers le Rhin et furent fait prisonniers ou décimées . Tels fut le cas des compagnies de pontonniers encerclées à Glogau et avec la garnison de Torgau (Saxe) depuis le 10 mars 1813 dans une ville convertie en hôpital à la suite du typhus. Cernée par les troupes prussiennes, les assiégés combattit jusqu'à épuisement de la nourriture, avant de se rendre le 10 janvier 1814. C'est là que la plupart des matelots mutés aux 1ère, 3e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e compagnies du 1er bataillon de pontonniers périrent ou furent faits prisonniers. .
C'est par le Nord et l'Est que les armées coalisées envahirent la France et prennent les arsenaux et dépôts (Strasbourg et Metz), notamment une grande partie des matériels de pontonniers qui n'avaient pas disparus lors de la retraite de Russie. Malgré ces difficultés, l'ordonnance du 12 mai 1814 permet de reconstituer avec les débris des 3 bataillons perdus, un bataillon de pontonniers de 8 compagnies, soit :
quatre compagnies de l'ancien 3 ème bataillon (les 11 ème, 12 ème, 13 ème et 14 ème)
quatre compagnies venues de l’armée d’Espagne (2 ème, 4 ème , 6 ème et 10 ème)
la compagnie d'ouvriers-pontonniers de la Garde crée en avril 1814 n'était pas intégré à ce bataillon.
Mais ces compagnies avaient peu de cohésion et manquaient de matériels, malgré les demandes répétées de l'Empereur. On envisagea de construire un nouvel équipage de pont qui aurait été signalé au parc d’artillerie du château de Vincennes mais l’information n’a pas été corroborée par des textes fiables. Et pire encore, devant l'avance ennemi, les compagnies avaient été formées dans des garnisons éloignées des frontières, loin des combats et oubliées dira t'on à l'époque.
En tout cas, une choses est sûre, les pontonniers n'apparaissent plus dans aucune des nombreuses batailles qui marquent la retraite des troupes françaises devant les armées coalisées russo-prussiennes telles : Saint-Dizier (27 janvier), Brienne le Château (29 janvier 1814), Champaubert (10 février), Victoire de Montmirail sur les Russes (11 février 1814) Château-Thierry (12 février), Vauchamp (14 févier) et Montereau (18 février 1814), batailles indécises de Craonnes (7 mars 1814 puis de Laon (9 mars 1814) et enfin défaite d'Arcis-sur-Aube (20 mars 1814), représentée sur la photo ci-contre..
Malgré quelques victoires, c'est dans les combats et opérations situées entre Seine et Marne que le manque de pontonniers se fit particulièrement sentir. Ce qui fit dire au duc de Feltre le 14 janvier 1814 en s'adressant à l'empereur " Si j'avais eu un équipage de pont de 10 bateaux à Mery, l'armée de Schwarzenberg n"existerait plus ". Il réitère le 2 mars « Me voila arrêté devant la Ferté-sous-Jouare par la nécessité de réparer les ponts ». Mais l’Empereur ne peut rien pour lui car il est dans la même situation.
La pression ennemie est constante et sur tous les points, notamment dans le Sud-Ouest où l’anglais Wellington prend Bordeaux (mars 1814) (résumé page 39 à 67 ) et bat les maréchaux Soult à Orthez et Suchet à Toulouse. Ce sera d'ailleurs les seuls combats où des compagnies du 1er bataillon sont citées à Toulouse pour la 2 ème compagnie de l'armée d'Aragon et à Orthez pour les 4 ème, 6 ème compagnies des armées du Midi et du Centre.
Malgré ces combats en retraite, ce qui restait des troupes de Napoléon était dans la région de Vendœuvre et montait vers Paris alors que les troupes coalisées étaient déjà à Meaux. Napoléon tenta une dernière manoeuvre militaire à Tilly, dans la vallée de l'Essonne, mais le général Marmont et son 6 ème corps d'armée firent défection. C'était l'ultime coup du sort car ses généraux étaient las de la guerre.
Malgré les combats de Pantin, Romainville et Belleville, l'ennemi avançait et la menace de
voir la ville de Paris détruite par les troupes du Tsar et
du
roi de Prusse, amena les autorités parisiennes à
négocier la reddition de la Capitale.
Les pourparlers eurent lieu au château de Bondy où le Tsar de Russie avait établi son Quartier-Général et après négociations, le 30 mars 1814, les coalisés entraient dans la Capitale.
Puis le Sénat et
le Corps
législatif votèrent la
déchéance de
l'Empereur (mars 1814) qui abdiqua le 6 avril.
Il sera exilé à l’île d’Elbe où il arrivera le 14 mai 1814.
Page modifiée le
12 novembre 2012
|