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La Sixième Coalition, tombeau de la Grande-Armée (1812-1814)


La Russie au cœur de la nouvelle coalition

Le refus par le tsar de Russie d'accepter le blocus continental imposé par Napoléon est le ciment de cette 6 ème coalition qui compte dès ses débuts l'Angleterre qui a toujours combattue l'Empereur. Ce dernier, malgré la détérioration de la situation militaire en Espagne prépare son armée à l'ouverture d'un second front en Russie, mettant à profit la neutralité de l'Autriche depuis  son mariage du 2 avril 1810 avec Marie-Louise d'Autriche.
 Mais la retraite de Russie amènera les autres royaumes européens à rejoindre la coalition en 1813 ; la Prusse la Suède, la plupart des États allemands. et même l'Autriche dont un contingent militaire formait le XII ème corps de la Grande Armée. 

Préparatifs en vue de la constitution de la "Grande Armée"

C'est à partir du début janvier 1811 que l'Empereur prépare la reconstitution de la "Grande Armée" et regroupe à cet effet trois de ses meilleures divisions: les deux fractions du corps d’observation de l'Elbe, l'armée d'Allemagne du maréchal Davoust et l'armée d'Italie du prince Eugène. Dès le mois de mars 1811, il avait fait rentrer d’Espagne via Irun et Bayonne la 3 ème compagnie du 2 ème bataillon, qui était avec le général Macdonald   à Girone en  Catalogne, afin de la mettre en garnison à Metz. Auparavant,  il avait ordonné au maréchal Ney duc d’Elchingen commandant le corps d’observation de l’Océan de transférer ses troupes à Mayence où elles étaient en place le 15 février 1811. Il avait fait également transférer à Magdebourg  les compagnies de pontonniers  affectés au maréchal Davoust prince d'Eckmull commandant de l'armée d'Allemagne.

Puis Napoléon fait compléter les effectifs des pontonniers du 2 ème bataillon stationnées en Italie à 120 hommes avant de les regrouper à Vérone. 

Ainsi l'Empereur qui connaît l’importance des pontonniers dans les guerres de cette époque regroupe ce corps spécialisé en Allemagne afin de les rapprocher de la Pologne dont il veut faire la base de départ afin d'envahir la Russie. Il dispose alors de deux bataillons de pontonniers à 13 compagnies, y compris la compagnie batave venue de Delf (Holland) car 4 compagnies du 1er bataillon  sont engagées depuis 1808 en Espagne où elles éprouvent des difficultés. ,

Rassemblement des deux bataillons de pontonniers en Pologne.

C'est seulement à partir des mois de mai et juin que tous les pontonniers seront réunis aux environs de Dantzig (Pologne) où le général Eblé est sur place. C'est lui qui réceptionnera dans le courant du mois de juin 1812 une centaine de bateaux du modèle autrichien construits sur place. Il a sa disposition les 13 compagnies disponibles des 2 bataillons de pontonniers dont la compagnie batave venue de Delf (Hollande) 
Le matériel comprend 120 bateaux avec leurs haquets, 42 voitures d'agrès, 54 voitures de type agricole et 8 forges de campagne. Environ 2.000 chevaux seront nécessaire pour tracter ces quelques 400 véhicules. Ainsi tout sera prêt pour être intégré à la Grande-Armée.


Les effectifs de la Grande Armée prête au départ

Bien que cette importante  force militaire ne soit pas l'objet de notre propos, voici quelques éléments la concernant. En février 1812 et selon le rapport  du maréchal Berthier, elle comprenait les effectifs suivants.:

-.678.080 soldats au total dont : 11 042 officiers et 344 871 sous-officiers et soldats français et 7.998 officiers et 284.169 sous-officiers et soldats étrangers . Cette armée intégrait de nombreux contingents étrangers sous commandement de généraux français, à l’exception du fort contingent polonais, comprenait ; 300.000 Français, Belges et Hollandais ; 95 000 Polonais : 35 000 Autrichiens : 25 000 Italiens : 24 000 Bavarois ; 20 000 Saxons ; 20 000 Prussiens ; 17 000 Westphaliens ; 15 000 Suisses :et enfin 3 500 Croates.

Subdivisée en 12 corps d’armée, son ordre de marche au départ des bases de Dantzig et Koenigsberg ses deux principaux ponts de ravitaillement et de ligne d'opération, elle partira en juin 1812  vers le fleuve Niémen et la Russie sous commandement direct de l'Empereur Napoléon relayé par le maréchal  Berthier, chef de l'Etat-Major général. Elle était alors articulée en 3 colonnes marchant vers l'Est, la force principale étant face à la ville de Grodno, flanquée à sa gauche et au Nord par le X ème corps du général MacDonald dont l'objectif est Riga en Lettonie et à sa droite et au Sud par le IV ème corps du prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d'Italie  qui marche vers Pilony.

Le corps principal, où se trouvaient les pontonniers, comprenait en février 1812 et selon l'état des effectifs un total de 248.777 hommes répartis en 332 bataillons et 216 escadrons. Les officiers étaient au nombre de 9.625  auxquels s'ajoutaient 1.009 officiers d'Etat-Major. Son axe de marche était les villes de Lithuanie Kowno ( Kaunas) et sa capitale Vilnius (Wilna), étapes vers Moscou à l'Est. En outre,  le X ème corps était chargé de la prise de Riga, étape obligée vers Kaliningrad, de nos jours Saint-Petersbourg .

L'artillerie et l'affectation de ses unités de pontonniers

L'artillerie du corps principal était  aux ordres du général de division Lariboisière commandant du parc général avec ses équipages de sièges et de pont servis par les pontonniers. Au total l'artillerie était forte de 8645 hommes et de 2455 chevaux. Elle disposait de 13 compagnies de pontonniers aguerries dirigées par un Etat-major dirigé par le colonel Chapelle surnommé " le père des canonniers", assisté de Joseph Antoine Peyerimhoff, chef du 1er bataillon commandant le 1er équipage de pont, de  Jean Baptiste Chapuis, chef du 2ème bataillon commandant le 2 ème équipage de pont; de Delarue  chef de bataillon, commandant le 3 ème équipage de pont et enfin de Jean Henri Zabern, chef de bataillon directeur du parc. L'affectation des compagnies de pontonniers était la suivante; 


Corps d'armée disposant des 5 unités de pontonniers du 1er bataillon
Force principale aux ordres de l'Empereur La  Garde Impériale  disposait d’un équipage de pont servi par  la 3 ème compagnie  du  capitaine Georges Louis Braun
Le 1er corps d'armée du maréchal  Davoust, disposait de la 5ème compagnie du capitaine André Bazelle.
Le  II ème corps d’armée du maréchal Oudinot disposait de la 11 ème compagnie batave du capitaine George Benthien.
Le  III ème corps du maréchal  Ney disposait de  la 8 ème compagnie du capitaine Martin Heckman
Les 8 compagnies de pontonniers mises à la disposition du Parc Général 
1 er équipage de pont Formé par les 1ère compagnie du capitaine Larue,  7 ème  du capitaine Jean Jacques Busch et la  9 ème du capitaine Joseph Baillot, toutes du 1er bataillon.
2 ème équipage de pont Formé par les 2ème compagnie du capitaine Joseph Gauthier,3 ème du capitaine Dorimon  et la 4 ème du capitaine Armand Boulangé, toutes du 2 ème bataillon.
3 ème équipage de pont Formé par les  5 ème compagnie  du capitaine Andrieux et la 6 ème du capitaine Joffre. Du 2 ème bataillon, elles étaient démunis de pontons mais étaient chargés des agrès et des matériels..
Pour mémoire, mentionnons que 4 compagnies du 1er bataillon se battaient depuis 1809 en Espagne ( les 2 ème, 4 ème, 6 ème et 10 ème compagnies) .
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Autres corps d'armées 
 Prince Eugène de  Beauharnais Le IV ème corps du  vice-roi d'Italie  qui marche vers Pilony avec le VIe corps d'Armée bavarois de Gouvion-Saint-Cyr et le IIIe corps de réserve de cavalerie de Grouchy. Ce corps se trouve au sud et à droite du corps de Napoléon. Il comprend 3 compagnies de pontonniers du régiment d'artillerie à pied de l'armée royale italienne, soit au total 300 pontonniers et 15 officiers. 

Jérôme Bonaparte roi de Wesphalie Le Ve corps d'Armée  du polonais  Poniatowski et  le VIIIe corps d'Armée westphalien de Vandamme avec le corps de réserve de cavalerie de Latour-Maubourg .

le VII ème corps d’armée saxon du général Reynier

Le IXe corps d'armée du général Victor

Le X ème corps d’armée du général Mac Donald , au Nord du dispositif. Parti de Tilsit son objectif était Riga et Saint-Petersbourg

le XIe corps d'Armée. chargé de la protection de la Prusse et de la Pologne 

le XIIe corps d'Armée  du général autrichien Schwarzenberg basé à Lublin  puis à Byalistok.

Les 1er et 2 ème corps de cavalerie du roi de Naples Murat. 


Le passage du Niemen marque l'entrée en Russie

Les 3 ponts sur le Niemen en 1812Le 23 juin au soir, les premiers éléments de la Grande Armée arrivent avec Napoléon devant le fleuve Niémen large de 100 toises (200 mètres) qui marque la frontière avec la Russie . Comme l’a ordonné Napoléon, le général Éblé a sous ses ordres non seulement ses équipages de pont mais aussi les parcs du Génie avec les ouvriers et marins qui lui sont attachés. Tous, quel que soit leur grade, sont subordonnés aux officiers de pontonniers suivant les instructions directes de Napoléon.

Le premier pont est lancé près de l’embouchure de la rivière Jesia, à côté de Kovno par le premier équipage servi par le 1er bataillon et ses 1ère, 7 ème et 9 ème compagnies. Les deux autres sont lancés par la totalité du 2ème bataillon avec ses compagnies n° 2, 3,4, 5 et 6, à 300 mètres de distance du premier. A noter que la 3 eme compagnies (capitaine Bourges) revenait directement d'Espagne (Haute-Catalogne) via Metz. Les trois ponts sont achevés à 4 heure du matin et vont permettre la traversée des éléments d’avant-garde. Un quatrième pont sera placé sur les hauteurs d'Alexota, en arrière de l'armée. 

Ci-dessus le passage de la Grande armée sur les 3 ponts lancés par les pontonniers.

Plus tard, l'armée d'Italie passera le fleuve le 29 juin devant Pilony sur le pont lancé par le 2 ème bataillon et les pontoniers italiens. Il restera en place le lendemain pour le passage de l'armée du roi de Wesphalie qui rejoignait le gros de l’armée et sera le 1er juillet à Grodno.

Puis le 2 ème bataillon lancera ensuite un pont de radeaux sur la Vilia pour le passage du 2 ème corps d'Oudinot qui se dirige vers Keydani.

Ce sera ensuite le passage de la Dwina à Polotz sur un pont de chevalet long de 58 mètres établi en 8 heures par la 5 ème ou la 6ème compagnies du 2ème bataillon démunie de bateaux et forte de 97 pontonniers. Jusqu'à la mi juillet, l'armée progresse sans résistance car les troupes russes refusent le combat et battent en retraite en brûlant leurs magasins. Le 28 juin aura lieu la prise de Vilna capitale de la Lituanie où l'Empereur lèvera une légion lituanienne. L’armée se regroupe Beszenkoviczi puis ce sera en juillet les prises de Minsk et de Borisow.

Le début des problèmes  de transport de matériel

Les pontonniers, souvent à l'avant-garde avec les éléments de tête,  éprouvaient des difficultés à faire progresser leurs matériels qui ne dépassaient pas 20 kilomètres par jour, même avec un renfort de 20 hommes qui devaient tirer avec les chevaux. Ceux-ci étaient rapidement épuisés et l'on dut compléter les attelages et laisser des voitures en arrière. Le 15 août les premiers éléments arrivent devant Krasnoé dont les ponts étaient détruits. Les pontonniers durent établirent le 18 août deux ponts sous le feu des batteries russes. Ils servirent le lendemain au passage des corps du maréchal Ney puis de Davoust qui prirent la ville.

Après cet intermède, l'équipage de pont  continua sa route vers Witespk où il fit halte. Les chevaux étaient épuisés et il fallut laisser sur place une grande partie des haquets et des bateaux car on n'en utilisa seulement 28 sur les 120 du départ qui suivirent l'armée jusqu'à Moscou. Le 28 août l’armée est à la Viazma pillée par les russes puis Murat atteint Gjatz.

smolensk

Le mirage de Moscou

Le 7 septembre 1812, à Borodino dit la Moskova pour les Français a lieu une bataille victorieuse qui ouvre la route  vers Moscou. Arrivés devant Smolensk le 16 octobre, carrefour des routes vers Saint-Petersbourg, le général Eblé fit lancer un pont le 17 mais la ville, brûlée par les Russes en retraite fournit peu de ravitaillement. L'armée y resta quelques jours L'avance se poursuit et le 18 octobre la petite ville de Polotsk est prise par Saint-Cyr. puis le 24 octobre a lieu la bataille de Malo Jaroslawetz, au cours de laquelle les pontonniers durent lancer un pont de radeaux car leurs bateaux n'étaient pas arrivés. La prise de ce noeud de communications permet d'arriver à Moscou sans grande résistance, mais la ville est pratiquement vide de ses habitants et n’a pas de magasins de vivres comme l'escomptait l’armée. Après quelques jours, des incendies volontaires et coordonnés embrasent la ville qui brûlera jusqu'au 20 septembre. Aussi est-il décidé de rebrousser chemin et de revenir vers la Saxe et l'Allemagne car l'hiver et le mauvais temps sont proches. Par manque de chevaux, les pontonniers firent sauter leurs matériels notamment les 28 bateaux avec leurs haquets amenés à grand peine mais qui risquaient d’être pris par l’ennemie.

Les pontonniers en retraite.

L'Empereur, conscient des difficultés, tentera vainement de négocier par l'intermédiaire de Lauriston mais se heurtera à une fin de non recevoir. Au début, la retraite commence en bon ordre mais se désorganise rapidement faute de ravitaillement et de vêtements appropriés à l'hiver russe. L'armée du tsar est à proximité et ses cosaques harcèlent les petites unités

Les combats en retraite sont continuels en direction de la Pologne où l'armée arrive à Borows le 13 octobre puis à Mojaïsk le 18 octobre. Les Russes reprennent Polotsk le 20 octobre et le 14 novembre, le 2 ème corps de Victor duc de Bellune doit combattre à Smoliany et s’y maintint jusqu'au 25. Il reçut l’ordre de suivre la retraite du duc de Reggio vers Studzianca (Bérésina) et de former l’arrière-garde.

Incendie de Moscou en 1812Destruction des derniers bateaux de pontonniers sur ordre de l'Empereur

Les combats en retraite continue à Krasnoïe et Borisow (novembre 1812) car l'armée du tsar est à proximité et ses cosaques harcèlent les unités isolées.
Sur ordre de l'Empereur, on fit brûler à Orcha le 20 novembre -donc 6 jours avant le passage de la Brezina- un équipage de pont de 60 bateaux afin de donner les chevaux des pontonniers à l'attelage des pièces d'artillerie. Le général Eblé insista, en vain, pour conserver au moins 15 bateaux mais réussi à conserver six caissons renfermant des outils, deux forges de campagne et deux voitures chargées de charbon.

Les autres et derniers bateaux laissés à Witesk seront également brûlés sur ordre express de l'Empereur pour ne pas être pris par l'ennemi. Maintenant, la Grande-Armée est totalement démunies de moyens de franchissement de fleuves et rivières.

Le drame de la Bérézina 

Le 25 octobre, au soir, le général Eblé reçoit ordre de construire deux ponts sur la rivière Bérézina, le général Chasseloup-Laubat, commandant du génie, étant chargé de jeter un troisième pont.


Beresina, Bérézina, 1812, le pont se briseLe lendemain 26 novembre, dès 8 heurs, quelques pontonniers font passer 400 hommes sur des radeaux de fortune afin de tenir une tête de pont. Puis arrive le gros de l'armée pris en tenaille par deux armées russes mais il faut attendre que les pontonniers et le génie détruisent les habitations du village proche de Studzianca pour récupérer les poutres et madriers destinés à construire des chevalets. Le général Eblé est sur place avec ce qui reste du 1er équipage de pont servi par les 1ère, 7 ème et 9 ème compagnies du 1er bataillon de pontonniers démunis des bateaux et pontons qui ont été brûlés comme précisé auparavant. La 11ème compagnie batave du 2 ème corps est là également et tous participeront à la construction en 8 heures d'un premier pont en utilisant les poutres du village de Studianka.
Un second pont sera lancé par les rescapés des 2 ème, 3 ème, 4 ème et 5 ème compagnies du 2 ème bataillon. Les pontonniers se mettent au travail dans l'eau qui charrie des glaçons. Grâce aux 6 caissons d'outils que leur général a pris la précaution de ne pas détruire, les ponts seront lancés tant bien que mal car il fallut parfois utiliser des rondins de bois pour remplacer les travées. De ce fait, les véhicules tressautaient et les chocs enfonçaient les chevalets. Enfin les ponts seront terminés le 26 à 13 heures et le gros de l'armée peut commencer à passer,  non sans pertes car plusieurs chevalets cassèrent sous le poids des chariots où s'enfoncèrent dans la vase.. Il fallut les réparer, notamment le pont de gauche. Il cassa encore le 27 novembre à l’endroit le plus profond –environ 2 mètres –mais fut réparé grâce aux chevalets de rechange construits par le Génie et les pontonniers. Le lendemain les pontonniers durent déblayer les deux ponts des morts, hommes et chevaux et des voitures pour faire passer le corps du maréchal Victor qui traversa de 21 h à minuit. Une compagnie de gendarmes assurait un minimum d'ordre car chacun voulait passer avant l'autre. Le 29 novembre, le général Eblé reçut ordre de brûler ses pont dès 7 h du matin , car l'ennemi était proche, mais il différa jusqu'à 9 heures car il restait une masse pontonniers à la Berezinad'hommes sur la rive. Cette attitude permit à de nombreux "traînards" de passer le fleuve et son travail lui valut l'estime et la gratitude de la "Grande armée". 
Il n'en profita pas car il mourut des fatigues de la guerre au mois de décembre alors qu'il avait rejoint Koenigsberg. Il sera remplacé au commandement des pontonniers par le général Bouchu qui avait été rappelé d'Espagne au mois de juillet 1813.  Sur les quatre cents pontonniers présents qui,  presque tous ont dû entrer dans l'eau  glaciale pour construire ou réparer les ponts, la plupart seront morts d'épuisement avant d'atteindre la Pologne et bien peu des autres reverront la France.

Lien vers la Bérézina en images

Notons que l'impuissance du Génie à construire le troisième pont de chevalets  relança la polémique avec l'Artillerie au sujet de la construction de ce type de pont.

Napoléon rejoignit Vilna le 5 décembre où il ne restera que peu de temps avant de quitter pour se rendre à Paris où il sera le 18 décembre. Il veut tenter de sauver son Empire et laisse le commandement de la Grande-Armée en retraite au prince Eugène vice-roi d'Italie. Mais le trône du prince est également menacé et il partira vers l'Italie et son destin, laissant le commandement  au maréchal Masséna. 

Personne n'a oublié le sacrifice du général Eblé et de ses pontonniers ainsi que des soldats de la Grande Armée dont 223 furent inhumés lors d'une cérémonie officielle  le dimanche 25 novembre 2007  au cimetière de Stoudienka (actuelle Biélorussie, 80 km au nord de Minsk). 

emplacement où furent lancés les ponts sur la Berezina Monument commémoratif de la Grande Armée sur la Berezina groupe de reconstitution historique à Stoudienka (Biélorussie)

Regroupement des forces en Allemagne (1813)

C'est une "Grande armée" démoralisée qui rejoint Mayence et ses autres bases d'Allemagne. Tous les corps d'armée avaient perdu une grande partie de leurs effectifs. Seuls les fantassins de la Garde Impériale et le 10 ème corps d'armée de MacDonald rentrerons en unités constituées, les autres ayant été dispersées au hasard des combats. Les pontonniers sont dispersés, la 11 ème compagnie batave réduite à 6 hommes avec le capitaine George Benthien rejoindra Torgau  en Saxe avec les rescapés de la 9 ème compagnie. Ils seront fait prisonniers par les Prussien avec la garnison après un siège qui dura du 4 au 30 octobre 1813.

La dernière bataille des pontonniers en Pologne en tant que corps constitué fut celle des  2 ème, 3 ème, 4 ème, 5 ème et 6 ème compagnies du 2 ème bataillon qui revenues à leur base de départ de Dantzig, soit au total  101 pontonniers, qui servirent à la défense de la place en lançant quelques ponts sur la Vistule et la Mottlau. Assiégés depuis le 21 janvier sans ravitaillement, ces braves capitulèrent avec la garnison le  29 novembre 1813 et furent emmenés en captivité. 

Réorganisation d'une armée diminuée de moitié après la retraite de Russie

La retraite de la Grande Armée après le départ de l'Empereur sera assurée dans un premier temps au prince Eugène Napoléon vice roi du Royaume d'Italie puis au roi de Naples Joachim Murat. Malgré le désastre, l'Empereur réussit à regrouper  une armée à partir du mois de février 1813. Elle était forte de 355 bataillons et de 74 escadrons, de 9661 officiers auxquels s'ajoutaient  576 officiers d'Etat-Major. Les sous-officiers et hommes de troupes étaient au total  384.921 dont 21591 dans les hôpitaux, soit 334648 combattants. Ces chiffres démontrent que la Grande-Armée avait perdu en une année  la moitié de ses effectifs désormais  réparties selon le tableau des effectifs ci-dessous:

Effectifs Statistiques de février 1813 ( source  SHDT C2-704-218)
45.147 1e corps d'observation du Rhin NEY Maréchal de France, Prince de la Moskova 
nombre de bataillon : 64 nombre d'escadron : 14 nombre de chevaux : 6024
33.673 2e corps d'observation du Rhin MARMONT Maréchal de France, Duc de Raguse
nombre de bataillon : 57 nombre de chevaux : 2444
47.938 corps d'observation d'Italie BERTRAND Comte, Général de Division - Infanterie 
nombre de bataillon : 52 nombre d'escadron : 26 nombre de chevaux : 5924
5.979 garde impériale Général RAGUET  remplaçant de Maréchal BESSIERES, Duc d'Istrie 
effectif de la Garde 5979 nombre de chevaux : 1635
33.366 I er , II ème, IV ème corps  d'armée
nombre de bataillon : 40
14.726 V ème corps d'armée (troupes Lithuaniennes et du duché de Varsovie)
nombre de chevaux : 6218
30.615 VII ème corps REYNIER Comte, Général de Division - Infanterie 
nombre de bataillon : 32 nombre d'escadron : 16  effectif dans les hôpitaux :11492
nombre de chevaux : 5192
35.803 corps d'observation de l'Elbe LAURISTON Comte, Général de Division - Infanterie commandant
nombre de bataillon : 48 nombre de chevaux : 3372
10.790 division GERARD (6e et 8e corps) GERARD Général de Division - Infanterie commandant
nombre de bataillon : 5 nombre de chevaux : 913
28.643 XI ème corps (avant garde) GRENIER Général de Division - Infanterie commandant
nombre de bataillon : 36 nombre d'escadron : 5 nombre de chevaux : 2822
1.373 1e corps de réserve de cavalerie LATOUR MAUBOURG Général de Division -
nombre de chevaux : 3783 total effectif : 7356
1.808 2e corps de réserve de cavalerie SEBASTIANI Général de Division - cavalerie commandant
effectif du corps 5430 nombre de chevaux : 3695
27.305 Garnison de Dantzig RAPP Général de Division - Infanterie gouverneur
nombre de chevaux : 2775
13.183 Troupes en garnison à Berlin DESSAIX Général de Division - Infanterie 
garnisons des places d'Allemagne
11.599 Garnisons des troupes d'Allemagne
nombre de chevaux : 2546
2. 533 Bataillons de marche ( de la Marine) ancienne compagnies des vaisseaux

Le renforcement des pontonniers par des matelots  

Les compagnies de pontonniers ayant été pratiquement anéanties et n'existant plus que de nom seront toutes dissoutes le 18 avril 1813  afin de reformer un bataillon de 9 compagnies auxquelles s'ajoutent  4 compagnies d'ouvriers-pontonniers, soit 13 compagnies au total. Les effectifs sont composés des  quelques pontonniers rescapés de la retraite, d'ouvriers des arsenaux de la Marine et de quelques 300 matelots mutés des  équipage de flottilles (13, 15, 17e) et des  équipages de haut bord (23e, 24e, 27e, 54 à 55e et enfin 80e). Venus des ports militaires des escadres de Cherbourg, Boulogne et de l'Escaut, les premiers  armaient les chaloupes, canonnières et autres  péniches, les seconds assuranr les manoeuvres des bâtiments de guerre. Le commandement de l'ensemble de ces nouvelles unités de pontonniers  est confié le 30 juin 1813 au lieutenant colonel Louis Pierre Preau, avec le chef de bataillon Celestin Marie Legendre. Ils sont assistés de 12 capitaines.


Les troupes françaises acculées à la défensive

Napoléon prépare la défense de l'Allemagne car il sait que les armées coalisées vont prendre leur revanche. Dès le 16 mars 1813 la Prusse lui déclare la guerre mais les contingents germaniques (Saxons, Bavarois et Wurtembourgeois ) restent fidèles à leurs engagements. C’est un peu grâce à eux que Napoléon pourra battre à Lutzen le 2 mai 1813 une armée coalisée à majorité prussienne. Le pont de Dresde sur l'Ebre étant détruit, les pontonniers lancèrent le 9 mai 1813 un pont de quelques bateaux de réquisition. 3.000 hommes passèrent et construisirent une tête de pont fortifiée et repoussèrent l'ennemie. Puis le 21 mai à Bautzen les troupes françaises remportèrent la bataille sans lendemain.

Devenu suédois, le général français Bernadotte commande les armées coalisées

Un bref armistice sera conclu le 4 Juin à Pleiswitz entre la France, la Prusse et la Russie. Mais les hostilités reprennent le 17 Août car entre temps l'ancien général français Bernadotte devenu prince suédois est nommé par les forces coalisées généralissime de l'Armée du Nord. Sous son commandement victoires et défaites se succèdent pour les troupes impériales en retraite : Le 23 août les coalisés battent Oudinot à Gross Beeren, Napoléon les bat les 26 et 27 août à Dresde. mais Macdonald est vaincu à la Katzbach puis Vandamme les 29 et 30 à Kulm, suivi le 6 septembre par une défaite de Ney à Dennewitz où la moitié du corps Saxon et une division Bavaroise passent à l'ennemie. C’est le début de la fin car l’Empereur ne peut plus compter sur les contingents germaniques  car le  8 octobre 1813, le roi de Bavière ( beau-père du prince Eugène de Beauharnais ) passa à la coalition et le prince dut évacuer l’Illyrie, puis le Tyrol et se replier en Italie sur l’Adige et ensuite sur le Mincio.

Une partie de nos alliés fait  défection

Les batailles décisives ont lieu autour de Leipzig où l'Empereur tente d'éviter l'écrasement de ces forces (150.000 hommes) par celles des coalisés qui s’efforcent de réunir leurs armée du Nord et de Bohème (300.000 hommes) afin d'anéantir ce qui subsiste de la Grande Armée.
Les combats font rage pendant trois jours - le 16 octobre bataille de Wachau, le 18 octobre avec défection des Saxons et de la cavalerie Wurtembourgoise; c'est la défaite le 19 octobre 1813. Les troupes de Napoléon battent en retraite vers Mayence mais le 30 octobre à Hanau les Autrichiens du général de Wrède tentent de couper la retraite . Ce fut une des rares batailles où la Vieille Garde chargea. La bataille fut victorieuse et il n'y eut plus d'attaque jusqu'à Mayence où l’Empereur arriva le 2 novembre 1813.
Ainsi parvient-il à reformer à Mayence une armée forte d'environ 70 à 80.000 hommes qui  devra  faire retraite. 
 

La retraite est générale en Allemagne, en Italie et en Espagne.

Toutes les armées coalisées progressent vers la France, les Prussiens et Suédois au nord, les Autrichiens, Wurtembergeois, Bavarois, Prussiens et Russes à l'Est.

La situation est tout autant désespérée en Italie où les Autrichiens combattent ce qui reste de l'occupation impériale ainsi qu’en Espagne où l'armée anglo-portugaise et espagnoles de Wellington a pénétré en France par Bayonne et Perpignan. Mais tant en Allemagne qu'en Espagne, des garnisons françaises sont restées dans des forteresses et manqueront lors de la bataille de France qui s'engage. C’est le cas notamment des 7 ème et 8 ème compagnies du 2 ème bataillon de pontonniers qui étaient encore à Turin le 23 avril 1814 lorsque le prince Eugène renoncera à faire valoir ses droits sur le royaume d'Italie et fera rendre les armes et forteresses au général Bellegarde de l'armée autrichienne.

Depuis la retraite de Mayence, Napoléon s'efforce de  reconstituer son armée et renforce le 1er bataillon de pontonniers qui passe le 18 novembre 1813 à 14 compagnies, puis le 1er décembre 1813 le 2 ème bataillon est porté à 8 compagnies. Ce renforcement des unités combattantes s'effectue grâce à la conscription mais les "réfractaires " et les déserteurs sont nombreux. Malgré cela, on estime qu'en janvier 1814 l'armée impériale comptait en France 150.000 hommes contre les 600.000 soldats de la quadruple alliance ( Autriche, Russie, Angleterre, Confédération Germanique). A cette estimation s'ajoutait environ 100.000 hommes des armées d'Italie et des garnisons laissées dans les places fortes de l'Oder, de l'Elbe, en Hollande, Dalmatie, Italie et l'Espagne. En fait, ces derniers avaient été sacrifiés pour faciliter la retraite vers le Rhin et furent fait prisonniers ou décimées . Tels fut le cas des compagnies de pontonniers encerclées à Glogau et avec la garnison de Torgau (Saxe) depuis le 10 mars 1813 dans une ville convertie en hôpital à la suite du typhus. Cernée par les troupes prussiennes, les assiégés combattit jusqu'à épuisement de la nourriture, avant de se rendre le 10 janvier 1814. C'est là que la plupart des matelots mutés aux 1ère, 3e, 5e, 6e, 7e, 8e et 9e compagnies du 1er bataillon de pontonniers périrent ou furent faits prisonniers. .

Le territoire français envahi de tous côtés

C'est par le Nord et l'Est que les armées coalisées envahirent la France et prennent les arsenaux et dépôts (Strasbourg et Metz), notamment une grande partie des matériels de pontonniers qui n'avaient pas disparus lors de la retraite de Russie. Malgré ces difficultés, l'ordonnance du 12 mai 1814 permet de reconstituer avec les débris des 3 bataillons perdus, un bataillon de pontonniers de 8 compagnies, soit :

Mais ces compagnies avaient peu de cohésion et manquaient de matériels, malgré les demandes répétées de l'Empereur. On envisagea de construire un nouvel équipage de pont qui aurait été signalé au parc d’artillerie du château de Vincennes mais l’information n’a pas été corroborée par des textes fiables. Et pire encore, devant l'avance ennemi, les compagnies avaient été formées dans des garnisons éloignées des frontières,  loin des combats et oubliées dira t'on à l'époque.

Les principales batailles de France

En tout cas, une choses est sûre, les pontonniers n'apparaissent plus dans aucune des nombreuses batailles qui marquent la retraite des troupes françaises devant les armées coalisées russo-prussiennes telles : Saint-Dizier (27 janvier), Brienne le Château (29 janvier 1814), Champaubert (10 février), Victoire de Montmirail sur les Russes (11 février 1814) Château-Thierry (12 février), Vauchamp (14 févier) et Montereau (18 février 1814), batailles indécises de Craonnes (7 mars 1814 puis de Laon (9 mars 1814) et enfin Napoléon à Arcis-sur-Aube 1814défaite d'Arcis-sur-Aube (20 mars 1814), représentée sur la photo ci-contre..

Malgré quelques victoires, c'est dans les combats et opérations situées entre Seine et Marne que le manque de pontonniers se fit particulièrement sentir. Ce qui fit dire au duc de Feltre le 14 janvier 1814 en s'adressant à l'empereur " Si j'avais eu un équipage de pont de 10 bateaux à Mery, l'armée de Schwarzenberg n"existerait plus ". Il réitère le 2 mars « Me voila arrêté devant la Ferté-sous-Jouare par la nécessité de réparer les ponts ». Mais l’Empereur ne peut rien pour lui car il est dans la même situation.

La pression ennemie est constante et sur tous les points, notamment dans le Sud-Ouest où l’anglais Wellington prend Bordeaux (mars 1814) (résumé page 39 à 67 ) et bat les maréchaux Soult à Orthez et Suchet à Toulouse. Ce sera d'ailleurs les seuls combats où des compagnies du 1er bataillon sont citées à Toulouse pour la 2 ème compagnie de l'armée d'Aragon et à Orthez pour les 4 ème, 6 ème compagnies des armées du Midi et du Centre.

La reddition de Paris suivie de la première abdication de l'Empereur

combat de Pantin en 1814Malgré ces combats en retraite, ce qui restait des troupes de Napoléon était dans la région de Vendœuvre et montait vers Paris alors que les troupes coalisées étaient déjà à Meaux. Napoléon tenta une dernière manoeuvre militaire à Tilly, dans la vallée de l'Essonne, mais le général Marmont et son 6 ème corps d'armée firent défection. C'était l'ultime coup du sort car ses généraux étaient las de la guerre.

Malgré les combats de Pantin, Romainville et Belleville, l'ennemi avançait et la menace de voir la ville de Paris détruite par les troupes du Tsar et du roi de Prusse, amena les autorités parisiennes à négocier la reddition de la Capitale.

Les pourparlers eurent lieu au château de Bondy où le Tsar de Russie avait établi son Quartier-Général et après négociations, le 30 mars 1814, les coalisés entraient dans la Capitale.

Puis le Sénat et le Corps législatif votèrent la déchéance de l'Empereur (mars 1814) qui abdiqua le 6 avril.

Il sera exilé à l’île d’Elbe où il arrivera le 14 mai 1814.




Page modifiée le 12 novembre 2012


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