Composé en majorité de professionnels qualifiés (charpentiers, forgerons, serruriers, spécialistes en cordages, mariniers) le corps des pontonniers complète l'instruction de ses personnels par un enseignement pratique et une formation militaire de base. Il possèdait une école des ponts, à Strasbourg, dont le rôle était de former les officiers dans la technique des ponts et de l'artillerie mais aussi de servir de banc d'essais des matériels tels que canons, voitures, bateaux etc..
Le travail des pontonniers était différent et variait en fonction des moyens mis à sa disposition par le commandement et le corps d’armée auquel ils étaient rattachés pour le service. Cette division était purement fonctionnelle et toutes les compagnies étaient aptes à tous les types de missions. Ces compagnies pouvaient travailler par demi compagnie, plus rarement par section d'une dizaine d'hommes dirigés par un sergent.
Néanmoins on distinguait:
L'équipage de pont était un ensemble des moyens affectés à une armée pour construire les ponts destiné; à l'artillerie, tels que bateaux, pontons, nacelles, forges, cinquenelle et autres cordages spéciaux et véhicules hippomobiles de transport de tous types. Les chevaux étaient fournis et menés par le train des équipages militaires.
Il existait généralement un seul équipage de pont par armée (Grande armée, armée d'Espagne, etc) car sa mise en oeuvre nécessitait la réunion de plusieurs compagnies, deux au minimum et jusqu'à 13 pour la Grande armée en 1812. Cet équipage de pont pouvait coopérer avec le parc de siège, ensemble de moyens lourds utilisant les pièces de canon de 24 livres pour briser les murailles des forts ou forteresses ennemies.
Subdivision de l’Armée, le Corps d'Armée avait alors un effectif variant entre 10.000 à 30.000 hommes. Il n’a pas nécessairement de pontonniers à sa disposition et, en cas de besoin, doit faire appel au commandement afin d’obtenir leur mise à disposition.
La compagnie de pontonniers affectée à un corps d’armée ne dispose que de ses moyens matériels d’origine, généralement une nacelle (barque de 4 mètres) et 2 à 3 barques d’avant-garde de 6 mètres avec leurs haquets de transport, un caisson d'outils, un autre d'agrès avec en particulier une cinquenelle qui était un fort cordage en chanvre de 120 mètres de long avec une boucle à chaque extrémité. Pour traverser entre deux rives, trois pontonniers à bord d'une nacelle -petite barque de 4 mètres- déroulait un filin auquel était attachée l'indispensable cinquenelle qu'il fallait amarrer solidement à un arbre ou un autre obstacle. Il était deshonorant de la perdre car elles étaient rares.
Avec ces moyens, la compagnie seule ne pouvait assurer que des ponts de petite dimension, sauf à utiliser des bateaux et matériels de réquisitions, et souvent ramassés après démolition de maisons pour récupérer les poutres.
Dans la plupart des cas, une seule compagnie était rattachée au Parc de Campagne de l’artillerie, unité dont les canons ne dépassent pas 12 Livres. Cette unité mobile était composée de 3 unités spécialisées et complémentaires;
- Une compagnie de pontonniers
- Une compagnie d'ouvriers d'artillerie, chargés de construire les aménagements (soutes à munition, mise en batterie des pièces etc
- Une compagnie d'artillerie à pied de réserve, parfois mais rarement avec une compagnie d'artillerie à cheval.
Ces techniques sont extraites du « Guide des pontonniers » rédigé en 1820 par A.F Drieu .
Les
pontonniers établissent
toutes sortes de ponts, c'est à dire les ponts de chevalets
(sorte de charpentes posées ou enfoncées dans le
fond
de la rivière) les ponts sur pilotis, les ponts-volant
(tirés
par système de câble), les ponts de cordage et de
bateaux en tous genres. On disait également les
« ponts
à la française » c'est
à dire
en utilisant tout corps flottants (radeaux tonneaux,
outres, arbres, etc..) . En bref le pontonnier devait-être un
débrouillard et voici ce que le réglement des
pontonniers lui enseignaient pour le calcul des
charges:
Le poids dont on pourra charger un radeau sera facile à calculer au moyen des données suivantes : |
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Un homme non armé pèse 65 kilos, il peut se trouver 6 personnes par mètre carré lorsqu’ils sont serrés en foule, ce qui fait 390 kilos par mètre carré. C’est la plus forte charge qu’il puisse y avoir par mètre carré sur un pont |
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Un cheval occupe en longueur 3 mètres, en largeur un mètre, pèse 450 kilos et avec son cavalier 588 kilos. |
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L’affût de 24 livres avec sa pièce pèse |
4270 kilos |
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L’affût de 16 livres |
3460 kilos |
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L’affût de 12 livres avec coffre chargé |
2122 kilos |
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L’obusier de 6 livres |
2126 kilos |
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L’obusier de 8 livres |
1794 kilos |
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Poids moyens des caissons avec coffres chargés. |
1715 kilos |
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Chariot chargé de bagages, outils, madriers. |
1840 kilos |
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La forge de campagne outillée pèse. |
1825 kilos |
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La haquet avec son bateau et agrès pèse.
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2180 kilos |
Poids des matériels de l'artillerie
Croquis d'un lancement de pont de type successif
Exemple de lancement de pont par assemblage de portières sur la Loire vers 1910, par le 6 ème Régiment du Génie d'Angers, successeur des pontonniers. Les bateaux sont plus modernes, les uniformes ont changés mais le principe reste le même que celui du siècle précédent.
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Pont de cordages
Nota: Le réglement spécifique du corps précisait que les commandements étaient donnés par roulements de tambour et que les pontonniers travaillaient dans l'eau jusqu'à une profondeur de 0 mètres 90.
Crée 15 mars 2007, modifié 20 mai 2009 |